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18 avril 2016 02:23
Il est 19 heures. Une pluie persistante accompagnée de vent s’abat sur St-Martin en ce début de soirée du vendredi 15 avril. L’atmosphère est sombre, lourde, empreinte de tristesse. Une salle verte a été érigée en pleine rue, à Devanand Road, pour accueillir la veillée mortuaire de Rishi Thoondy, 17 ans, handicapé physique et mental, décédé quelques heures plus tôt dans l’incendie de la maison de son voisin.
Malgré le mauvais temps, les gens affluent à Devanee Road pour venir soutenir sa mère Premila et lui donner un coup de main. Sa maison en tôle étant trop petite, les volontaires n’ont pas hésité à faire le nécessaire pour que la veillée puisse se faire dans les meilleures conditions possibles. Lutchmee, la sœur de Premila, est très sollicitée pour finaliser les préparatifs. La mère de Rishi, que tout le monde appelait Papo, elle, semble complètement perdue. Assise dans un coin de sa maison en tôle, elle fixe, le regard absent, les femmes qui sont en train d’installer le canapé mortuaire qui accueillera son fils plus tard. Sa mère Amla, 66 ans, est, elle, en larmes.
«Il serait peut-être toujours en vie si...»
Premila rassemble le peu de courage qu’il lui reste pour nous raconter d’une voix cassée, les circonstances dans lesquelles son fils a péri : «Il se trouvait chez notre voisin Mohun, un handicapé de 69 ans, quand un incendie a éclaté dans la maison vers 14h25. Mohun, qu’on appelle Chacha Komik, était en train de déjeuner chez sa sœur, qui est aussi notre voisine, à ce moment-là.»
Quand l’incendie éclate, personne ne sait que Rishi, qui allait fêter ses 18 ans en août, se trouve dans la bicoque en tôle et en bois de Mohun. Sa mère et les autres membres de sa famille pensaient qu’il était allé faire un tour, comme à son habitude après le déjeuner. Sollicités, les pompiers de St Aubin maîtrisent le feu avec la collaboration de volontaires. Peu après, ils font une découverte macabre à l’intérieur : un adolescent gît sur le lit, carbonisé. Rishi est très vite identifié car il avait ses habitudes chez «son ami» Mohun. Le rapport d’autopsie indique que Papo est décédé après avoir inhalé une grande quantité de fumée.
«Mon petit-fils serait peut-être toujours en vie s’il nous avait accompagnés au shivalapour des prières à l’occasion de la fête Ram Nawmi», regrette Amla qui décrit Rishi comme un garçon très pieux. Vendredi matin, Premila et son fils s’étaient rendus à l’hôpital de Souillac où l’adolescent avait un rendez-vous. Ils sont rentrés à la maison vers 13 heures. Après le déjeuner, Premila s’est mise à couper des légumes«pu manze karem tanto»pendant que sa mère Amla, sa sœur Lutchmee et son fils cadet, âgé de 10 ans, étaient au shivalapour la prière. «Mo ti panse Papo ansam ar zot», confie Premila qui s’occupe seul de ses fils depuis sa séparation d’avec son conjoint.
Rishi et Mohun étaient très proches, dit-elle. L’adolescent se rendait chez son ami presque tous les jours pour regarder la télévision. Tous les deux, très appréciés et populaires dans leur localité, aimaient aussi aller à la rencontre d’autres voisins sous la varangue d’une boutique. «Se enn sok terib pu tou dimun osi. Papo ti kuma dir nu zanfan mem sa», souligne un habitant du quartier.
Tous comptent sur la police pour faire la lumière sur les circonstances entourant cet incendie. À l’heure où nous mettions sous presse, la thèse d’un acte malveillant était écartée.
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