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Un an après le meurtre de la petite Edouarda Gentil | Sa mère : «Je survis pour mes trois autres enfants»

19 avril 2016

Mirella Gentil à l’endroit où son petit ange avait été retrouvé.

La vie de Mirella Gentil s’est en quelque sorte arrêtée en ce mercredi noir du 15 avril 2015. Le jour où le petit corps sans vie de sa fille Edouarda, 11 ans, a été retrouvé, partiellement dénudé, sur le bord d’une route à Lapeyre, Nouvelle-France. L’enfant avait disparu lors d’une fête célébrée dix jours plus tôt dans le cadre du baptême de son voisin.

 

«C’est comme si l’on m’avait enterrée avec ma fille. Mais je dois survivre, je le fais pour mes trois autres enfants. Car ils ont besoin de leur mère», dit Mirella, le cœur serré de chagrin. Un an après la mort de sa petite princesse, la douleur de cette habitante de Cité Anoska est intacte. Elle ne peut contenir son émotionlorsqu’elle évoque ce drame qui a choqué toute l’île et qui demeure présent dans la mémoire des Mauriciens.

 

Chez elle, dans sa bicoque en tôle de deux pièces, presque rien n’a changé. La pauvreté saute toujours aux yeux. Mais la photo de la petite, qui à l’époque était posée sur une table basse, n’y est plus. «Je n’oublierai jamais Edouarda. Je vois son visage en permanence. Je l’imagine en train de jouer, d’aller à l’école. Celui qui a fait çane mérite pas de vivre», affirme-elle haut et fort. Car celle qu’elle chérissait tant avait toute la vie devant elle et plein de rêves qui ne deviendront jamais réalité.

 

Un premier suspect, Arnaud Boodram, avait été arrêté dans cette affaire. Puis il a été mis en liberté conditionnelle quand l’ADN de Jonathan Ramasawmy, un habitant de Cité Anoska, a été identifié sur le sous-vêtement que portait la victime. Mirella, elle, est désespérée par la lenteur de l’enquête policière. «Je vais voir les enquêteurs de temps en temps. Pour le moment, il ne se passe pratiquement rien. Le suspect incarcéré n’a toujours pas avoué, alors que les preuves scientifiques sont contre lui. Mais je ne pense pas qu’il ait agi seul. Il doit y avoir des complices, j’en suis persuadée», fait-elle ressortir.

 

Mirella a fait elle-même toutes les démarches administratives afin d’organiser une marche en hommage à Edouarda (voir hors-texte). «Je ne cesserai jamais de me battre pour que justice soit rendue à ma fille et pour que d’autres enfants ne connaissent pas le même sort.»

 

Dans la cité, poursuit-elle, ce crime odieux est toujours aussi commenté. «Les habitants ne parlent que de ça. La peur qu’un autre drame se produise est toujours là. Mais la vie doit continuer. Àun moment donné, je ne pouvais pas travailler car j’étais dépressive. Heureusement, je refais surface et j’ai repris le boulot. Mes démarches pour obtenir une pension ont abouti aussi. Je touche une aide de l’État pour mes trois enfants.»C’est pour eux qu’elle a décidé de continuer à vivre et de faire face au drame qui la hantera à jamais.

 


 

Une marche en hommage à Edouarda

 

Il y a déjà un an que la petite Edouarda Gentil nous a quittés, victime d’un crime inhumain. À l’occasion de ce triste anniversaire, Mirella Gentil a organisé une marche pacifique pour rendre hommage à sa fille partie trop tôt. Il est 11 heures, le vendredi 15 avril, lorsque nous arrivons au lieu de rendez-vous à Curepipe. Un tout petit groupe de personnes est présent. Il se compose de Mirella, de quatre membres de sa famille et de Patricia Toussaint, l’épouse du Parliamentary Private SecretaryStephan Toussaint.     

 

Vêtue de noir et blanc, Mirella Gentil affiche un regard perdu. Mais elle ne semble pas affectée par l’absence de sympathisants. «Ça s’explique très simplement : il pleut. J’ai le sentiment d’avoir une foule à mes côtés et le soutien de tous les Mauriciens», dit-elle. Sous une pluie battante, le cortège est parti de l’église Sainte-Thérèse et est arrivé vers 12h45 à 16e Mille, pour déposer une gerbe à l’endroit où le corps de la fillette a été retrouvé.

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