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17 juillet 2017 02:06
Elle ne voulait pas que son petit-fils soit placé dans un abri pour enfants en détresse. C’est pour cette raison que Priya, mère de deux enfants, avait décidé de prendre sous sa responsabilité le petit Vishal, né en mars 2017. Pour ce faire, elle s’était rendue dans un bureau de la Child Development Unit (CDU) après avoir reçu la visite d’un officier de ce service à son domicile. «On m’avait ensuite convoquée pour voir si je voulais que l’enfant soit pris en charge par l’État, étant donné que sa mère, ma fille donc, est mineure. Je leur ai dit que j’allais m’occuper de mon petit-fils et de sa mère», confie Priya, complètement bouleversée. Mais l’enfant est décédé le jeudi 13 juillet à son domicile, à Camp-Levieux, alors qu’elle était au travail.
C’est par un appel téléphonique qu’elle a été informée du drame qui s’est joué dans sa maison. «Un premier appel m’a informé qu’on l’avait transporté à l’hôpital et quelques minutes après, on m’a annoncé son décès.» Dans la même soirée, *Sweety, la mère de l’enfant, âgée de 17 ans, a été interrogée par la police. Elle a expliqué qu’elle se trouvait seule avec le bébé et qu’elle l’a giflé à plusieurs reprises. À un moment, ne le voyant plus respirer ni bouger, elle a sollicité l’aide de son père, rentré entre-temps du travail, pour l’emmener à l’hôpital.
Allant plus loin dans ses aveux, la jeune fille a déclaré qu’elle frappait son bébé régulièrement, soit à chaque fois qu’elle se disputait avec le père de l’enfant, un habitant de Mont-Roches, dont elle vit séparée. Le jour du drame, suite à une énième dispute avec celui-ci, elle se serait une fois de plus défoulée sur le petit qui est décédé peu après. Selon le medecin légiste, le bébé est mort asphyxié après avoir régurgité le contenu de son estomac. L’adolescente a été arrêtée et inculpée pour maltraitance sur enfant alors que le père de l’enfant, âgé de 22 ans, appréhendé lui aussi, est accusé provisoirement de relations sexuelles avec mineure.
Priya, entre colère et tristesse, semble dépassée par les événements. «Je suis très en colère et bouleversée par ce qui s’est passé. Mon petit-fils n’aurait pas dû mourir ainsi», lance-t-elle. Elle a tout fait, dit-elle, pour offrir à sa fille une bonne éducation. «Mais dès qu’elle a intégré le collège, elle a rencontré cet homme et tout a changé. J’ai essayé de la raisonner pour qu’elle mette un terme à cette relation et se concentre sur ses études. En vain. Puis, l’année dernière, elle m’a appris, au cinquième mois de sa grossesse, qu’elle était enceinte. J’ai eu un choc.»
Mise devant le fait accompli, elle n’a pas trop de choix. «J’ai fait preuve de compréhension. Je ne l’ai pas chassée. Au contraire, je l’ai accompagnée à ses rendez-vous à l’hôpital. Mais elle était encore trop jeune pour avoir développé l’instinct maternel. Je m’occupais du bébé la plupart du temps quand j’étais à la maison», confie Priya, une employée d’usine.
En revanche, souligne-t-elle, sa fille n’était pas douée pour s’occuper du bébé, en raison de son jeune âge et de son manque d’expérience. Ce qui n’excuse pas, dit-elle, son comportement violent envers le nourrisson qui a fini par décéder.
La mère de l’enfant a participé à une reconstitution des faits le vendredi 14 juillet et a aussi rendu un dernier hommage à son fils dont les funérailles ont eu lieu le même jour. Elle a par la suite été reconduite en cellule policière. L’enquête policière se poursuit.
(*Prénoms fictifs)
Un cadre du ministère de la Protection des enfants nous a confirmé qu’il y avait eu une rencontre entre des membres de la CDU et la grand-mère de l’enfant, il y a quelque temps. Il ne peut toutefois pas, dit-il, préciser la date exacte. «Une rencontre a bien eu lieu entre des officiers et la grand-mère du bébé. Elle s’était présentée et avait décidé de prendre l’enfant sous sa responsabilité. Les officiers n’avaient noté aucun signe de maltraitance chez l’enfant et ont décidé de le laisser dans son environnement familial», confie notre source. Par ailleurs, avance-t-il, la politique du ministère est de réduire le nombre d’enfants dans les abris. «On a mis en place une stratégie qui s’appelle Back to Home. Donc, on travaille avec les parents afin de les responsabiliser avant de renvoyer leurs enfants chez eux.»
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