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14 septembre 2016 00:04
Vêtu de noir, bras croisés, sérieux : il était reconnaissable entre mille. Harel Philippe était toujours scotché devant les portes des boîtes de nuits, des clubs privés et autres lieux de loisirs à ses débuts. Difficile de le faire sourire ; il avait toujours le regard dur et les muscles qui vont avec. Un critère important pour exercer le métier de videur.
Mais le dimanche 4 septembre, Harel Philippe a succombé à une rupture d’anévrisme, selon sa famille. Il avait été admis dans une clinique privée de Port-Louis le jeudi 1er septembre à la suite d’un malaise. Ses funérailles ont eu lieu le lundi 5 septembre à la chapelle St Ange Gardien, à Grand-Baie.«Harel a toujours été respecté car il était discipliné. Il vouvoyait tout le monde. C’était un leader. Un vrai. Mon frère était également un bosseur. Le travail ne lui faisait jamais peur. Il était très généreux, du genre à rester sans manger après avoir donné son repas à un démuni, confie Marie Laine, la sœur d’Harel Philippe.
Le jour du drame, ce dernier était à Cap-Malheureux où il dirigeait un chantier en construction à travers sa compagnie spécialisée en poids lourds et camions pelleteuses. De retour chez lui, il a passé un moment avec son épouse Martine et ses enfants Dharel, 19 ans, Dharelyna, 6 ans, et Fharel, 4 ans, avant de monter à l’étage dans sa salle de gym pour sa séance quotidienne de musculation. Mais là, il a fait un malaise.
Il est alors descendu pour se reposer dans le salon, avant de perdre connaissance. Son épouse l’a alors fait transporter dans une clinique de Port-Louis. Sur place, Harel Philippe a été admis dans un état comateux, avant de décéder quelques jours plus tard. «Il m’est toujours difficile de croire qu’il est mort. Mon époux laisse un grand vide dans nos vies. Il était un père formidable et un exemple pour son entourage», confie Martine, son épouse.
Au fil des années, dit-elle, Harel Philippe s’était fait un nom dans le monde de la nuit. Il voulait professionnaliser le métier de videur à travers l’expérience acquise pendant les dix années qu’il a passées dans la force policière.
Harel Philippe a 18 ans lorsqu’il quitte son village natal, Petit-Gabriel à Rodrigues, pour entrer dans la force policière où il a obtenu plusieurs récompenses, notamment celle du meilleur athlète ou encore le Merit Awardpour son outstanding performanceen bodybuilding et military trainingau sein de la Special Mobile Force. Une unité au sein de laquelle il a également fait plusieurs stages de commando. Harel Philippe est également le dernier à avoir été élu Mr Police.Dix ans plus tard, il décide de se consacrer davantage au métier de videur, qu’il exerçait à temps partiel les week-ends.
Harel Philippe était aussi un homme de famille. Il était issu d’une fratrie de 12 enfants – il avait cinq frères et six sœurs. Son père est décédé il y a 21 ans et sa mère il y a trois ans. «Harel incarnait très bien le rôle de chef de famille. Il était le confident de tout le monde. C’est très dur pour nous car c’est le deuxième frère que nous perdons en quelques mois. Notre frère aîné est mort en janvier», confie Marie Laine, le cœur lourd.
La jeune femme, employée de la Mauritius Broadcasting Corporation à Rodrigues, souligne que son frère était également très connu dans son île natale : «Il a beaucoup fait pour la promotion du bodybuilding. Il a d’ailleurs ouvert la première salle de gym dans l’île où il a fait exposer ses nombreux trophées en guise de motivation pour la jeune génération. Il a déjà organisé la compétition Mr Rodriguesà ses frais. Dans son homélie, le père Philippe Goupille a décrit sa perte comme un de ses arbres de la cathédrale St Gabriel à Rodrigues qu’on a dû couper.»
Celui qui allait fêter ses 40 ans le 29 novembre était aussi connu pour ses nombreux démêlés avec la police. Il avait notamment été arrêté après la fusillade mortelle de Petit-Verger en 2014 et pour possession illégale d’arme à feu il y a quelques mois. «C’est vrai qu’il a été arrêté à plusieurs reprises. Toutefois, précise Martine Philippe, je tiens à préciser qu’il n’a jamais été condamné pour les délits qu’on lui reprochait. Aujourd’hui, il nous laisse un riche héritage avec des souvenirs inoubliables…»
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