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1 juin 2015 03:27
Ils ont du mal à croire en la thèse de suicide. Sylvio Henriette, son épouse Marianne et leurs fils Jonathan et David ne veulent pas croire que Rebecca Mungur, la cadette de la famille, a mis fin à ses jours. Vendredi, ils ont adressé une lettre en ce sens au responsable du Central Criminal Investigation Department (CCID) par le biais de leur avocat, Me Dick Ng Sui Wa.
Le corps sans vie de cette jeune femme de 25 ans a été retrouvé pendu à un arbre à son domicile, à Vieux-Grand-Port, le dimanche 24 mai. Le rapport d’autopsie indique qu’elle est morte suite à une asphyxie. Il est 7h30 ce jour-là lorsque la police débarque au domicile de Rebecca et de son époux Devraj, alias Dev. Le corps de la jeune femme est suspendu à un arbre. C’est son mari qui aurait fait la découverte macabre quelques minutes plus tôt.
Rebecca et Dev, un employé d’Airports of Mauritius Ltd, s’étaient mariés il y a cinq ans, trois mois après leur première rencontre. Les proches de la jeune femme désapprouvaient cette union et n’ont d’ailleurs pas assisté au mariage religieux selon les rites hindous.
Ils soutiennent que Rebecca était une femme battue. Elle aurait porté plainte plusieurs fois pour violence domestique au poste de police de sa localité. Dans un premier temps, elle a gardé le silence, selon ses parents, avant de finalement tout déballer. Cependant, Dev n’aurait jamais été inquiété par la justice. Rebecca avait expliqué à ses proches que les policiers, qui venaient la voir au début quand elle les appelait, avaient cessé de le faire. C’est la raison pour laquelle Me Dick Ng Sui Wa a demandé à l’assistant commissaire de police Jangi, patron du CCID, de se pencher sur cette affaire. Les Henriette souhaitant que l’enquête soit retirée aux policiers de la région.
Il y a trois semaines, les proches de Rebecca pensaient que les choses s’arrangeaient avec son époux. «Elle m’avait dit qu’elle pensait qu’elle était enceinte, car elle avait déjà les symptômes. Elle attendait le bon moment pour faire un test de grossesse, avant d’avoir la confirmation avec un gynécologue», raconte Marianne, la mère de Rebecca.
Toutes les deux étaient très proches. Elles se parlaient régulièrement au téléphone. Rebecca se réfugiait chez ses parents lorsque la situation dégénérait chez elle Le vendredi 22 mai, la jeune femme a passé la nuit au domicile de ses parents à Cité-Mangalkhan, après une énième dispute avec son époux. «Elle disait avoir découvert des messages d’une femme sur son téléphone portable. Elle est venue chez nous en larmes. Elle nous disait qu’elle allait retourner chez elle le lendemain pour récupérer toutes ses affaires», raconte Marianne.
Le lendemain, Rebecca quitte la maison de ses parents vers 6h30, en disant à sa mère qu’elle va l’appeler un peu plus tard. Dans le courant de la journée, Marianne passe un coup de fil à sa fille. Cette dernière lui aurait alors dit que sa belle-sœur et elle se trouvaient chez leur belle-mère et qu’elles étaient occupées à préparer la fête d’anniversaire de leur petit beau-frère.
Dernière conversation
Avant de se mettre au lit ce jour-là, Marianne passe un deuxième coup de fil à sa fille. «Il était 0h15. Elle se trouvait chez sa belle-mère. Elle m’a dit qu’elle se portait bien et que tous ceux présents faisaient du karaoké. Elle m’a demandé de la rappeler le lendemain, car il y avait trop de bruit. Je lui ai alors dit de bien s’amuser sans savoir que c’était la dernière fois que je lui parlais», lâche Marianne, en larmes.
Son époux et elle s’apprêtent à se rendre à Vieux-Grand-Port quelques heures plus tard pour récupérer leur fille et ses effets personnels quand, vers 8 heures, Marianne reçoit un appel téléphonique. Un homme lui apprend qu’il est arrivé malheur à sa fille.
Affolée, elle alerte toute la famille qui se rend tout de suite à Vieux-Grand-Port en voiture. En cours de route, Marianne et ses fils tentent en vain de joindre Rebecca sur son portable. «Sur place, il y avait des gens partout dans la rue. La police avait déjà placé un cordon de sécurité interdisant l’accès à son domicile», se remémore péniblement Sylvio.
Là, des zones d’ombre intriguent les Henriette. Ils s’interrogent sur le fait qu’elle avait déjà mis tous ses affaires dans des sacs en plastique comme pour quitter la maison et que son portable ait disparu après son décès. Ils se demandent aussi où se trouvait Dev lorsque Rebecca se serait pendue. Jonathan, le frère de la jeune femme, qui est policier, a pris une photo de la scène à des fins d’analyse. Sylvio dit ne pas comprendre comment elle s’est pendue en position assises avec une petite corde en nylon alors qu’elle est de forte corpulence.
Après l’autopsie, disent les Henriette, le beau-père de Rebecca aurait voulu récupérer sa dépouille à la morgue pour l’incinérer, alors que ses parents souhaitaient l’enterrer. «Dev, lui, n’est même pas venu partager notre douleur pendant et après les funérailles», affirme Marianne.
Un voisin, dit-elle, aurait entendu une énième violente dispute entre le couple durant la nuit précédant la découverte macabre. Nous avons tenté à plusieurs reprises de contacter Dev pour avoir sa version des faits. Mais il est resté injoignable.
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