Publicité
11 octobre 2016 19:36
Ce laboureur de 59 ans travaillait sept jours sur sept pour économiser son argent afin d’accomplir le hadj avec son épouse en 2017. Cet habitant de Grand-Bois ne pourra pas réaliser son rêve ayant connu une fin atroce sous une benne. Le propriétaire du camion-benne a été arrêté.
Le domicile des Ramjane à Grand-Bois est très animé en ce début de soirée du jeudi 6 octobre. Il est 20 heures lorsque le namaz esha prend fin. Ceux présents se réunissent alors autour d’un repas. Mais l’heure n’est pas à la réjouissance mais au deuil. Quelques heures plus tôt, tous les membres de cette famille ont rendu un dernier hommage à Nazir. Ce laboureur de 59 ans avait connu une fin atroce le matin même alors qu’il se trouvait dans un champ de cannes.
Le corps sans vie de Nazir Ramjane a été retrouvé vers 6h30 dans un champ à Camp Bananes par le laboureur Harryparsad Seeballuck. Il était coincé sous une benne qui devait servir à stocker les cannes que les deux hommes et leurs collègues laboureurs allaient couper ce matin-là. Selon Harryparsad Seeballuck, il n’y avait pas de camion sur place à ce moment-là. La victime qui portait plusieurs blessures a succombé à des «cranio cerebral injuries», selon le rapport du médecin-légiste Dr Baichoo.
Peu après, la Major Crime Investigation Team a procédé à l’arrestation de Said Dusmahommed,le propriétaire de la benne et du camion qui a transporté celle-ci à cet endroit. Cet homme de 59 ans fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire. Une enquête est toujours en cours pour faire la lumière sur cette affaire.
Ce terrible drame plonge toute la famille Ramjane dans une profonde tristesse. Nazir, décrit comme un «hard worker», travaillait dur pour économiser de l’argent dans un but précis : il comptait accomplir le hadj l’année prochaine avec son épouse. Son nom figure déjà sur la liste provisoire des pèlerins compilée par l’Islamic Cultural Centre.
Son frère Nazim Ramjane est inconsolable. «Nazir se préparait pour lehadj. Il faisait beaucoup de sacrifices pourpouvoir se rendre en Terre Sainte. Il n’a jamais eu de problème avec personne. Je suis très triste pour lui», confie ce policier à la retraite qui s’était rendu célèbre en 1999 avec l’arrestation de Talat Jagessur qui s’était évadé de La Bastille avec d’autres détenus, notamment Rajen Sabapathee et Dalon.
Le choc
Le jour du drame, Nazir, père de deux filles et grand-père de cinq petits-enfants, a quitté son domicile vers 5h40 pour se rendre à Camp Bananes. L’accident qui lui a coûté la vie se serait produit quelques minutes plus tard. C’est Harryparsad Seeballuck qui a appris la terrible nouvelle à sa famille peu après le drame.
«Je venais de terminer la lecture du Coran lorsque Ramduth est venu me voir. Mon frère et lui étaient très proches. Ils étaient comme deux frères. La première chose qu’il m’a dite, c’est que mon frère était déjà intekal, c’est-à- dire, décédé. Il m’a dit qu’il l’a retrouvé sous une benne à cannes dans un champ. J’ai eu le choc de ma vie en apprenant cette terrible nouvelle»,raconte Nazim Ramjane.
Cet ancien caporal a pris quelques secondes pour reprendre ses esprits avant d’alerter ses proches qui habitent dans la même cour. Ils se sont alors rendus au domicile du propriétaire du camion qui avait transporté la benne dans le champ. Ce dernier n’habite pas très loin de chez eux. L’homme aurait nié toute responsabilité dans cette affaire, arguant même qu’il n’avait pas encore sorti son véhicule ce matin-là.
«Mo dir li tonn touy mo frer. Li dir mwa li pankor tir so masinn. Li osi dir mwa ki lavey ki li ti kit so corbey laba», déclare Nazim qui s’est par lasuite rendu au poste de police duvillage pour faire part aux policiersde ce terrible accident. «Nous nous sommes rendus sur les lieux avec la police. J’ai retrouvé mon frère dans une mare de sang. Il était méconnaissable»,souligne Nazim.
L’ancien policier explique que la tête de son frère était coincée sous la benne. Ce qui voudrait dire, selon Nazim, que la benne lui est tombée dessus en descendant du camion. Le véhicule a été placé sous scellé pour les besoins de l’enquête.
Publicité