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5 octobre 2014 01:40
«L’allaitement, pour moi, n’était pas une évidence. Pas comme pour la majorité des mamans.» Anælle, maman de la petite Nellya, qui a récemment fêté ses deux ans, a donné le sein à sa fille pendant quatre jours, avant de décider de passer au biberon. Ce choix, d’un point de vue pratique avant tout, a aussi été motivé par l’envie de se détacher de «cette dépendance» que génère l’allaitement. Pourtant, au début de sa grossesse, Anælle était bien décidée à donner la tétée à son enfant. Bien qu’autour d’elle, les autres mamans n’arrêtaient pas de lui dire «ça fait mal», «c’est crevant», «t’es pas libre», «le bébé peut téter pendant des heures»…
Elle s’était documentée sur les forums en ligne pour avoir le maximum d’infos afin que tout se passe bien. Ce qu’elle a ressenti la première fois qu’elle a allaité sa fille ? «Rien», dit-elle, avant de poursuivre : «Aux prochaines tétées, c’est là que j’ai ressenti de la fierté. J’étais contente d’avoir suffisamment de lait pour pouvoir nourrir mon bébé. Puis, parce que tout se passait bien. Ça ne faisait pas mal comme on me l’avait dit et Nellya prenait bien le sein. Et à la clinique où j’étais, les sages-femmes et puéricultrices sacralisent l’allaitement. Elles me donnaient l’impression qu’allaiter faisait de moi une ‘‘super maman’’.»
Si tout se passe bien à la clinique, une fois de retour chez elle, la jeune femme décide de stopper l’allaitement et de passer au biberon dès le lendemain : «La fatigue commençait à se faire sentir. Être réveillée en pleine nuit et devoir donner le sein au bébé pendant une heure où plus ne me motivait pas autant qu’au début.» Pendant un mois, elle alterne entre le sein et le biberon. Avec la reprise de ses cours à l’université, la jeune femme trouve cette méthode beaucoup plus pratique. «Heureusement que j’avais un tire-lait à ma disposition. C’était vraiment utile pour désengorger mes seins du trop-plein de lait, même si ça donne l’impression d’être comme une vache à traire. Par moment, j’avais tellement de lait que mes seins étaient douloureux», raconte-t-elle.
Pas de sentiment de culpabilité pour Anælle. Le passage du sein au biberon se passe sans encombre et Nellya se porte à merveille. De quoi rassurer la jeune maman. Finalement, cette courte expérience a été bonne. Le seul petit bémol, dit-elle, c’est qu’elle est passée d’un bonnet C/D à un bonnet A : «L’allaitement avait apparemment abîmé mes seins, mais aucun regret. Je ne suis pas sûre que je recommencerai si je devais avoir un second enfant, mais, pour moi, ça valait le coup d’essayer une fois et de me faire ma propre expérience plutôt que de m’arrêter sur les on-dit et de rester dans l’ignorance. Aujourd’hui, je suis fière et contente d’avoir fait ce choix, même si ça n’a pas duré longtemps.»
Selon Myriam Szejer, célèbre pédopsychiatre et psychanalyste qui exerce à la maternité Antoine-Béclère (Clamart) en France, où elle pratique l’écoute post-partum, mais également auteure de L’Art de nourrir les bébés (Albin Michel, 2008), «l’allaitement n’est pas le seul paramètre. Je pense que l’état psychique des enfants compte aussi. Un enfant qui va bien et qui est nourri au biberon ira toujours mieux qu’un bébé allaité au sein et qui ne va pas bien. La maman ne donne pas seulement du lait, elle offre beaucoup plus : de la relation, du contact, de la sensorialité. L’essentiel, c’est que tout cela soit harmonieux». Le plus important est donc que la maman soit sereine et qu’elle nourrisse son enfant en toute quiétude.
Pour Rufaida, il n’y a jamais eu un moment de doute en ce qu’il s’agit de l’allaitement. Pour elle, donner le sein à son enfant était obligatoire. Comme Anælle, elle s’est aussi longuement documentée sur le sujet et a pris conseil auprès d’autres mamans de son entourage. «Prendre son enfant, ce tout petit être dans ses bras pour lui donner le sein et le nourrir, est une joie indescriptible. C’est un sentiment tellement intense qu’il n’y a pas de mots pour l’expliquer», confie-t-elle.
Si grâce à ses recherches, elle a su qu’il n’y avait rien de meilleur que le lait de maman pour la santé de bébé, nourrir Üthman, son petit garçon, au sein a créé une connexion complexe et pourtant forte avec lui. Cet acte tellement naturel lui fait se sentir tellement femme, et surtout tellement mère : «C’est une expérience formidable. Bien sûr, ce n’est pas tous les jours facile, mais on s’y habitue vite. Pour éviter les situations gênantes comme les remontées de lait inattendues, je prends des précautions avant de sortir. Et puis, certaines femmes sont assez pudiques et n’aiment pas donner la tétée en public. C’est aussi mon cas. Alors, quand je sors, je lui donne le sein dans la voiture ou dans un endroit à l’écart de toute agitation.»
Persévérance
Clayton est né à huit mois de grossesse. Sa naissance prématurée a conforté sa maman dans l’idée qu’il n’y avait rien de mieux que le lait maternel pour lui donner le meilleur des aliments afin de solidifier son organisme. Si, comme le souligne la jeune maman, certaines femmes pensent que l’allaitement est douloureux ou encore que ça déforme la poitrine, «ce n’est pas du tout le cas» rassure Clothilde. «Certes, elle prend un peu de volume, mais redevient presque normale après» dit-elle.
Clothilde est heureuse d’avoir fait le choix d’allaiter son fils.
Outre s’être énormément documentée sur le sujet, les précieux conseils de sa maman lui ont aussi été d’une grande aide car au début, confie-t-elle, ce n’est pas tous les jours facile : «il faut faire très attention à son alimentation, qui doit être saine pendant toute la période d’allaitement et pas de boissons alcoolisées. Cela demande beaucoup de patience, de persévérance et d’amour». Après six mois d’allaitement, la jeune maman a commencé à alterner avec le biberon et le passage pour Clayton s’est fait tout en douceur. Pour Clothilde, c’est sûr, ce fut une très belle expérience.
De nombreuses femmes craignent qu’au moment de reprendre le travail, après les trois mois de congé de maternité où elles sont constamment avec leur bébé, la séparation soit vraiment difficile à gérer. Même si c’est difficile et que son fils lui manque énormément, Rufaida a su s’en accommoder et a fini par alterner entre le sein et le biberon. «Je lui donne le sein avant de partir pour le travail et quand je suis à la maison. Quand je suis au travail, c’est ma maman qui s’occupe de lui et lui donne le biberon. La transition n’a pas été difficile. Pour moi, l’allaitement naturel, c’est ce qu’il y a de mieux et je lui donnerai le sein jusqu’à ce que je n’ai plus de lait», affirme la jeune maman.
Même si les premiers jours ont été difficiles pour Sandrine, l’allaitement a été bénéfique pour ses enfants.
Si pour nombre de femmes, l’allaitement est une expérience formidable, pour d’autres, ça ne se passe pas toujours aussi bien. Certaines mamans, pour des raisons esthétiques, préfèrent ne pas allaiter, car elles pensent que cela fait tomber les seins. Pourtant, cela n’a pas été confirmé et fait toujours polémique. Ce qui est définitif, c’est que le corps change. Entre le système qui se remet toujours de l’accouchement, bébé qui ne fait pas ses nuits et le train de vie qui change drastiquement, les mamans se sentent parfois submergées. C’est le cas de Sandrine, maman de deux enfants. Après son premier accouchement, les premières semaines ont été, confie-t-elle, compliquées. Ce qui a rendu l’allaitement plus difficile. «C’était dur dans le sens où il fallait se réveiller à toute heure de la nuit. J’étais fatiguée et stressée. Du coup, l’allaitement ne se passait pas vraiment bien. Mon fils buvait toutes les heures et je n’arrêtais pas de me poser des questions sur comment contrôler les tétées. En gros, j’étais perdue», dit-elle.
Cependant, au fil du temps, Sandrine se sentait un peu plus à l’aise chaque jour et elle a fini par allaiter son fils exclusivement au sein jusqu’à ses sept mois, confiante que le lait maternel est excellent pour la santé de bébé : «J’ai remarqué que mes enfants sont rarement tombés malade quand ils étaient tout petits. Je sais que le lait maternel contient énormément de bienfaits.» Et pour les mamans qui ne savent pas quelle décision prendre, Myriam Szejer a un conseil : «Consulter une sage-femme qui pourra les aider à déterminer le meilleur choix pour elles, le plus adapté à leurs souhaits, leur situation, leur mari… Et une fois leur décision prise, ne plus écouter leur belle-mère, leur pédiatre, leurs amies… Les amies, c’est bien pour soutenir, pas pour s’identifier.» Voilà qui est dit !
Bon pour l’immunité et le cerveau, protection contre les maladies telles que l’asthme et le diabète… depuis toujours, il est connu que le lait de maman est bon pour bébé et maman. Toutefois, une récente étude britannique vient remettre en cause les bienfaits de l’allaitement. Selon le Dr Cynthia Colen de l’Ohio State University, les bébés allaités ne seraient pas en meilleure santé que ceux qui prennent le biberon et ils auraient même plus de chance de souffrir de l’asthme. L’étude a été menée auprès de 8 237 enfants et l’allaitement n’avait pas de répercussion particulière sur la suite de l’évolution de ces enfants. Selon la spécialiste, les différences remarquées dans les études précédentes seraient dues au hasard, à l’éducation, à l’environnement dans lequel évolue l’enfant.
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