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4 octobre 2025 13:39
Cet après-midi-là, en remontant la petite Rue Laseringue, à Avenue Palma, Quatre-Bornes, on ne s’attend pas à tomber sur une école. Le quartier est calme, les maisons se succèdent, et sans Google Maps, on aurait pu passer à côté. Puis, au détour d’un portail discret, tout change. Une signature dans le visitors book, un sourire chaleureux… et là, surprise. Au centre du jardin, une statue de la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus. Autour : un écrin de verdure, une vue dégagée sur les chaînes de montagnes et un silence serein qui contraste avec la vivacité d’un établissement scolaire. C’est le Collège Sainte Marie (CSM), un établissement catholique privé ouvert à tous ! Et dès les premières secondes, on ressent quelque chose. Une atmosphère paisible, presque suspendue. Comme si ce lieu avait une âme. Cette année, le collège a fêté ses 20 ans d’existence. 20 années à former des jeunes, dans un esprit d’excellence académique et de développement humain. Et pour marquer cet anniversaire, plusieurs temps forts ont rythmé le calendrier, dont une messe d’action de grâce célébrée par Mgr Jean-Michaël Durhône et le cardinal Maurice Piat, avec la présence d’anciens recteurs, de figures du diocèse, des chants, des prières, des souvenirs partagés. Sans oublier le lancement officiel du magazine des 20 ans récemment, véritable hommage à la créativité des élèves et à l’histoire du collège. Une école catholique, oui, mais surtout une communauté vivante, ancrée dans l’essentiel : foi, éducation et humanité. En 20 ans, Sainte Marie a grandi… mais elle a su rester fidèle à ce qui fait sa force : l’esprit de famille qui l’anime.
Derrière son regard discret, une voix posée et une conviction bien ancrée : pour Karen Parsooramen, enseignante en Sociology, Social & Modern Studies et catéchiste au sein de l’Équipe d’Animation Pastorale Scolaire (EAPS), au Collège Sainte Marie depuis 2018, éduquer, c’est d’abord accompagner l’élève dans toutes ses dimensions. «Ici, les classes ne dépassent pas 25 élèves. Ça change tout. Le lien se tisse naturellement. Et chaque jeune peut être entendu, guidé, encouragé.» Cette proximité permet une pédagogie plus fine, mais aussi une attention particulière au bien-être. «Nous avons une psychologue scolaire qui vient chaque semaine. Et une vraie structure d’écoute a été mise en place. Les élèves savent qu’ils peuvent parler, être soutenus, sans jugement.» Karen évoque aussi cette dynamique unique entre filles et garçons, propre à Sainte Marie : «Il n’y a pas de gêne, pas de barrières. Les jeunes apprennent à se respecter, à grandir ensemble dans un esprit sain.» Avec sensibilité, elle confie : «Parfois, certains enfants ne reçoivent pas toujours toute l’attention ou l’affection dont ils auraient besoin à la maison. Mais ici, on essaie de leur offrir cela aussi. Une forme de présence humaine, généreuse, inconditionnelle.» Pour elle, Sainte Marie est bien plus qu’un établissement scolaire. «Ici, on ne prépare pas juste des examens. On forme des êtres.»
Dès notre arrivée, Sophia Rahiman et Kairav Sewpaul, élèves en Grade 12 Pegasus, nous accueillent comme des hôtes familiers des lieux. Assis sur un banc, sous une ombrelle plantée dans l’immense jardin du collège, qui nous offrent une vue panoramique sur le terrain de basket et, au loin, sur la majestueuse montagne Corps de Garde. Une brise légère souffle et l’atmosphère douce donne le ton. La discussion s’engage avec naturel. Sainte Marie, pour eux, n’est pas juste une école : c’est un lieu de transformation. Sophia est arrivée en Grade 9, en pleine période de pandémie. «J’étais terrifiée à l’idée de changer d’école, je ne connaissais personne», confie-t-elle. Mais très vite, les peurs ont laissé place à la confiance. «Ici, j’ai trouvé une famille. C’est rare de ressentir un tel encadrement humain, tout en gardant une vraie rigueur académique.» Kairav, lui, a fait tout son parcours à Sainte Marie. «J’étais très timide. Cette école m’a aidé à m’ouvrir, à prendre confiance. Les profs, les camarades… il y a une vraie bienveillance. Même quand on change de classe ou de matières, on sent qu’on fait partie d’un tout.» Ce lien fort s’incarne aussi dans une tradition chère au CSM : le Buddy System. Chaque nouvel élève de Grade 7 est parrainé par un plus grand. «On les guide, on les rassure. Et cette année, les Grade 13 nous ont symboliquement passé le flambeau.» Concerts annuels, journées sans uniforme, Family Fun Day, intercollèges… les souvenirs ne manquent pas. «C’est une jeune école, mais elle a une vraie âme. On la quitte bientôt, oui… mais on part avec des liens et une fierté : celle d’avoir grandi ici.»
Dans l’administration du Collège Sainte Marie, difficile de manquer Audrey Esther. Pétillante, dynamique, toujours un mot gentil à la bouche, elle incarne ce pont essentiel entre les élèves, les parents et l’école. Depuis sept ans, elle est l’un des visages familiers du bureau d’accueil, présente et attentionnée quand un enfant a un petit bobo, un mal au cœur… ou une peine de cœur. «J’étais dans le privé avant, à cinq minutes de chez moi. Je ne connaissais rien au monde scolaire», raconte-t-elle. C’est un concours de circonstances – une amie qui part travailler au Qatar, une candidature spontanée – qui l’a propulsée à Palma. Un peu intimidée au départ, elle a été vite conquise. «Quand j’ai rencontré Mme Raynal, mon ancienne prof de maths devenue rectrice ici à l’époque, j’ai compris que j’étais au bon endroit.» Depuis, Audrey a trouvé sa voie et son rythme. Loin d’une routine, ses journées sont rythmées par les admissions, les appels aux parents, la gestion quotidienne, mais surtout, les échanges humains. «Même si je ne suis pas enseignante, les enfants passent souvent me voir, me parlent de leurs journées, de leurs petits soucis. Il y a du respect, mais aussi une belle proximité.» Elle a contribué à l’organisation de la messe des 20 ans de l’école, veillant à chaque détail logistique avec ferveur. «Voir les élèves chanter, les familles réunies dans la cour du collège, c’était un moment fort.» Ce qu’elle souhaite pour Sainte Marie ? «Que l’école soit plus connue, qu’on reconnaisse ce qu’on fait ici. Parce qu’on voit nos élèves arriver timides, parfois refermés… et repartir grandis, plus confiants. Ça, c’est la plus belle récompense.»
Avec ses 45 ans de carrière dans l’éducation, Dominique Séblin n’en est pas à son premier poste de direction. Mais Sainte Marie, dit-elle, a quelque chose de singulier. Depuis avril 2024, elle en est la directrice, après avoir dirigé trois autres collèges confessionnels. «Ce qui m’a frappée ici, c’est d’abord la taille humaine des classes. 25 élèves au maximum, parfois même cinq ou six dans les groupes spécialisés… Cela change tout. Cela permet d’enseigner autrement, de voir chacun, de les écouter vraiment.» Dans sa voix calme, posée, on sent l’expérience, mais surtout la conviction. À Sainte Marie, on n’est pas «un parmi tant d’autres». «Ici, même les plus réservés trouvent leur espace. Il y a une place pour chacun. Cette dimension relationnelle est précieuse, surtout dans un monde où beaucoup de jeunes se sentent perdus.» L’école s’appuie aussi sur un accompagnement plus global : spirituel, psychologique, pédagogique. L’équipe éducative se veut disponible, à l’écoute, réactive. Mais Dominique Séblin voit plus loin. Pour elle, les 20 ans de l’établissement ne sont pas qu’un anniversaire : ils sont un moment clé. «Dans l’éducation, il est important de jeter un œil dans le rétroviseur. On ne part jamais d’une page blanche. On s’inscrit dans une continuité et en regardant ce qui a été semé, on peut mieux construire ce qui vient.» Aujourd’hui, elle souhaite faire rayonner davantage le collège, mieux le faire connaître. «Il y a une belle énergie ici, un vrai esprit d’école, un engagement discret mais constant.» Et un message fort : dans un paysage éducatif parfois surchargé, Sainte Marie défend l’idée qu’on peut grandir autrement avec rigueur, mais aussi avec sens, avec respect et avec foi.
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