Il avait initialement été condamné à 42 ans de prison en novembre 2015, reconnu coupable à l’unanimité de l’assassinat de Marie Gerald Lagesse. Sa sentence avait, par la suite, été réduite à 40 ans en appel devant la Cour suprême. Insatisfait du verdict, Jiawed Ruhumatally, qui avait toujours plaidé non coupable de la charge d’assassinat qui pesait sur lui, avait fait appel au Privy Council. Dans un jugement prononcé le 18 juin 2024, les Law Lords avaient ordonné qu’un nouveau procès soit intenté contre l’accusé, ayant soulevé des erreurs et des irrégularités graves de la part du juge de première instance. C’est ainsi que, ce mardi 8 octobre 2024, Jiawed Ruhumatally a fini par plaider coupable sous la charge réduite de manslaughter, 19 ans après les faits. Le juge Pravin Harrah, siégeant en Cour suprême, l’a ainsi condamné à 15 ans et demi de prison pour le meurtre sans préméditation de ce Customer Service Supervisor de la Mauritius Commercial Bank (MCB) en 2005.
Jiawed Ruhumatally et ses deux complices, Steve Monvoisin et Laval Sambacaille, avaient fait un braquage à la MCB, le 11 février 2005, au cours duquel Gerald Lagesse avait été tué. Aux enquêteurs, l’accusé avait révélé avoir fait la connaissance d’un planton de la banque deux mois avant les faits et lui avoir fait part de son plan. Le jour du braquage, ce dernier avait fait tomber une roupie sur un escalier métallique pour leur donner le signal pour entrer. Lorsque Jiawed Ruhumatally et ses complices s’étaient introduits dans la salle des coffres, ils étaient tombés sur le Customer Service Supervisor. Il a expliqué que Steve Monvoisin et Laval Sambacaille avaient tabassé Gerald Lagesse et avaient placé un morceau de papier dans sa bouche pour le faire taire. Pour sa part, il l’avait bâillonné avec sa chemise. Avant de prendre la fuite avec la somme de Rs 51,8 millions, ils avaient placé plusieurs sacs de pièces sur son corps pour l’immobiliser. L’autopsie pratiquée avait attribué le décès de la victime à une asphyxie due au bâillonnement.
Pour Bénédicte, la fille unique de la victime, ces 19 années ont été un véritable calvaire mais elle concède qu’«il y a eu beaucoup d’acceptation, beaucoup d’aide de la part de mon mari, de ma famille. Je me suis remise du décès de mon papa, mais aussi de la longue attente, et c’est un peu plus facile d’en parler aujourd’hui». Prise par ses obligations personnelles et professionnelles, elle avoue avoir arrêté de suivre l’affaire. «C’est mon époux qui m’a fait part du verdict.» Bien que son entourage et elle soient parvenus à faire leur deuil au bout de ces longues années d’attente, elle considère qu’«ils auraient dû avoir une peine plus lourde, mais la vie est ainsi. Cela ne m’étonne pas de notre justice à Maurice». À savoir que les accusés Steve Monvoisin et Laval Sambacaille avaient, pour leur part, écopé de 16 ans de prison chacun en 2013, plaidant coupables sous la charge de manslaughter. Si les recherches de la police ont permis de récupérer une somme de Rs 3 millions dissimulée sous un pont à Ébène, la majeure partie du butin demeure jusqu’ici introuvable.