Pourquoi s’en prendre à des vieilles personnes vulnérables et sans défense ? C’est la question que se posent les proches de Mardaye Sornum, une habitante de Roche-Bois, âgée de 80 ans, et de Rosita Cupidon, 65 ans, tuée sauvagement à Rodrigues, cette semaine.
«Les monstres qui ont tué ma mère doivent payer pour leur crime», hurle presque Vimala Canagasabe. Cette mère de famille vit les pires instants de sa vie depuis que le corps sans vie de Mardaye Sornum a été découvert le mardi 28 octobre par son mari, Vadivel Canagasabe. C’est ce dernier qui a alerté la police avant de faire l’objet d’une arrestation que sa femme juge arbitraire. «On l’a arrêté sur le simple fait que c’est lui qui a fait la découverte macabre. Ce n’est pas juste. Mon mari est soupçonné de meurtre à tort», avance Vimala, très sûre de ce qu’elle affirme, d’autant plus que les enquêteurs semblent avoir privilégié une autre piste.
Trois nouveaux suspects ont, en effet, été interpellés depuis. Il s’agit de Michael Jugnah, 22 ans, Kamlesh Mangli, 20 ans, et Enrico Marie, 24 ans, tous des habitants de Roche-Bois. Selon des sources policières, les trois hommes auraient déjà avoué le meurtre et donné le mobile du crime : un vol qui aurait mal tourné. Selon nos sources, ils auraient été surpris en flagrant délit de cambriolage par Mardaye Sornum. Pris de panique, ils auraient tout simplement décidé d’éliminer leur victime. Selon les officiers, tout porte à croire que ce n’était pas la première fois que les suspects s’introduisaient chez la victime en vue de commettre un vol.
«Ma mère a déjà été victime de vol dans le passé. Mais elle n’a jamais porté plainte, bien qu’on le lui ait fortement conseillé», confie Vimala tristement. À la suite des derniers développements de cette affaire, son mari devrait être relâché d’ici demain. Mais pour l’heure, soutient-on du côté des Casernes centrales, on ne veut prendre aucun risque. D’autant qu’un quatrième suspect serait actuellement recherché. L’autopsie pratiquée sur la victime a attribué la cause de la mort à une asphyxie. Veuve et vivant seule depuis le décès de son époux il y a presque dix ans, Mardaye Sornum aurait été vue pour la dernière fois le jeudi 16 octobre, jour de la fête de Divali.
Du côté de Rodrigues, la fin atroce de Rosita Cupidon a plongé le pays, réputé pour sa tranquillité, dans une profonde indignation. Car c’est le deuxième crime crapuleux qui survient dans l’île en l’espace de deux mois seulement. Pour rappel, Anne-Marie Casimir, une Rodriguaise de 23 ans, avait été tuée à coups de pierre par son ex-concubin, dans la soirée du samedi 30 août. Rosita Cupidon, elle, a été battue et torturée à mort. Selon les conclusions du rapport d’autopsie, la sexagénaire a également été victime de viol.
Pour l’heure, le mobile du crime reste flou pour les enquêteurs. Les membres de la famille de la victime trépignent cependant d’impatience et réclament la vérité. La police a procédé à l’arrestation de deux suspects : Jean-Daniel Rose et Mico Perrine, le second étant le neveu de la victime. Les deux hommes nient être les auteurs du meurtre.
«Je n’ai rien vu...»
C’est dans la nuit du mardi 28 octobre que les agresseurs de Rosita Cupidon se sont introduits chez elle. Selon les indications de la police, ils ont fait irruption dans sa modeste demeure à travers une fenêtre, avant de s’acharner sur elle en lui infligeant de violents coups. Mais les supplications de la vieille dame ne les ont pas arrêtés, car Rosita Cupidon a été violée avant d’être abandonnée à son triste sort.
«Ma tante a lutté jusqu’au bout. Car vers 22 heures, j’ai entendu quelqu’un qui appelait Johnny. C’est un neveu de ma tante qui ne vit pas loin. Au même moment, les chiens aboyaient de toutes leurs forces. Je suis sorti pour voir ce qui se tramait dehors, mais je n’ai rien vu, donc je suis rentré. Puis, après quelques minutes, j’ai de nouveau entendu un bruit bizarre, comme si quelqu’un coupait du bois. Une fois de plus, je n’ai rien vu lorsque je suis sorti. La panne d’électricité qu’il y a eu ce soir-là a rendu les choses encore plus difficiles. Mais je ne me doutais pas de ce qui se passait. Au moment où je croyais que quelqu’un coupait du bois, les agresseurs enlevaient la vie de ma tante», raconte Rosaire Perrine, un neveu de la victime, complètement sous le choc.
Responsable de la Légion de Marie de Port-Mathurin, Rosita Cupidon avait, selon ses proches, consacré sa vie à l’Église après le décès de son époux. «Elle ne vivait que pour ça. Et lorsque son neveu a été ordonné prêtre, sa foi en Dieu a grandi davantage. Elle était respectée de tous et enseignait la catéchèse aux enfants qui allaient faire leur première communion et leur confirmation», confie Rosaire Perrine, d’une voix cassée par l’émotion.
«Johnny n’a pas entendu les appels de ma tante à cause du vent qui soufflait très fort ce soir-là. Sa femme, qui est allée faire du jogging le matin à 4 heures, n’a pas vu le corps de ma tante. C’est une autre personne qui a fait la découverte macabre. Le choc a été terrible. Elle ne méritait pas une mort aussi atroce. Il faut trouver les vrais coupables», insiste Rosaire Perrine.
Dans les deux cas, la police poursuit son enquête et la possibilité d’autres arrestations n’est pas à écarter.