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7 septembre 2015 13:17
26 octobre 1996 – 26 octobre 2015. Cela fera bientôt 19 ans depuis que Babal Joomun, Zulfikar Bheeky et Yousouf Mourad sont morts suite à une fusillade qui avait éclaté à la rue Gorah Issack, à Plaine-Verte, à la veille des élections municipales. Dans le sillage de cette affaire, un seul suspect avait été condamné, à savoir Liyyakat Polin. Il fut condamné à 21 ans de prison le 22 juillet 2004 pour avoir aidé la police à faire avancer l’enquête. Certains membres du défunt escadron de la mort, ayant participé à cet attentat, à savoir Bahim Coco, Azad Nandoo, Riaz Jamaldin et Noorani Boodhoo, se sont donné la mort en ingurgitant du cyanure.
Mais cette semaine, un élément de taille dans cette affaire a pris de court les familles des trois victimes de l’attentat de la rue Gorah Issack. Liyyakat Polin a retrouvé la liberté au bout de 15 ans de prison. Il a bénéficié d’une remise de peine pour bonne conduite en prison. Pour les familles Joomun, Bheeky et Mourad, sa libération vient remuer le couteau dans une plaie qui est encore loin d’avoir cicatrisé malgré les années passées. «Il a ôté la vie à trois personnes et brisé des familles entières. Aujourd’hui, il vient dire qu’il sort de la prison la tête haute. Depuis la mort de mon frère Zulfikar, j’ai vu mon père mourir chaque jour un peu plus. Aujourd’hui, il est devenu aveugle pour avoir développé une hypertension de l’œil. La femme de mon frère a dû retourner vivre en France. Ce drame a causé beaucoup de chagrin. Je me demande quel message la justice mauricienne veut faire passer suite à cette libération», lâche Naseer Bheeky, le frère de Zulfikar Bheeky.
À quelques mètres de son domicile à Vallée-Pitot, les Joomun sont animés par ce même sentiment de révolte et de colère. Ibrahim et Abdal Joomun, les frères de Babal, ainsi que sa sœur Nooreza et sa mère Manveia, jugent la libération de Liyyakat Polin injuste. «Pas la peine qu’il vienne nous demander pardon. On ne lui pardonnera jamais. On ne veut pas le voir devant chez nous. On se demande sur quels critères il a été relâché. C’est incroyable qu’on ait pu le libérer avant terme. D’autant qu’il aurait dû être condamné à 45 ans de prison et non à 21 ans de prison. Nous n’avons plus confiance en la justice mauricienne», disent-ils.
De son côté, Swaleha Joomun, la veuve de Babal Joomun, établie en Angleterre en compagnie de ses enfants depuis, ne digère pas non plus cette libération. Elle sera dans l’île avant le 26 octobre pour décider de la marche à suivre. «Tout ce que Liyyakat Polin a dit depuis sa libération était calculée. Je me demande qui tire les ficelles dans cette affaire. Il a été relâché et cette décision est venue des personnes très haut placées. Je vais rentrer bientôt pour avoir des explications, car je ne peux accepter cela», lâche-t-elle, amère.
Chez les Mourad, Afizah, la mère de Yousouf Mourad, ainsi que son frère Aslam ont placé leur confiance en Allah. Lui seul, disent-ils, pourra rendre justice aux victimes de la rue Gorah Issack. «La justice mauricienne a failli dans cette affaire. Mon mari est paralysé depuis ce drame. Depuis une année, il a perdu complètement la parole. Et aujourd’hui, on relâche son assassin ! Allah voit tout, il rendra justice à mon fils et aux deux autres victimes», soutient Afizah, les larmes aux yeux.
La libération de Liyyakat Polin qui, dans ses déclarations à la presse, explique avoir payer sa peine, fera certainement encore parler d’elle dans les jours qui viennent.
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