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Iqball Toofanny décédé en détention policière : L’insoutenable attente de sa famille pour connaître la vérité

5 mai 2016

Amiirah et ses filles éprouvent toujours de la colère envers la police.

Le temps ne cicatrise pas toutes les blessures. Amiirah en sait quelque chose. Cela fait déjà un an que cette jeune femme a perdu son époux Iqbal dans des circonstances tragiques alors que ce dernier était sous responsabilité policière au poste de police de Rivière-Noire. Cette habitante de Vacoas a déposé devant la Commission nationale des Droits de l’homme au début de la semaine écoulée. Elle ne souhaite qu’une chose : que justice soit enfin faite pour qu’elle puisse faire son deuil comme il se doit. Le couple devait fêter ses 21 ans de vie commune le 19 mars 2016.

 

Iqbal et Amiirah ont trois filles : Shaninah, 19 ans, fait des études supérieures à l’université de Maurice ; Elaiya, 17 ans, est en Upper VIau collège Lorette de Curepipe, et Anzariya, 8 ans, est en Std II à La Visitation RCA. «Cette année encore, la joie et la bonne humeur ne seront pas au rendez-vous. Nous sommes toujours révoltés. En décembre, le magistrat qui avait présidé l’enquête judiciaire au tribunal de Bambous avait conclu à un foul play. Quatre mois plus tard, nous attendons toujours que justice soit faite. Mon époux ne méritait pas la mort»,s’insurge Amiirah.

 

Selon elle, l’attente devient de plus en plus pénible à mesure que le temps passe : «Nous vivons un calvaire depuis le 2 mars 2015. J’avais eu du courage en décembre lorsque le magistrat a conclu qu’il y avait eu foul play, mais les cinq policiers sont toujours en liberté. C’est très décevant. Ma famille est complètement brisée.»

 

L’existence d’Amiirah et de ses filles a basculé depuis le décès d’Iqbal. Toute la famille vit uniquement avec une aide financière de l’État, d’un montant de Rs 9 400. «Bizin ris diab par lake sak mwa. Mo finn bizin vann loto mo mari pu pey kour mo gran tifi. Deziem la pe fer HSC. Enn ta leson linn bizin aret pran. Mo dernie tifi la tuzur pa konpran ki so papa nepli la pu aste tou seki li rode», se lamente Amiirah.

 

Ses filles et elle implorent le Directeur des poursuites publiques de décider de la marche à suivre une fois pour toutes. «Cette affaire laisse des séquelles très graves. Nous sommes affectées sur le plan émotionnel, financier et familial. Les gens ont un regard de pitié pour nous. Notre maison est devenue comme un cimetière. On n’a plus goût à rien. Mes filles sont très frustrées. L’aînée voulait aller étudier à l’étranger. La cadette veut faire des études au Singapour. Mais tout cela est impossible maintenant», s’indigne Amiirah qui veut plus que jamais que justice soit rendue.

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