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23 novembre 2015 13:54
Le vendredi 13 novembre a été un jour noir pour eux. Dina Madan, 35 ans, et son époux Vikash, un commerçant de 36 ans, n’oublieront pas de sitôt ce vendredi de malheur. Ce jour-là, la jeune femme, originaire de Cité Malherbes, a accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital de Candos. Le couple crie à la négligence médicale. Tristes, découragés, révoltés, Dina et Vikash nous reçoivent chez eux, déterminés à dénoncer «cette injustice» qui a coûté la vie au fils qu’ils étaient tellement heureux d’accueillir. «J’ai accouché d’un bébé mort par la faute d’une gynécologue», pleure Dina.
Le jeudi 12 novembre, cette maman de deux filles, Ishita, 10 ans, et Yashita, 5 ans, se rend à son rendez-vous à l’hôpital de Candos. Enceinte de son troisième enfant, elle suit un traitement dans cet établissement depuis le 8 octobre, alors que les premiers mois, elle était suivie par deux médecins du privé. Après les examens courants, la jeune femme est examinée par une gynécologue. «Elle m’a examinée manuellement et m’a dit que mes résultats étaient bons. Elle m’a ensuite demandé de revenir le lendemain pour faire une échographie. J’avais rendez-vous à 10 heures. Une fois sur place, j’ai dû attendre plus d’une heure avant de me faire examiner par la gynécologue», raconte Dina, complètement abattue par ce qui lui est arrivé.
Son vendredi cauchemardesque ne faisait que commencer : «Doktores la dir mwa tou korek kan ti pe fer eko. Lerla monn dir li ki mo pa santi bebe bouze kouma li abitie. Linn apel so bann koleg. Apre, bann la inn dir mwa ki mo bebe inn fini mor.» La gynécologue fait une deuxième échographie. «Elle a confirmé que le bébé ne bougeait pas alors que, quelques minutes plus tôt, elle avait elle-même dit que tout allait bien. Je pensais alors qu’on allait me faire accoucher par césarienne», souligne Dina qui a attendu jusqu’à 19h45 pour mettre au monde son bébé. L’accouchement avait été déclenché par une injection. «C’était un beau bébé. Il faisait 2,7 kg. Chaque fois que je ferme les yeux, je revois le visage de mon fils», raconte Dina, très émue.
Après ce pénible accouchement, son calvaire se poursuit. «Le personnel soignant m’avait fait admettre dans la salle réservée aux dames qui venaient d’accoucher et qui avaient leurs bébés avec eux. C’était trop dur pour moi. Au final, mon époux a signé le Discharge Against Medical Advice Form pour me ramener à la maison, d’autant qu’aucun médecin ne m’a examinée après l’accouchement.»
Le couple a consigné une déposition à la police à cet effet. «Le personnel soignant a été incapable d’expliquer la mort de notre bébé. On a plusieurs explications. Le personnel médical a dit que la tension artérielle de mon épouse était trop forte. Puis, on a entendu dire que c’était un problème d’anémie ou encore que le sang ne circulait pas convenablement dans le cordon ombilical. On dit aussi que c’est parce que mon épouse est épileptique. Pire, une infirmière m’a dit que notre fils était décédé depuis plusieurs jours. Comment, dans ce cas, la gynécologue ne s’en est-elle pas rendue compte lors du rendez-vous du jeudi 12 novembre ?» s’insurge Vikash.
Le ministère de la Santé n’a pas souhaité commenter cette affaire dans la mesure où il y a une enquête en cours pour établir les responsabilités dans cette affaire. Les Madan, de leur côté, veulent plus que jamais obtenir justice et comptent tout faire pour cela.
La famille ne compte pas rester les bras croisés face à ce qu’elle considère être un cas de négligence médicale et a retenu les services de Me Erickson Mooneeapillay pour l’aider. Les Madan ont enclenché des poursuites au pénal et comptent assigner au civil tous ceux concernés par cette affaire. L’avocat a également adressé une correspondance au ministère de la Santé pour réclamer des explications : «Il faut mettre fin à cette culture d’impunité dans le domaine de la santé publique. Le personnel soignant a mis la santé de ma cliente en péril. Les responsables devront bientôt répondre de leurs actes.»
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