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30 octobre 2017 22:25
Il n’a pas convaincu. Interrogé par Paul Lam Shang Leen et ses deux assistants lors de son audition devant la commission d’enquête sur la drogue le jeudi 26 octobre, Raouf Gulbuln’a pas été en mesure de fournir des explications au sujet de ses liens présumés avec des trafiquants de drogue et ses grosses transactions financières. C’est pourquoi il a été de nouveau convoqué demain, lundi 30 octobre.
En effet, durant les deux heures qu’a duré cet exercice, celui qui préside la Gambling Regulatory Authority et la Law Reform Commission est resté évasif. «Vous nous faites perdre notre temps. Je vous pose des questions simples. Arrêtez de me raconter des histoires», lui a lancé le président de la commission d’enquête sur la drogue.
Ce dernier voulait notamment des précisions de l’avocat suivant les allégations de Parwiza Jeeva – qui purge actuellement une peine de prison pour blanchiment d’argent – et Jacharee Bottesoie. En juillet, tous deux l’ont balancé devant la commission d’enquête sur la drogue. Ils l’accusent de leur avoir ordonné de changer leur version pour ne pas faire couler deux caïds, dont son client Peroomal Veeren et Rajen Velvindron. Raouf Gulbul, lui, maintient que ces accusations sont non fondées.
L’avocat a également été interrogé sur ses liens professionnels avec l’avocate Tisha Shamloll. Lors de son audition, la jeune femme raconte avoir, à plusieurs reprises, rendu visite à des trafiquants en prison sur les instructions de son mentor de l’époque. Face à ces allégations, Raouf Gulbul soutient qu’elle «ment».
Celui qui livre des batailles au judiciaire depuis 35 ans a aussi été amené à s’expliquer sur plusieurs transactions financières douteuses. En 2014, en seulement quatre mois, Raouf Gulbul, a effectué des transactions de plus de Rs 18 millions. Des transactions qui ne figurent pas sur son compte à la Barclays Bank. L’argent de la location d’espaces de bureau, crédité sur le compte de sa fille aînée (qui se trouve, ainsi que son fils, en Angleterre), ne serait pas déclaré à la Mauritius Revenue Authority (MRA). «Emmenez-moi vos reçus. Je veux savoir d’où provient votre argent», lui a demandé Paul Lam Shang Leen. Sauf que Raouf Gulbuls’est refusé à tout commentaire à ce sujet. Cependant, il a énuméré ses avoirs, dont deux portions de terrain à Mesnil, où il habite, un terrain à Bagatelle et des espaces de bureau au Hennesy Tower, à Port-Louis, achetés en 2011.
Demain, lundi 30 octobre, Paul Lam Shang Leen devrait revenir à la charge avec des questions supplémentaires sur Jeeva, Bottesoie, Shamloll et les allégations de financement des législatives en 2014 lorsque l’avocat était candidat au no 3 (Port-Louis maritime et est). Et selon nos informations, la commission d’enquête sur la drogue devrait demander au directeur des poursuites publiques d’entamer des poursuites contre Raouf Gulbul dans ses findings. Cela, en se basant sur plusieurs éléments considérés comme damning contre le principal concerné. Notamment le fait que son relevé de compte ne correspond pas à ses nombreuses transactions financières et à ses biens.
Un Deputy Commissionner of Police (DCP) est dans le collimateur de la brigade antidrogue. Ce haut gradé basé au Police Headquarters est soupçonné d’être l’auteur de l’appel anonyme à l’origine d’une fouille chez le témoin vedette qui avait balancé des noms de proches de politiciens devant la commission, au lendemain de ses révélations. L’identité de ce dernier, qui a témoigné à huis clos devant Paul Lam Shang Leen et ses deux assistants, est gardée secrète par mesure de sécurité. Il aurait notamment balancé les noms de deux VIP : ceux d’un ancien ministre et d’un candidat battu aux dernières législatives.
Selon nos informations, une taupe au sein de la commission d’enquête sur la drogue aurait balancé le nom du témoin vedette à un avocat proche du pouvoir. Ce dernier aurait, par la suite, alerté le DCP. Le but : intimider le témoin mystérieux.
L’homme n’est pas fiché à la police mais dit bien connaître les faits et gestes des trafiquants qui font partie de son entourage. Il a permis aux enquêteurs de la commission d’enquête de confirmer certaines informations sur les différents réseaux dirigés par Peroomal Veeren, avec des ramifications internationales.
Son audition a également permis à la commission d’avoir des informations supplémentaires sur les trafiquants et leurs complices.
La douane et la brigade antidrogue ont réussi un joli coup de filet. Sept kilos d’héroïne ont été saisis sur deux Kazakhs le vendredi 20 octobre. La drogue était dissimulée dans la valise des suspects : un taximan de 33 ans et une femme au foyer de 31 ans. La valeur marchande de la drogue est estimée à Rs 105 millions. Deux autres suspects ont été arrêtés lors d’un exercice de controlled delivery dans un hôtel du Sud. Il s’agit d’un jeune homme de 20 ans et de sa tante de 45 ans, tous deux des habitants de Roche-Bois. Cette dernière est la sœur d’un trafiquant de drogue qui purge actuellement une peine de 30 ans de prison. La brigade antidrogue soupçonne d’ailleurs un caïd d’avoir commandé ledit colis de la prison.
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