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17 novembre 2014 03:17
Devi* fait peine à voir. Cette habitante du nord de l’île est traumatisée à force d’avoir été malmenée au sein de sa famille. Selon ses dires, elle est le souffre-douleur de son mari et de ses fils âgés de 14 et 15 ans. Si elle a fui son foyer à plusieurs reprises pour se réfugier chez sa mère ou chez sa sœur, elle a fini par rentrer à la maison, à ses risques et périls, parce qu’elle n’avait pas le choix, dit-elle.
«Après quelques mois, ma mère et ma sœur me disent toujours de retourner chez moi à cause de mes enfants. Comme je n’ai nulle part où aller, je finis par rentrer. Mais à chaque fois, la violence recommence. Mon mari et mes fils me battent», soutient Devi, les larmes aux yeux. Âgée de 50 ans, elle se retrouve actuellement avec un bras plâtré. Le lundi 27 octobre, elle aurait une fois de plus été agressée par ses proches.
«Je touche une pension d’invalidité, car j’ai un problème de surdité depuis quelques années. Ce jour-là, mes fils et mon mari m’ont demandé de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes. Je leur ai dit que je n’en avais pas. Mais ils n’ont pas apprécié. Mon mari m’a maltraitée et mon plus jeune fils m’a rouée de coups. Ni mon époux ni mon fils aîné ne m’ont porté secours. Résultat, j’ai un bras fracturé», explique-t-elle.
Suite à ces événements, le mari de Devi a été arrêté. Il nie l’avoir maltraitée et donne une autre version. «Elle a fait une chute et s’est cassé le bras», a-t-il déclaré à la police. Il a été écroué à la prison de Beau-Bassin, car il était déjà en liberté conditionnelle pour le même délit. Il est également sous le coup d’une accusation provisoire de breach of protection order.
Devi, elle, persiste et signe. «Mon mari m’a maltraitée, mon fils m’a battue. Dans le passé, j’ai déjà porté plainte à la Child Development Unit (CDU). Je veux qu’on les prenne, car je n’en peux plus de subir la violence de mes propres enfants. Maintenant que leur père est en prison, ils me harcèlent pour que je le fasse libérer sous caution », pleure-t-elle.
Famille à problèmes
La CDU est au courant de ce cas depuis 2012. «C’est d’abord le père qui a porté plainte contre son plus jeune fils. Il disait que ce dernier le maltraitait. L’enfant a été suivi par un psychiatre, mais il ne venait pas régulièrement à ses rendez-vous. La même année, la mère a porté plainte contre ses deux fils pour maltraitance. Elle affirmait aussi qu’ils lui volaient son argent », raconte un agent de l’organisme.
Peu de temps après, Devi a déposé une deuxième plainte contre ses enfants à la CDU qui a référé l’affaire à la Brigade des mineurs. «La mère voulait que ses enfants soit placés au Rehabilitation Youth Center (RYC), mais le père s’y est opposé. Puis en 2013, ce sont cette fois le père et son fils aîné qui ont porté plainte contre la mère pour maltraitance. Elle a été verbalisée. C’est une famille à problèmes que nous suivons. Celle-ci a même bénéficié d’un indivual counselling et d’un group counselling programme. Le dossier a été transmis à l’Ombudsperson for children et la CDU continue son suivi», poursuit notre interlocuteur.
Devi, elle, veut plus que jamais que ses enfants soient placés au RYC afin qu’elle puisse retrouver une vie normale, sans avoir à craindre en permanence d’être violentée. «Monn deza gagn bate ziska fer noel dan lopital. Mo pa anvi reviv sa», ajoute-t-elle.
L’état de santé de Kavita, 39 ans, est encore plus grave. Selon les médecins, elle a été brûlée au deuxième degré. Elle est actuellement soignée à l’unité des grands brûlés de l’hôpital Victoria, à Candos. Cette mère de famille aurait été ébouillantée par son mari, de qui elle est séparée depuis près d’un an.
Les faits qu’elle relate se sont déroulés le samedi 8 novembre. «Je suis la propriétaire d’un bâtiment à Sainte-Croix où j’ai cédé un appartement à mon ex-mari. Ce jour-là, je me suis rendue sur place pour prendre l’argent du loyer chez une de mes locataires. Je suis alors tombée sur la maîtresse de mon mari qui a commencé à m’insulter. J’ai répondu à ses attaques quand, d’un coup, mon mari est arrivé avec un récipient entre les mains et m’en a lancé le contenu sur le corps. J’ai été brûlée à la poitrine», raconte-t-elle.
Le mari a été arrêté et a déclaré avoir agi dans un accès de colère. Il a cependant été remis en liberté après avoir versé une caution de Rs 5 000. Une enquête est en cours.
(*Prénoms modifiés)
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