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Par Elodie Dalloo
13 juillet 2023 17:12
«Vinn pran mwa, enn dimoun pe ba mwa !» Ce sont là les dernières paroles qu’aurait entendu Deoraj Issen de la bouche de son fils Vedanand, affectueusement appelé Long, qui l’avait contacté sur son cellulaire peu après midi, le dimanche 2 juillet. Ce dernier l’avait appelé, l’air paniqué, pour lui demander de venir lui porter secours parce qu’il se faisait agresser par un individu près de la boutique du coin. «Pa batt mwa, pa batt mwa !» C'est ce que son père l'a entendu hurler au bout du fil alors qu'il implorait son agresseur de lui laisser la vie sauve. Néanmoins, «de-trwa minit apre, monn aret tann so lavwa».
Lorsque les parents de Vedanand Issen se sont rendus près de la boutique Nagessur, située sur la route Diagonal, dans le village de Trois-Bras, à Petit-Raffray, c'était déjà trop tard. «Mo mama finn trouv so garson inn zet lekor, so portab ankor so dan so lame, lizie gran ouver. So likou ti transe», raconte l'une des soeurs de la victime. Sollicités, la police et les premiers-secours se sont rendus sur place. Examiné par un médecin du SAMU, Vedanand Issen, âgé de 37 ans, a été déclaré mort. «Pou enn mama ek enn papa trouv so zenfan dan enn leta parey, li pa fasil. Enn sel garson zot ena, se enn gran pert pou zot.» La dépouille de Vedanand Issen a ensuite été transportée à l’hôpital Jeetoo pour une autopsie. Celle-ci, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médicolégal de la police, a attribué son décès à un stab wound to the neck.
Quelques heures après le drame, les limiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Goodlands et de la Field Intelligence Office (FIO) de la Division Nord ont procédé à l’arrestation d’un suspect. Il s’agit de Moonishwar Athal, plus connu sous le nom de Rakesh, un tailleur de pierres de 48 ans habitant la localité. Soumis à un feu roulant de questions, il a plaidé la légitime défense. Il a raconté aux enquêteurs que cela faisait environ un mois que le trentenaire, dont il avait fait la connaissance à travers des amis communs, le provoquait. Ils auraient eu un différend concernant l’achat d’un véhicule. Il avance même que la victime s’était présentée chez lui il y a quelques semaines pour l’injurier, l’agresser et menacer son épouse et sa fille. Lorsqu’il l’a croisé près de la boutique, le jour fatidique, une dispute aurait à nouveau éclaté.
Interrogé par les enquêteurs, Moonishwar Athal allègue que la victime aurait sorti une arme tranchante de sa poche pour l’agresser, et que c’est pour se défendre qu’il la lui a arraché des mains et l'a poignardé à plusieurs reprises, entraînant sa mort. Quand Vedanand Issen s’est écroulé sur le sol sous ses yeux, il dit avoir pris la fuite parce qu’il a paniqué. Il a passé la nuit en détention avant de comparaître devant le tribunal de Rivière-du-Rempart, le lundi 3 juillet, sous une accusation provisoire de meurtre. Il a, ensuite, été reconduit en cellule, la police ayant objecté à sa remise en liberté. Sa prochaine comparution est prévue pour le 10 juillet. Il a retenu les services de Me Ravi Rutnah.
Célibataire et sans enfants, Vedanand Issen cumulait les petits boulots pour gagner sa vie. Ses trois soeurs affirment qu’il était quelqu’un de «gentil, serviable et généreux. Il aimait simplement s’amuser avec ses amis et profiter de la vie. Il vivait au jour le jour. Li pa ti enn dimoun ki pou al rod problem ar kiken. O kontrer, si lot dimoun ki ti pe gagn problem, li ti toultan premye pou defann so prosin». Des faits que confirment d’autres habitants de la localité. À l’instar d’une des connaissances de la victime, qui lâche : «Sa lager-la pa ti bizin ena mem sa, nou rest dan enn landrwa trankil, kot bann zafer koumsa pa arrive. Akoz errer enn lot dimoun, sa misie-la inn perdi so lavi».
Bouleversée, la plus jeune soeur de Vedanand Issen raconte : «À chaque fois qu’il savait que je viendrais lui rendre visite avec les enfants, il se démenait en cuisine pour nous préparer un repas. Li ti bien kontan mo bann zenfan. Li ti bien gat zot. Li ti bien kontan so fami.» Sans compter que, selon ses proches, Vedanand Issen faisait aussi beaucoup de social dans son village. «A sak fwa ki ti ena enn maryaz, enn mortalite ou enn la priyer, li ti touzour prezan. Li ti pe al donn koudme, li ti pe partisipe.» Ses funérailles ont eu lieu ce lundi 3 juillet.
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