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27 juillet 2014 16:34
Jacques Porphyre ne travaillait jamais le lundi. Mais le lundi 21 juillet, il a décidé de se rendre sur son lieu de travail, à la State Secondary School de Goodlands, où il participait à des travaux de maçonnerie. Mal lui en a pris car, alors qu’il montait un échafaudage au deuxième étage du bâtiment, un pan de mur s’est effondré sur lui. Cet habitant de Palma, âgé de
39 ans, n’a, hélas, pas survécu à ses nombreuses blessures. Il laisse derrière lui une famille anéantie, dont sa mère Monique qui n’arrête pas de pleurer ce fils parti trop tôt, dans des circonstances tragiques.
«Le destin lui a joué un bien mauvais tour, confie-t-elle avec douleur. Mon fils est décédé sur son lieu de travail un lundi, un jour où il n’allait jamais travailler. Il est maçon depuis 20 ans déjà et n’a jamais travaillé un lundi. Il aimait faire le “lundi cordonnier” comme beaucoup de maçons. Ses collègues l’avaient toutefois encouragé à venir travailler en ce lundi 21 juillet pour avancer avec ce chantier avant de s’engager dans un autre. Il est sorti plus tôt que les autres jours, soit à 6h10 au lieu de 6h40. Mon fils serait encore en vie s’il n’était pas allé travailler ce lundi.»
C’est Clarel, le fils aîné de Monique, qui a appris la terrible nouvelle en premier. «Son ami m’a appelé un peu avant midi, pour me dire que mon frère avait fait un accident. Il m’a appelé une deuxième fois pour me demander de me rendre directement à l’hôpital de Pamplemousses car l’état de santé de mon frère était critique. Son superviseur m’a lui aussi téléphoné par la suite pour me dire que Jacques n’allait pas s’en sortir.»
En arrivant à Pamplemousses, Clarel, qui ne travaillait pas en ce lundi comme à son habitude, apprend, à son grand désespoir, que son frère a déjà rendu l’âme. La dépouille de celui-ci a ensuite été transférée à la morgue de Candos pour les besoins de l’autopsie. Les funérailles de Jacques Porphyre ont eu lieu le lendemain, en l’église Notre-Dame du Rosaire, à Quatre-Bornes. Il repose désormais au cimetière de St Jean.
Dans leur chagrin, les Porphyre sont aussi révoltés au plus haut point par l’attitude du main contractor des travaux. «Ziska ler personn depi sa conpani la pankor telefonn nou pou prezant ofisielma simpati nou fami», s’insurge Monique. Pour elle, cette compagnie a une grande part de responsabilité dans ce qui s’est passé : «Mon fils est maçon. Ce n’était pas à lui de monter un échafaudage sur ce chantier. De plus, il n’arrêtait pas de nous dire qu’il ne s’y sentait pas en sécurité. Il n’avait pas de casque de sécurité. Il n’y avait pas non plus de Health & Safety Officer en permanence sur ce chantier.»
Une source au ministère du Travail avance que la compagnie en question a déjà fait l’objet d’un prohibition order en avril dernier, concernant un autre site de construction, car elle avait fait plusieurs entorses aux règles de Health & Safety. Les officiers dudit ministère s’étaient rendus sur place à trois reprises et avaient par la suite recommandé, entre autres, au main contractor de ne pas utiliser les tubular steel scaffoldings à un endroit précis du site. Les officiers du ministère du Travail avaient aussi expliqué qu’il y avait des risques de graves blessures pour les maçons et autres employés du site si lesdites mesures de sécurité nétaient pas respectées.
Le ministère du Travail a envoyé le dossier à la Prosecution Unit dans le cadre d’un éventuel procès en cour industrielle contre la compagnie, pour violation des Health & Safety Regulations. Nous n’avons pu avoir un commentaire d’un préposé de cette compagnie concernant cette affaire, ni celle qui a coûté la vie à Jacques Porphyre.
Ce dernier, qui était séparé de son épouse depuis six ans, laisse derrière lui un enfant de 10 ans. Ses proches se demandent d’ailleurs si l’enfant est éligible à une compensation financière après le départ tragique de son père. Ce père dont il sera privé pour le reste de sa vie.
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