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24 février 2015 13:05
Menottes aux poignets, c’est d’un pas pressé qu’il a monté les escaliers menant au bureau de la National Human Rights Commission (NHRC). En ce mercredi 18 février, les proches de Sheik Imran Sumodhee, venus en grand nombre pour le soutenir, cherchent le moindre contact avec lui. Un échange du regard, une poignée de main ou encore un simple bonjour. En vain.
L’important dispositif mis en place par la police pour le bon déroulement de cet exercice rend la tâche quasiment impossible. Mécontent de la situation, des voix s’élèvent. «Il n’est pas un criminel. Relâchez-le», peut-on entendre, alors que Sheik Imran Sumodhee pénètre dans le bureau de la NHRC escorté par deux gardes-chiourmes, alors que trois autres montent la garde à l’extérieur. Il est 13h05. Au deuxième étage du Renganaden Seeneevassen Building à Port-Louis, le panel d’avocats du condamné dans l’affaire l’Amicale fait son entrée. Parmi, Me Shameer Hossenbaccus.
À l’extérieur, Wachill, le fils de Sheik Imran, tente par tous les moyens de croiser le regard de son père, assis sur une chaise à l’intérieur de la NHRC. Au bout de quelques minutes, l’homme se retourne sur sa chaise et, à travers la vitre, fixe du regard la petite foule massée à l’extérieur en son nom. Certains lui sourient, d’autres lui font des signes de la main, à l’instar de Wachill qui tente de communiquer avec son père. «Je lui rend visite en prison. Les rencontres hors du milieu carcéral sont très rares. La dernière fois qu’on s’était vus en public, c’était l’année dernière, lors des funérailles de son frère», confie-t-il, d’une voix brisée par le chagrin.
Wachill, aujourd’hui âgé de 25 ans, n’avait que 9 ans lorsque son père a été arrêté dans l’affaire l’Amicale. C’était en mars 1999. La maison de jeux, située à Port-Louis, est victime d’un incendie criminel qui a coûté la vie à sept personnes, dont deux enfants et une femme enceinte.
Un an après le drame, Sheik Imran Sumodhee est trouvé coupable par un panel de jurés tout comme son frère Khaleel Oudeen. Nasseeb Keramuth et Shaffick Nawoor sont aussi arrêtés. Ils ont tous les quatre été condamnés à 45 ans de prison, bien qu’ils aient toujours clamé leur innocence dans cette affaire. «Nous n’avons jamais cessé de croire et de nous battre pour leur liberté. Ils sont innocents», soutient Rosida Sumodhee, l’épouse de Khaleel Oudeen, venue soutenir son beau-frère Sheik Imran.
C’est suite au rapport intitulé Wrongfully Convicted du panel d’avocats des frères Sumodhee, dont Rama Valayden, que la NHRC a rouvert l’enquête. «On espère vraiment que, cette fois, justice sera faite. Qu’on rende à mon père sa liberté. Qu’on rende aux autres quatre accusés leur liberté», crie, haut et fort, Wachill.
À quelques pas de là, Mourina Sumodhee, la mère de Sheik Imran, s’est affalée sur une chaise. Les larmes aux yeux, elle ne veut qu’une chose : serrer son fils dans ses bras, lui dire bonjour. «Depuis que j’ai fait une chute, je ne peux plus marcher correctement. Du coup, cela fait presque trois mois que je ne suis pas allée le voir en prison», confie-t-elle péniblement, alors qu’à l’intérieur, Sheik Imran continue de se battre pour retrouver sa liberté. Le visage complètement fermé, elle semble s’être apaisée lorsqu’à 15h23, l’un des avocats de Sheik Imran lui lance : «Uniquement la mère et les fils !»
Wachill lui, fait fi de cette instruction, et accompagnée de sa compagne, il entre dans la pièce. Mais très vite, la jeune femme en sortira, déçue. En tout et pour tout, Wachill, son frère Assad et Mourina, leur grand-mère, ont profité seulement de trois courtes et précieuses minutes avec Sheik Imran. «On est entrés à 15h23 pour ressortir à 15h26. On a échangé quelques mots, parlé de mon mariage qui aura lieu en juillet. On a fait une demande pour qu’il puisse y assister. On espère une réponse favorable», confie Wachill. Mais sa grand-mère Mourina, elle, a écrasé un sourire plutôt timide en sortant de la pièce, voulant conserver ce bref moment partagé avec son fils.
Par ailleurs, plusieurs personnes ont témoigné devant la NHRC dans le cadre de cette nouvelle enquête, dont le travailleur social Salim Muthy, présent ce jour-là, la belle-mère de Khaleel Oudeen Sumodhee, ainsi que d’autres proches. Affaire à suivre…
Me Shameer Hossenbaccus : «Mon client est soulagé»
Sheik Imran Sumodhee a été entendu par la National Human Rights Commission (NHRC) le mercredi 18 février. «Le panel d’avocats de la défense de Sheik Imran Sumodhee, à savoir Me Ramburn, Me Maleck, Me Bahemia et moi-même, est très satisfait du fait que la NHRC a accepté d’écouter la version de notre client. Ce dernier a répondu aux questions qui lui ont été posées. Il est soulagé depuis cet exercice qu’il espérait tant. À présent, nous attendons la suite de l’enquête», nous a déclaré Me Shameer Hossenbaccus.
À ce jour, une vingtaine de personnes ont déjà été entendues dans le cadre de l’affaire Amicale.
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