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10 novembre 2014 11:52
Ils sont passés du statut d’adolescents à problèmes à celui de présumés meurtriers. Agés de 17 ans, ces deux jeunes n’étaient déjà pas des enfants de chœur, à en croire leur entourage respectif. Si jusqu’ici, l’un s’était limité à commettre quelques vols, parfois avec effraction, l’autre, par contre, avait à son actif un cas de viol allégué sur une adolescente et était en liberté conditionnelle. Mais ils ont basculé dans une violence indescriptible il y a quelques jours. Le premier a avoué avoir participé au meurtre de Mardaye Sornum, une habitante de Roche-Bois âgée de 80 ans, retrouvée morte dans sa maison le 28 octobre, et le second a confessé avoir tué Rosita Cupidon, 65 ans, dont le corps sans vie gisait à quelques pas de son domicile, à Terre-Rouge, Rodrigues.
Christian*, premier suspect interpellé dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Rosita Cupidon dans la nuit du
28 octobre, avait pourtant réussi à échapper aux policiers en dirigeant ces derniers sur de fausses pistes ayant conduit à l’arrestation de Jean-Daniel Rose et Mico Perrine. «Nous l’avions relâché, mais nous l’avons interrogé une nouvelle fois et les incohérences que nous avons notées l’ont trahi. Il a fini par avouer le viol et le meurtre de sa victime», confie une source proche de l’enquête. Selon celle-ci, l’adolescent a aussi balancé les noms de ses présumés complices avant de se rétracter. «Il change à chaque fois de version. Il dit qu’il est le seul responsable de ce crime, puis il affirme qu’il a été aidé de deux habitants de Terre-Rouge, avant de se rétracter. Mais il peut très bien avoir commis le crime seul, de par sa corpulence», indique notre source.
Mais qui est ce jeune homme qui, à 17 ans seulement, aurait commis un meurtre avec autant de sang froid ? Sylvie*, sa mère, sous le choc, essaie de répondre tant bien que mal à cette question. Selon elle, la descente aux enfers de son fils est due à ses mauvaises fréquentations. «Je vis séparée de son père depuis de nombreuses années. Il a toujours été un enfant plutôt désobéissant, qui fréquentait des gens peu recommandables. Et il n’écoute jamais les bons conseils que je lui donne. Il traîne tard le soir avec ses amis et rentre au milieu de la nuit», explique Sylvie, d’une petite voix triste.
La misère
Cette mère éplorée, qui n’est autre que la nièce de Rosita Cupidon, peine à croire que son fils soit le responsable de la mort atroce de celle-ci. «Le soir du drame, je l’ai entendu sortir avant de revenir quelques heures plus tard. Rien dans son comportement ne l’a trahi», dit-elle. Mais comment expliquer que son fils en soit arrivé là ? Pour Sylvie, c’est la misère qui est en cause. «Je gagne difficilement ma vie. Cela fait des années que je ne vis plus avec le père de mes deux fils. Je suis femme de ménage et je touche Rs 2 500 mensuellement. J’ai un fils qui est en HSC et qui bénéficie d’une aide financière de l’État. Mais je n’arrive pas à subvenir aux besoins de mes enfants et Christian est quelqu’un qui a toujours voulu avoir de l’argent pour faire ce qu’il voulait. Ce qui pourrait expliquer son geste.»
Étudiant au Mauritius Institute of Training and Development, Christian a déjà eu des démêlés avec la justice. En 2013, une adolescente de 17 ans l’avait accusé de viol. Traduit devant la justice, il a obtenu la liberté conditionnelle. «Après cet épisode, je l’ai une fois de plus supplié de mettre un terme à ses bêtises», murmure Sylvie. Du côté de la police, on avance que le jeune homme aurait également pour habitude d’épier des couples en pleins ébats et qu’il se glissait même, parfois, dans leur lit au beau milieu de la nuit. «Une fois, il avait fait irruption dans une maison non loin de chez lui, s’était mis complètement nu avant de se glisser dans le lit du couple qui y habite. Mais les personnes en question avaient choisi de ne pas porter plainte, car elles connaissaient sa famille», précise notre source. Un membre de la famille du présumé meurtrier confirme cette version des faits, tout en qualifiant Christian de «totalement diabolique».
Le jour de la découverte macabre, il aurait bluffé tout le monde en déclarant à qui voulait l’entendre que le meurtrier de Rosita Cupidon méritait la mort. «Il était assis sur un monticule de pierres et semblait révolté. Rien ne laissait présager qu’il pouvait être le meurtrier, tant il compatissait au sort de sa tante Rosita. Si aujourd’hui, il en est arrivé là, c’est en grande partie à cause de sa mère qui a toujours fermé les yeux sur ses nombreuses bêtises. Il est diabolique.» Ce proche avance que le soir du drame, Sylvie aurait même lavé les vêtements de son fils, tâchés de sang. «Les langues se délient et il semble que la mère savait que son fils avait quelque chose à voir avec le meurtre, car elle a lavé ses vêtements et le lendemain même, on a découvert le corps sans vie de tante Rosita. Pourquoi Sylvie n’a rien dit ?» se demande-t-elle.
Questionnée à cet effet, Sylvie avance une autre version. «Je n’ai pas lavé ses vêtements le soir du drame. Par contre, le lendemain, il avait étendu ses vêtements sur la corde à linges et je les ai lavés de nouveau, mais il n’y avait aucune trace de sang dessus.»
SDF
Le deuxième adolescent de 17 ans accusé de meurtre a été arrêté avec quatre autres suspects pour le crime de Mardaye Sornum. Le jeune homme a avoué avoir participé à l’assassinat de la vieille dame de 80 ans. Connu des services de police pour ses nombreux délits de vol et d’agression, le jeune homme n’aurait pas de domicile fixe. Ayant abandonné l’école à un très jeune âge, il a emprunté un chemin parsemé de délits, qui l’a finalement conduit derrière les barreaux.
Selon les enquêteurs, ce n’est pas la première fois que la bande des cinq présumés meurtriers s’introduit chez la victime pour lui voler sa carte de pension et toucher son argent par la suite. Si jusqu’à récemment, leur petit manège s’était déroulé sans anicroches, Mardaye Sornum n’ayant jamais jugé utile de porter plainte à la police, cette fois, elle les a surpris en flagrant délit. Paniqués, ils auraient décidé de l’éliminer pour qu’elle ne les dénonce pas à la police. D’autant que la victime connaissait certains d’entre eux, car ils avaient déjà effectué des travaux chez elle dans le passé.
Les limiers mauriciens et rodriguais poursuivent leurs enquêtes respectives pour faire toute la lumière sur ces deux terribles affaires dans lesquelles se retrouvent impliqués deux ados de 17 ans.
(* Prénoms fictifs)
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