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25 mai 2015 09:28
La paranoïa s’est installée dans la partie sud de l’île. Ce, après que plusieurs cas de tentative de kidnapping alléguée et de vol à la tire, sur des fillettes et des jeunes femmes, ont été rapportés. Ce qui donne lieu aux plus folles rumeurs, comme celle disant que des Bangladeshis circulant dans un van enlèveraient des gens pour faire du trafic d’organes. Sauf qu’aucune disparition n’a été signalée jusqu’ici.
Par contre, le jeudi 21 mai, une adolescente de 13 ans a rapporté avoir été témoin d’un enlèvement. Dans une déposition à la police, cette habitante de Chemin-Grenier a déclaré qu’elle se rendait au collège dans la matinée, vers 7h40, lorsqu’elle a vu un inconnu voyageant à bord d’un 4x4 noir, avec des vitres teintées, embarquer de force une jeune fille avant de démarrer à toute vitesse. Toutefois, depuis ce jour-là, personne n’est venue de l’avant pour dire qu’une jeune fille de la région avait disparu.
Quelques heures plus tard, une fillette de 9 ans, habitant Cité La Chaux, a également porté plainte à la police pour tentative de kidnapping. Dans sa déposition consignée en présence de sa mère, cette élève de Standard IV raconte qu’elle rentrait chez elle le 15 mai, après l’école, lorsqu’un 4x4 s’est arrêté à sa hauteur.
À l’intérieur, dit-elle, il y avait trois hommes encagoulés. L’un d’eux lui a demandé de venir avec eux pour qu’ils l’emmènent voir sa mère qui, selon eux, avait été admise à l’hôpital. Un autre a alors tenté de l’attraper par la main. Elle dit avoir résisté et avoir pris la fuite. Toutefois, les malfrats l’auraient suivie avant de disparaître lorsqu’elle a trouvé refuge chez sa grand-mère.
Une jeune femme de 25 ans, habitant Souillac, est, elle, traumatisée après avoir été victime d’une tentative de vol à la tire le mardi 19 mai. Elle rentrait chez elle vers 18 heures lorsqu’un motocycliste vêtu de noir et portant un casque intégral a tenté de lui arracher sa chaîne en or. Elle s’en est sortie avec une contusion au bras droit et cinq jours de congé de maladie. «Il a voulu m’étrangler. J’ai résisté. J’ai aussi crié. Il m’a poussée et je suis tombée. Je me suis relevée et j’ai pris la fuite», raconte-t-elle.
Cette habitante du Sud a fourni des détails sur son agresseur : «Il portait un casque, mais j’ai pu voir qu’il est de teint clair. Il est aussi assez grand physiquement. Il portait une veste noire et un pantalon de couleur sombre. Il avait également un gilet fluorescent. Je suis de petite taille. Je pense que l’inconnu m’a pris pour une adolescente qui revenait de ses leçons particulières.» Plusieurs autres cas de vol à la tire ont été recensés dans le Sud et de nombreuses victimes parlent d’un homme à moto vêtu de noir et d’un casque intégral, et même d’un fourgon qui serait posté non loin.
La police rassure
Tous ces cas surviennent après que deux écolières de l’Ouest ont rapporté, le jeudi 14 mai, avoir été victimes de kidnapping et d’agression. Depuis, ces fillettes de 10 ans ont été prises en charge par la Child Development Unit. L’une d’elles a raconté qu’elle se rendait à l’école au mois d’avril lorsqu’un 4x4 noir s’est arrêté à sa hauteur. Un inconnu serait descendu et l’aurait forcée à monter dans le tout-terrain qui était conduit par une autre personne. Un des kidnappeurs l’aurait fait inhaler quelque chose qui lui aurait fait perdre connaissance. Elle aurait repris ses esprits à proximité du dispensaire de son village. La fillette dit avoir aussi subi des attouchements.
Sa camarade de classe soutient également avoir été enlevée dans un 4x4 noir. Elle se rendait à l’école lorsque des inconnus l’auraient forcée à les suivre dans leur véhicule. Elle affirme que les hommes l’auraient violée à Bois-Marchand, avant de la déposer à proximité de son école. Elle a fourni des détails sur ses agresseurs : l’un d’eux aurait un tatouage au niveau du cou et il y aurait un sticker en forme de dragon sur le 4x4.
Le quartier général de la police aux Casernes centrales ne reste pas insensible aux cas de tentatives de kidnapping alléguées et de vols à la tire rapportés ces derniers jours. L’inspecteur Coothen, responsable du service de presse de la police, explique que le commissaire de police a pris des dispositions pour rassurer et protéger les habitants du Sud. «Plusieurs unités de la police sont déployées sur le terrain aux abords des écoles, collèges et abribus. Les policiers vont intensifier les barrages et vérifier tous les véhicules qui circulent dans les endroits où il y a des jeunes. Je tiens aussi à rassurer le public sur un autre point ; l’histoire d’un gang pratiquant un trafic d’organes n’est pas fondée», précise l’inspecteur Coothen.
Le commissaire de police invite aussi tous ceux qui auraient des informations crédibles sur les occupants du 4x4 noir en question de les communiquer à ses hommes en téléphonant au 148. Ce service est gratuit. Ce Police Crimestoppers Scheme Office est basé au Central Criminal Investigation Department. «Toutes les informations sont traitées en toute confidentialité et dans l’anonymat. Le 148 est différent du 999 dans la mesure où l’officier qui réceptionne l’appel ne vous demande ni votre nom ni l’adresse d’autant plus que le 148 n’a pas de caller ID. Les appels ne sont pas non plus enregistrés», souligne l’inspecteur Coothen.
La police demande d’utiliser le 148 désormais. «Nous lançons un appel à la population pour nous faire confiance et profiter de ce service afin de faire de Maurice un pays où il fait bon vivre», lance le responsable de la communication de la police.
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