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La drogue synthétique fait un nouveau décès : Les parents de Vashish Jugnah, 22 ans, racontent leur cauchemar

9 août 2016

Vydyabruth et Veena, inconsolables après le décès tragique de leur fils Vashish.

Ils avaient plein de rêves pour leur fils… Celui d’organiser, un jour, son mariage en grande pompe. Celui de le voir réussir sa vie et réaliser ses projets. Entre tellement d’autres. Étudiant en informatique, Vashish Jugnah, 22 ans, était effectivement promis à un bel avenir. Mais le rêve de ses parents a viré au cauchemar. Au lieu de voir l’accomplissement de toutes ces belles choses, ce sont ses funérailles qu’ils ont dû organiser. Ils l’ont accompagné, le cœur complètement brisé, jusqu’à sa dernière demeure. La pire des épreuves pour des parents.

 

«J’ai 63 ans. Et j’ai dû enterrer mon fils. C’est la chose la plus difficile que j’ai eu à faire de toute ma vie. C’est mon fils qui aurait dû m’enterrer et non le contraire», hurle Vydyabruth Jugnah, le père de Vashish, submergé par la douleur. Les larmes aux yeux, sa femme Veena veut, elle, partager sa souffrance. «Il faut que je parle. Je veux dire aux jeunes de ne pas plonger leur famille dans la détresse. De ne pas consommer de la drogue. C’est un poison. Et que fait le gouvernement pendant que les jeunes meurent ? Il doit aussi prendre ses responsabilités, surtout le ministre de la Santé», lâche-t-elle, entre désespoir et colère. Chez les Jugnah à Triolet, un immense chagrin se lit sur les visages de tous les membres de cette famille, unis dans la douleur.

 

Pour cause, Vashish Jugnah, 22 ans, est mort dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 août chez un ami à 7eMille, Triolet. Il aurait fumé, dans un bong, un mélange de drogues synthétiques. Suite à cela, le jeune homme a été pris d’un malaise et a commencé à cracher du sang abondamment. «Il était avec sa petite amie à 7eMille. Elle nous a appelés vers 2 heures du matin pour nous dire que notre fils n’allait pas bien, qu’il ronflait bizarrement. Nous avons pris un taxi pour nous rendre sur place. Nous l’avons vu dans un état terrible. Du sang sortait de sa bouche et de son nez. Son corps était froid. Nous l’avons emmené à l’hôpital où son décès a été constaté», confie le père de la victime qui ne peut cacher sa tristesse.

 

Selon Vydyabruth Jugnah, le comportement de son fils avait changé drastiquement il y a un mois environ et il était impossiblede le ramener à la raison. «Il ne passait pratiquement plus de temps à la maison. Il n’y avait que ses amis qui comptaient. Il rentrait tard et parfois, il ne rentrait pas du tout. Nous lui avons parlé pour savoir s’il avait des soucis. Mais il s’est replié sur lui-même. Nous ne savions pas qu’il avait de mauvaises fréquentations et qu’il touchait à la drogue.»Veena, femme au foyer, avoue qu’elle avait quelques doutes à ce sujet : «Il ronflait très fort quand il dormait. C’était presque effrayant. Et depuis deux semaines environ, il avait les yeux toujours gonflés. Je lui avais demandé s’il prenait de la drogue, mais il m’avait répondu que non.» 

 

Malaise

 

Mais le mercredi 3 août, l’existence de cette famille a basculé dans l’horreur. Vashish, qui suit des cours en informatique dans un établissement de Plaine-Verte, a quitté son domicile à la mi-journée. Sa mère lui aurait remis la somme de Rs 300 pour ses frais de transport et de nourriture. «Mais il ne s’est jamais rendu à ses cours. On soupçonne qu’il achetait de la drogue avec l’argent qu’on lui donnait pour ses cours. Il y allait trois fois par semaine. Donc, on lui remettait Rs 900 par semaine.»

 

ÀTriolet, le jeune homme a pris l’autobus en direction de Port-Louis où il a rencontré Preety*, sa petite amie, âgée de 19 ans, et Nishi*, l’amie de cette dernière. «Il m’a demandé s’il pouvait avoir les clefs de ma maison pour y passer un peu de temps avec sa copine. Je lui ai dit oui car il avait pour habitude de venir chez moi. On se connait depuis deux ans», soutient Nishi qui précise avoir dit au revoir aux deux tourtereaux dans la capitale où elle-même a passé la nuit. Tard dans la soirée, dit-elle, Preety lui a téléphoné pour lui dire que Vashish ne se sentait pas bien. «Elle m’a appelée et j’ai entendu Vashish qui ronflait. J’ai alors conseillé à ma copine de le retourner et de le placer sur le dos. Et vers 4 heures du matin, elle m’a rappelée pour m’apprendre la mort de Vashish.»Contactée, la petite amie de la victime n’a pas souhaité faire de commentaires.

 

Né à Triolet le 11 mai 1992, Vashish était, selon ses parents, aimé de tous dans la localité. Après son Higher School Certificateà la SSS Hassen Raffa, à Terre-Rouge, il avait opté pour des cours d’informatique. Un domaine dans lequel il voulait ensuite créer sa propre entreprise. Passionné de sport, de musique et d’automobile, il était un jeune bien de son temps qui laisse maintenant un immense vide dans la vie de ses proches.

 

Varun, son frère aîné, dévasté par ce drame, veut absolument que justice soit rendue à Vashish. «Les personnes qui étaient avec lui ce jour-là doivent dire ce qui s’est réellement passé. Le gouvernement aussi doit prendre des actions sévères contre ce fléau.» Son pèreréclame, lui, que le gouvernement, le ministère de la Santé notamment, prenne des mesures urgentes contre la propagation de la drogue synthétique à travers l’île. Ce, dit-il, pour que d’autres jeunes et d’autres parents, n’aient pas à vivre le terrible csalvaire que sa famille et lui endurent actuellement.

 

La drogue synthétique fait des ravages chez les jeunes

 

Depuis le début de l’année, plusieurs jeunes sont morts après avoir consommé de la drogue synthétique. Le 1er juillet, Bryan Juste, 19 ans, a été retrouvé mort dans les toilettes de l’ancien bureau de la Sécurité sociale à Bambous. Il est décédé des suites d’un œdème pulmonaire causé par une overdose. Le 2 mai, c’est le corps sans vie de Varun Jagganadum, 20 ans, qui a été retrouvé dans une maison abandonnée à Curepipe. Il avait été foudroyé par une overdose après une consommation de drogue synthétique. Alexandre Cotte, un habitant de Vacoas âgé de 21 ans, avait, lui, été retrouvé inanimé dans sa chambre le 21 mars. Il avait avait rendu l’âme le 26 mars à l’hôpital. Selon son père, la mort du jeune homme est liée à une consommation de drogue synthétique. Le décès d’Alexandre est survenu trois mois après celui de son cousin Brian Cotte, issu de la même localité. Âgé de 23 ans, le jeune homme est décédé le 3 janvier 2016, presque dans les mêmes circonstances qu’Alexandre Cotte. Un décès attribué, selon l’autopsie, à la consommation d’un mélange de drogues. L’année dernière, en juillet, un habitant de Sainte-Croix, Ahmad Kaleem Razack Bacsou, 21 ans, avait succombé après une consommation de drogue synthétique.

 

Question time

 

Ce mardi 9 août, à l’Assemblée nationale, le député mauve Adil Ameer Meea adressera une question au Premier ministre concernant la situation réelle de la drogue synthétique à Maurice. Sa question sera axée sur le nombre d’arrestations et de décès en lien avec la drogue synthétique durant ces deux dernières années dans l’île. Ce, alors que le ministre Gayan continue à insister que la situation concernant la drogue synthétique n’est pas alarmante à Maurice pendant que les travailleurs sociaux n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme sur ce fléau qui gagne du terrain et d’affecter nos jeunes.

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