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Saisie de plus de 155 kg d’héroïne : La famille de Navind Kisnah s’inquiète

11 avril 2017

«Nous sommes sans nouvelles de mon frère depuis plus d’une semaine», confie le frère de Navind Kisnah. La dernière fois qu’il a donné signe de vie à sa famille, il y a quelques jours, cet habitant de Camp-Benoît, Petite-Rivière, a déclaré qu’il avait été arrêté à Maputo, au Mozambique. Ce courtier maritime présumé importateur de compresseurs contenant plus de 155 kg d’héroïne d’une valeur dépassant Rs 2 milliards fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Il a quitté le pays le 8 mars, à la veille de la première grosse saisie de 135 kg.

 

«Il nous a appelés pour nous dire de lui envoyer de l’argent pour ses besoins personnels après son arrestation à Maputo. Nous n’avons plus eu de nouvelles de lui depuis ce jour-là», précise le frère de Navind Kistna. Les membres de sa famille ont retenu les services de Me Rama Valayden et de Me Neelkanth Dulloo pour essayer d’y voir un peu plus clair. Les hommes de loi ont adressé plusieurs correspondances aux autorités pour s’enquérir de la situation. Mais ils sont également restés sur leur faim.

 

«Nous avons écrit auministère des Affaires étrangères, au Prime Minister’s Officeet au commissaire de police qui a, pour sa part, écrit à Interpol pour avoir des nouvelles de notre client. Nous sommes restés sans réponse. Le Premier ministre a publiquement déclaré que le directeur du National Security Service ne s’est pas rendu à Maputo alors qu’il y avait des informations selon lesquelles il se trouvait sur place», explique Me Dulloo. Du côté du Bureau du Premier ministre, on garde le flou sur le sort de Kistnah. Ce dernier négocierait-il pour être le star witness dans cette affaire ? C’est une possibilité. 

 

Sa famille, elle, dit «craindre le pire». Son entourage a peur qu’il connaisse le même triste sort que le constable Hurreechurn qui se serait donné la mort en cellule policière après son arrestation pour importation d’héroïne. «Nous ne nous sommes pas encore entretenus avec notre client mais nous avons cru comprendre qu’il avait déjà signifié son intention de rentrer au pays. De plus, il n’arrête pas de clamer son innocence dans cette affaire.»

 

La police n’est cependant pas de cet avis. Les limiers de la brigade anti-drogue sont en présence de plusieurs informations considérées comme «damming» contre le jeune courtier maritime. La dernière en date, c’est que Navind Kisnah aurait importé une dizaine d’autres cylindres depuis 2016 sous un autre nom : celui de Kushal Ramchurn. Il aurait été aidé en cela par un autre courtier maritime, fiché par la police, et lui aussi recherché par la police. 

 

Autre information qui ne joue pas en faveur de Navind Kisnah : il aurait échangé des appels téléphoniques avec Peroomal Veeren, surnommé le Pablo Escobar de Maurice, l’un des trois gros caïds qui sont soupçonnés d’être derrière cette importation de plus de 155 kg d’héroïne alors même qu’ils sont en prison pour des affaires de drogue. 

 

La proximité de Navind Kisnah avec Shahebzada Azaree joue également contre lui. La brigade anti-drogue soupçonne le patron de Gloria Fast Food d’avoir financé en partie l’achat de l’héroïne saisie dans le port. L’ADSU et la commission anti-corruption seraient en présence d’informations compromettantes sur lui. Il fait d’ailleurs l’objet d’une «objection to departure». Un dénommé Tiger, très proche de Dade Azaree, a été longuement interrogé par l’ICAC durant la semaine écoulée sur le volet de l’enquête consacrée au blanchiment d’argent. 

 

La commission d’enquête sur la drogue s’intéresse également à l’un des amis de Navind Kisnah et de Dade Azaree : un directeur d’un casino à Vacoas. Un directeur d’un bureau de change serait aussi proche de la bande. Tous auraient leurs entrées aux courses hippiques. Le directeur de Casino est soupçonné de blanchir l’argent de la drogue pour eux dans son casino.

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