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Mort «suspecte» du constable Hurreechurn | Ses parents : «Difficile de croire qu’il s’est suicidé»

21 novembre 2016

Dans un coin du salon, un grand sac noir portant l’inscription «Police» attire comme un aimant le regard de Deolallet Bhagwantee Hurreechurn. Une vue qui ravive encore et encore la tristesse qui étreint leur cœur depuis la mort de leur fils Arvind. «Zot pankor vinn pran sa. Ena osi so matrak ladan», précise Bhagwantee d’une voix à peine audible. Allongée sur un canapé, la mère du constable Hurreechurn tente de trouver le sommeil en regardant une série indienne diffusée surDigital 4.

 

Mais le sommeil la fuit constamment depuis que son fils a été retrouvé mort le 28 octobre, pendu à un lavabo dans la cellule no 14 du centre de détention de Moka. Il avait été arrêté quelques jours plus tôt, le 25 octobre, à sa descente d’avion – il revenait de Madagascar – avec 2 kg d’héroïne dans ses bagages. «Latet fatige. Mo res pans mo garson. Mo pa gagn somey. Mo pas buku letan divan televizion. Pa fasil pu fer dey», lâche, dépitée, cette habitante de Rivière-du-Rempart, âgée de 63 ans. Sa famille et elle ont beaucoup de mal à croire à la thèse du suicide. Et le rapport de la National Human Rights Commission, rédigé par Me Hervé Lassemillante et déposé à l’Assemblée nationale par le leader de l’opposition Paul Bérenger, parlant de «mort suspecte» dans ce cas-là, les conforte dans ce qu’ils ressentent. «Il est difficile de croire que notre fils s’est suicidé en cellule», souligne Bhagwantee en élevant le ton.

 

Un avis que partage totalement son époux Deolall, 70 ans : «Il avait coopéré avec la police après son arrestation. Je pense qu’il avait des révélations à faire. Nous ne pensons pas qu’il s’est suicidé. Comment notre fils a-t-il pu s’accrocher à un robinet avec une serviette ? Cette question me hante. J’ai cru comprendre que cet aspect intrigue aussi la Commission nationale des droits de l’homme, comme l’a fait comprendre Paul Bérenger à l’Assemblée nationale.» Deolall s’interroge aussi sur le rôle de la police : «À 23 heures, notre fils quitte les Casernes centrales, où il a été interrogé, pour être emmené à Moka. Quelques minutes après son arrivée sur place, on le retrouve inconscient dans sa cellule no 14. Pourquoi l’a-t-on placé dans cette cellule où la caméra de surveillance ne fonctionnait pas ? C’était un high profile case. Il aurait dû être sous surveillance 24h/24.»

 

Bhagwantee Hurreechurn a consigné une déposition aux Casernes centrales pour faire part des doutes de sa famille concernant la mort d’Arvind. Son avocat, Me Rishi Gobinda, réclame, lui, l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur ce décès. Par ailleurs, pour la famille du constable, cette histoire de trafic de drogue ne tient pas la route. «Zot dir mo garson inn vwayaze ek inn gagn larzan ladrog. Kot sa bann larzan la ? Pu ranz lakaz linn bizin pran loan. Ou trouv dimun ena larzan la drog res dan lakaz koule ek kot la pintir inn nwarsi ou ?», assène Bhagwantee, finalement très en verve.

 

Suite à l’arrestation du constable Hureechurn, deux autres suspects avaient été appréhendés : un dénommé Shashikant Jayepall, fils de garde-chiourme, plus connu comme Black, voisin d’Arvind Hureechurn, et Gary Gopaul, un autre policier de 25 ans, habitant à Goodlands. L’affaire a connu un autre rebondissement lorsque Bérenger a balancé le nom d’un présumé «big boss» qui tirerait les ficelles de ce réseau de trafic de drogue. Selon le leader de l’opposition, ce serait un homme d’affaires habitant Rivière-du-Rempart. Ce dernier nie.

 

Tout cela ne laisse pas insensible Deolall et Bhagwantee. «La police doit enquêter pour savoir qui est le vrai big boss», martèle Deolall. Dans leur détresse, son épouse et lui n’ont qu’un souhait : connaître toute la vérité sur la mort de leur fils pour enfin pouvoir faire leur difficile deuil.

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