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25 janvier 2016 02:53
Les larmes aux yeux, elle semble perdue dans ses pensées. La pièce d’identité de son concubin entre les mains, Jennyfer Kassadin, entourée de ses proches, murmure quelques mots, sans pouvoir contenir ses émotions. Pour la jeune femme, il est difficile de croire que celui avec qui elle vivait depuis environ quatre ans a été poignardé sous ses yeux et que ce dernier ne fait plus partie de ce monde. «Ce drame aurait pu être évité», lance-t-elle dans un accès de colère.
«La police doit assumer ses responsabilités»,lâche pour sa part Florel Collet, le frère de Jean Sténio Collet. Ce dernier, maçon de son état, a rendu l’âme dans la voiture qui le conduisait à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses, le jeudi 21 janvier, aux alentours de 14h15. Lors d’une violente altercation avec ses voisins, dont Joël Genave, 20 ans, Josian Genave, 28 ans, Josseley Genave, 25 ans, ainsi que leur frère de 14 ans, il a été battu et poignardé. La mère de ces derniers, Joceline Genave, âgée 47 ans, aurait également participé à l’agression. Elle est d’ailleurs suspectée d’avoir porté le coup fatal à la victime à l’aide d’un tournevis.
Selon Jennyfer Kassadin, qui était présente au moment des faits, ce drame aurait pour toile de fond une histoire de vol. «Le 7 janvier, des membres de cette famille ont fait irruption dans notre maison. Ils ont emporté la somme de Rs 5 000 que mon beau-père avait rangé dans son armoire. Ce dernier habite au rez-de-chaussée, alors que Sténio et moi habitons à l’étage. Nous avons fait une déposition en ce sens à la police. Mais rien n’a été fait. On nous a dit de ramener les voleurs au poste nous-mêmes»,raconte-t-elle, remontée.
Le jour du drame, dit-elle, son concubin, qui était rentré du travail vers 13 heures, a remarqué la présence de quelques membres de la famille Genave, massés devant sa porte. Mécontent, Jean Sténio Collet leur aurait demandé de quitter les lieux. «C’est à ce moment-là que les choses ont tourné au vinaigre. Ils ne sont pas partis. Et, à un moment donné, Sténio est redescendu au rez-de chaussée et a surpris certains d’entre eux qui fouillaient la maison. C’est à partir de là qu’ils ont commencé à frapper Sténio. J’ai essayé de m’interposer, mais ils m’ont battue aussi et m’ont étranglée, soutient la jeune femme. Si la police avait fait son travail et les avait arrêtés depuis notre première déposition pour vol, tout cela ne se serait pas passé.»
Par ailleurs, Joceline Genave et trois de ses fils ont comparu en cour de Port-Louis le vendredi 22 janvier. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre eux. «Mo pa regret nanye. Les tir mo foto»,a lancé Joceline Genave à la vue des photographes et des journalistes. Elle a retenu les services des Mes Danielle Selvon et Arvind Ramsewok. Contactée à cet effet, Me Selvon nous a fait la déclaration suivante. «La famille Genave m’a approchée et j’ai offert mes services sur une base humanitaire. Pour l’heure, Joceline Genave n’a pas encore fait de déclaration. Ce sera probablement pour la semaine prochaine.»
D’autres personnes sont recherchées dans cette affaire pour avoir endommagé des biens de l’État. Le jeudi 21 janvier, un important dispositif de la force policière avait été déployé à Bois-Marchand pour maîtriser la situation. Quatre véhicules de la Special Supporting Unitont été endommagés et huit policiers ont été blessés.
Jean Sténio Collet, lui, était passionné par la musique et les gros cylindres. «Mon frère était un homme sans histoire. Aimé de tous, il avait un cœur en or. Justice doit être rendue», lâche son frère Florel. La victime était aussi père de cinq enfants. Tous des mineurs âgés entre 17 et 6 ans. La police continue son enquête.
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