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Autistes : Tout un encadrement pour les aider à s’épanouir

8 avril 2014

Géraldine Aliphon (2e à g.) et des membres de son équipe.

Ils sont différents et ont besoin d’un encadrement spécifique. Pour aider les autistes à trouver leur place dans la société, l’association Autisme Maurice offre, depuis 2012, des cours spécialisés aux enfants, adolescents et adultes vivant avec l’autisme à l’île Maurice. Dans le cadre de la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme, qui a eu lieu le 2 avril, l’association, située à la rue Gabriel-Pitot, à Rose-Hill, a lancé son nouveau site Web afin d’accroître la sensibilisation, de permettre aux gens de devenir membres et de mieux informer la population sur leurs activités. 

 

Selon la directrice, Géraldine Aliphon, l’autisme est assez incompris à Maurice. «Il est décrit comme étant un trouble envahissant du développement qui affecte les personnes concernées dans trois domaines : la communication, la socialisation et le comportement», explique-t-elle. Ce trouble rend difficile l’interaction sociale dans la majorité des cas et nécessite un accompagnement constant à vie, poursuit Géraldine Aliphon. «Nous militons depuis 2009 pour sensibiliser la population. L’enfant est né autiste et reste autiste tout au long de sa vie. On ne guérit pas de l’autisme, mais on peut apporter des changements positifs à la vie des enfants s’il y a une intervention précoce et une bonne prise en charge sur le long terme.» 

 

L’Association Autisme Maurice accueille 24 élèves âgés de 5 à 12 ans, répartis dans six classes et encadrés par des éducateurs spécialisés. Les parents bénéficient aussi d’une formation afin de mieux aider et comprendre leurs enfants. Des ateliers sur l’alimentation, le sommeil, les troubles du comportement et l’autonomie ont lieu chaque fin de mois avec l’aide de l’association Autisme Réunion. Pour mener sa mission à bien, Géraldine Aliphon, elle-même mère d’un enfant autiste, s’est entourée d’une équipe de formateurs qui sont tous dans cette même situation. «Au début, ça a été le choc, mais je n’ai pas baissé les bras. Il faut pouvoir en parler autour de soi, rejoindre des associations», dit la présidente d’Autisme Maurice, d’où son initiative. 

 

En ce qui concerne la vie quotidienne au centre, les éducatrices ont du pain sur la planche : «Les activités offertes aux enfants sont des sessions académiques comprenant l’apprentissage de l’écriture, l’introduction à la lecture, le dessin, la peinture, la danse et le théâtre, des thérapies telles que l’ergothérapie, la speech therapy et l’équitation qui permet une bonne interaction entre les chevaux et les enfants», souligne Corine Groëme, éducatrice. «Il faut connaître leur routine, leur quotidien, c’est un grand travail d’observation. Les difficultés que je peux rencontrer concernent plus précisément les cas où l’enfant n’arrive pas à communiquer verbalement et, là, j’essaie tant bien que mal de connaître ses besoins», poursuit-elle.

 

Un travail de longue haleine, confie Clothilde Bhogaloo, autre éducatrice à Autisme Maurice : «On doit essayer de deviner ce qu’ils pensent. Ils ont beaucoup de potentiel. Ils ont des mémoires visuelles extraordinaires, ils sont méticuleux. C’est souvent la société qui les rend handicapés. Mon travail continue à la maison avec mon enfant. On partage nos expériences entre encadreurs.»

 

Le but de l’association est aussi d’offrir aux enfants un moyen de retrouver leur autonomie un jour. Prendre son bain ou aller à la boutique du coin, cela peut nous paraître anodin, mais il s’avère un vrai parcours du combattant pour les autistes. «Leur apprendre ces gestes de manière précoce, même pour ceux qui sont déjà grands, représente un vrai espoir d’atteindre une étape supérieure à l’avenir», soutient Géraldine Aliphon. 

 

Les éducateurs ont eux-mêmes reçu une formation poussée pour encadrer les enfants autistes. «Au cours de leur formation, les éducateurs ont surtout dû apprendre comment gérer les troubles du comportement des enfants. Leur formation dure quatre ans durant lesquels ils sont pris en charge par des ergothérapeutes, orthophonistes et  psychologues.» Des intervenants venant  de La Réunion ont aussi régulièrement animé des «crash courses». 

 

L’association offre également  des séances de formation aux autres encadreurs travaillant dans d’autres centres dédiés aux autistes. En effet, c’est une toute autre pédagogie. Certes, l’objectif est le même – éduquer un enfant – mais la méthode doit être complètement différente. Ce sont ces méthodes que les encadreurs mettent en pratique tous les jours pour faciliter l’apprentissage à l’écriture et rendre ainsi les élèves plus indépendants. La vigilance doit aussi être de mise car les enfants se sauvent souvent ou peuvent accidentellement se faire mal. Dans ce genre de situation, on peut difficilement parler de simple travail ; c’est une vocation. Avec la participation des parents, le centre continue ses opérations et contribue à changer la vie de beaucoup de malades. 

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