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Tanvir, 20 ans, mortellement brûlée

21 septembre 2015

Tanvir, 20 ans, mortellement brûlée

Elle avait 20 ans et toute la vie devant elle. Mariée depuis trois ans, Tanvir Eckburally-Sadoolah avait des rêves et des projets plein la tête, comme toutes les jeunes femmes de son âge. Hélas, elle s’en est allée dans des circonstances tragiques. Grièvement brûlée le samedi 12 septembre, elle est morte à l’hôpital de Candos le lendemain. Victime, selon ses propres dires à la police avant de mourir, d’un épouvantable accident.

 

Dans son dying statement, cette habitante de Plaine-des-Papayes a déclaré qu’elle s’était brûlée alors qu’elle tentait d’allumer sa gazinière. Plus tôt, elle aurait fait tomber du kérosène sur ses vêtements alors qu’elle transférait le liquide d’une bouteille à une autre. Son époux, présent au moment des faits, lui aurait porté secours avant de l’emmener à l’hôpital où elle a finalement succombé à ses brûlures. Légèrement brûlé, Nasser Sadoolah, 35 ans, a été admis lui aussi. Il est toujours en soin. La police attend d’avoir sa version des faits pour avancer dans son enquête. Mais alors que Tanvir a parlé d’accident à la police, sa famille a des doutes concernant cette hypothèse. C’est du moins ce qu’avance Afizah Eckburally, 30 ans, la sœur aînée de la victime.

 

Selon Fazeelah, sa fille était régulièrement battue.

 

Quand nous la rencontrons chez elle, à Terre-Rouge, le jeudi 17 septembre, elle semble écrasée par le chagrin. La tête recouverte d’un voile beige et le visage marqué d’une profonde tristesse, elle pleure en silence avant de laisser exploser, d’une voix tremblante, sa colère et la douleur qu’elle ressent au plus profond d’elle-même depuis qu’elle a perdu celle qui l’appelait affectueusement «mama». «Je n’ai pas d’enfant. Et ma petite sœur était comme ma fille. Elle m’appelait d’ailleurs mama. Le samedi 12 septembre, nous avons reçu un appel téléphonique, nous informant que ma sœur se trouvait à l’hôpital et qu’elle avait été brûlée accidentellement chez elle. Mais nous ne croyons pas vraiment à cette version», soutient fermement Afizah.

 

«Je veux vivre»

 

La dernière conversation qu’elle a eue avec Tanvir avant sa mort laisse planer le doute, dit-elle. «Sur son lit d’hôpital, elle voulait s’en sortir plus que tout. Elle disait : “Je veux vivre.” Elle suppliait qu’on l’opère pour qu’elle guérisse. Mais son état était tellement critique qu’il était impossible de pratiquer la moindre intervention», confie Afizah avec énormément de chagrin. Mais la jeune femme a aussi dit autre chose : «Elle m’a promis qu’elle irait directement chez notre mère à Amaury lorsqu’elle serait autorisée à rentrer. Car elle ne voulait plus vivre sous le toit de son époux après ce qu’il lui avait fait subir. Elle m’a dit qu’elle ne lui pardonnerait jamais pour cela. Mais elle ne m’a pas dit de quoi il s’agissait. Est-ce que son mari a quelque chose à voir avec cette tragédie ? On veut savoir la vérité», lâche Afizah, déterminée malgré sa grande détresse.

 

Quelques heures avant le drame, la jeune femme aurait téléphoné à sa mère Fazeelah. «Elle m’avait appelée en début de soirée pour me dire qu’elle avait eu une dispute avec Nasser. Depuis environ deux mois, leur couple battait de l’aile. Ils se disputaient souvent. Vers 20 heures, ma fille m’a rappelée pour me dire qu’elle se trouvait dans la rue et attendait un transport pour venir chez moi, car elle ne pouvait plus rester chez elle. Mais elle n’est jamais venue», pleure Fazeelah, enveloppée d’un voile blanc.

 

Nafizah et Afizah ont des doutes quant aux circonstances entourant la mort de leur sœur.

 

Que s’est-il passé ? Pourquoi Tanvir est-elle rentrée chez elle ? Dans quelles circonstances exactes a-t-elle été brûlée ? Ce sont autant de questions qui se bousculent dans la tête des proches de Tanvir. Et auxquelles ils espèrent avoir des réponses très vite.

 

C’est en 2012 que, suite à une demande en mariage, Tanvir, 17 ans, épouse Nasser Sadoolah, 32 ans. Au début, c’est le bonheur parfait, selon les parents de Tanvir, mais le conte de fées aurait graduellement viré au cauchemar. «Elle nous disait qu’elle était battue. Mais elle n’allait jamais à la police. Elle pensait que son mari allait changer. Un jour, Nasser l’a même giflée chez nous, devant le reste de la famille. On lui a demandé de partir alors que Tanvir est restée avant de rentrer chez elle quelques jours plus tard.» En raison de ses problèmes conjugaux, Tanvir aurait même fait une dépression en août, à en croire sa mère, et se serait rendue à l’hôpital pour avoir de l’aide.

 

Tanvir Eckburally-Sadoolah était employée par le supermarché Dream Price. Ex-étudiante au collège Universal, elle a quitté l’école alors qu’elle était en Form III. Passionnée de cuisine et de films en hindustani, elle essayait de s’en sortir malgré ses nombreux problèmes, disent ses proches. Ils ajoutent qu’elle aimait la vie plus que tout. C’est la raison pour laquelle, sur son lit d’hôpital, elle a supplié les médecins de la sauver.

 


 

Nasser Sadoolah : «Je n’ai rien à voir là-dedans»

 

Peerbey Sadoolah assure que son fils a tout fait pour sauver son épouse.

 

Rencontré à l’hôpital, l’époux de Tanvir, Nasser Sadoolah n’a pas trop voulu faire de commentaires concernant les doutes et les allégations de sa belle-famille : «Je n’ai rien à voir là-dedans. Je laisse ma belle-famille dire ce qu’elle veut.» Peerbey Sadoolah, le père de Nasser, se dit, lui, très attristé par la mort tragique de sa belle-fille. «Je ne sais pas ce qui a pu se passer. Je n’étais pas là au moment du drame. Mes neveux ont entendu des cris provenant de la maison de mon fils. Ils ont tenté de venir en aide à Tanvir. Mon fils a également tenté de sauver la vie de sa femme. Il a lui-même subi plusieurs brûlures.» Il assure que son fils n’a rien à voir avec cette tragédie. «Il a tenté de la sauver. Mon fils n’a rien fait», clame-t-il. Selon Peerbey Sadoolah, Nasser serait très affecté par le décès de sa femme. La déposition de Nasser Sadoolah est très attendue par les enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Piton pour aider à faire la lumière sur ce drame.

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