Publicité
27 juillet 2015 14:55
Il perd un second enfant en cinq ans. Khavir, le fils aîné d’Ali Bacsou, âgé de 18 ans, est mort dans un accident de la route en 2010. Et le samedi 18 juillet, le corps sans vie de Kaleem, 21 ans, a été retrouvé gisant dans la rue Paul-Toureau à Sainte-Croix. Selon le rapport d’autopsie, le jeune homme a succombé à une overdose. Il est décédé après un œdème cérébral et pulmonaire aigu, indique le médecin légiste. Des échantillons ont été prélevés à des fins d’analyse toxicologique pour savoir si c’est une drogue de synthèse qui a provoqué le décès de Kaleem Bacsou.
Ce dernier, qui travaillait comme mécanicien avec son père dans l’atelier de ce dernier à leur domicile, sur la route des Pamplemousses, laisse derrière lui des proches consternés. Notamment son père et sa mère Aminah. Ces derniers, parents de trois garçons et une fille, perdent leur second fils en cinq ans. Cela, alors que toute la famille célébrait l’Eid-ul-Fitr. Le jour du drame, Kaleem a d’ailleurs déjeuné avec les siens avant de sortir avec des amis vers 14h30. Une heure plus tard, son père le trouve en compagnie de ces derniers dans la rue Paul-Toureau. À ce moment-là, Ali lui demande de rentrer à la maison. Mais il ne le fait pas.
Vers 18h30, Ali tente de joindre Kaleem sur son téléphone portable. En vain. «Mon intuition me disait qu’il avait eu un problème. Je suis parti à sa recherche sur ma moto. J’ai cherché dans les coins qu’il fréquente d’habitude. C’est de cette façon que j’ai retrouvé sa moto dans une impasse», raconte Ali. Il se met alors à appeler son fils, mais c’est un autre jeune homme qui se montre. Ce dernier lui explique alors que son fils a laissé sa moto sur place, car il est sorti en voiture avec des amis.
Une heure plus tard, Ali fait une autre ronde après avoir essayé sans succès de contacter son fils par téléphone. Vers 20h30, il se rend à nouveau sur place, mais toujours rien. Aux alentours de 23h30, il l’appelle pour la énième fois, mais Kaleem ne décroche pas. Cependant, au moment où il s’apprête à se mettre au lit, il entend crier : «Un ami de Kaleem est venu me voir pour me dire qu’il était allongé dans la rue.»
Ali retrouve alors son fils en bordure de route, non loin de sa motocyclette, devant une maison. «Il était déjà mort. Il était allongé sur le dos et avait la bouche ouverte. Son corps était glacé», se souvient Ali. Ce dernier appelle alors la police, notamment parce qu’il a des soupçons : «Je soupçonne un foul play car il y a des zones d’ombre. La chemise de mon fils était en dehors de son pantalon. Tout porte à croire qu’on l’a traîné. Un témoin m’a aussi raconté qu’il est passé dans la ruelle pour aller garer sa voiture sans voir la dépouille de mon fils dans la rue. Et voilà que cinq minutes plus tard, son corps se trouve sur place.»
Plusieurs policiers sont mandés sur place. Les officiers spécialisés dans la collecte d’indices scientifiques sont également sollicités pour les besoins de l’enquête. Après avoir entendu Ali, ils soupçonnent les amis de la victime d’avoir tenté de maquiller son décès en accident de la route. Quatre suspects sont arrêtés : Abdool Rahim, 18 ans, Ismaël Annuth, 20 ans, Hazifah Mungralie, 26 ans, et son oncle Nawshad Mungralie, 52 ans. Ce dernier a d’ailleurs échangé des coups avec le père de la victime quelques semaines plus tôt. «Mo ti gagn problem ek enn dimoun ar ki li ti ete kan karem ti fek koumanse. Mo ti donn li kout pwin sa zour la. Li ti mont moto mo garson san ki ti ena deklarasion ek lasirans lor la. Li ti insilte mwa kan mo ti koz ar li», explique Ali.
Nawshad Mungralie est également le propriétaire de la maison où les jeunes hommes se seraient retrouvés pour consommer une drogue de synthèse. Les trois autres suspects et lui ont comparu au tribunal de Port-Louis le lundi 20 juillet. Ils sont provisoirement accusés de conspiracy to do an unlawful act. Ils ont été places en détention car la police a objecté à leur remise en liberté sous caution.
Ali confie qu’il savait que son fils fumait du gandia régulièrement. Mais il reste perplexe sur un fait précis : «Sink dimoun fime enn sel mor, ou trouv sa normal ou ?» Ses nombreuses interrogations restent pour l’heure sans réponses. Les funérailles de Kaleem ont eu lieu le dimanche 19 juillet. Sa dépouille repose à côté de celle de son frère au cimetière de Riche-Terre.
Publicité