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18 octobre 2014 22:23
Dans certains cas, même les plus belles histoires d’amour ont une fin. Au début, on fait face du mieux que l’on peut, persuadé que, dans cet abîme, on trouvera une sortie de route pour sauver son couple, ou du moins ce qu’il en reste. Malgré les conflits, les désaccords, les blessures souvent profondes et impossibles à oublier, et l’amour qui s’estompe de jour en jour, on s’accroche du mieux que l’on peut parce que l’on n’imagine pas mettre un trait à une si grande partie de sa vie, parce que l’on s’est marié pour le meilleur et pour le pire, et parce qu’il y a les enfants, principalement, et que l’on a peur des répercussions qu’un tel événement pourrait avoir sur eux. Du coup, on reste. Et puis, on ne s’imagine pas tout recommencer à zéro. Ensuite vient un temps où l’on ne peut plus rien supporter, où la situation devient intolérable. Et dans ces cas-là, la séparation devient inévitable.
Arriver à un tel constat est dur à encaisser. Choisir de divorcer est certainement l’une des décisions les plus difficiles que doit prendre un couple. Bien qu’aujourd’hui, le divorce soit de plus en plus banal, puisqu’il y en a autant que les mariages, c’est une étape douloureuse et compliquée pour les partenaires. Dans certains cas – aussi rares soient-ils –, le divorce s’impose comme une évidence. Le couple décide alors de se séparer en douceur et à l’amiable. Ce n’est pas le cas de Padmini qui, dit-elle, a vécu un véritable martyre pendant des années aux côtés de celui qu’elle avait aimé. Après avoir tenu bon pendant plus de dix-huit ans, elle a finalement décidé de jeter l’éponge. Pourtant, au début de leur histoire et au fil des années qui avaient suivi leur mariage, tout se passait bien. Avec leurs deux enfants, ils formaient une belle famille. Bien sûr, tout n’était pas toujours rose. Comme dans chaque famille, il y avait des hauts et des bas, des joies et des larmes, des moments de bonheur et des crises qu’il fallait gérer.
Mais les crises, il y en avait un peu trop et de plus en plus souvent. Le dialogue avait laissé place à des piques, des incompréhensions et des reproches incessants. Le plus gros problème, confie-t-elle, c’était l’alcool. Plus les années passaient et plus la consommation de son ex-mari devenait de plus en plus importante. Lui, refusait catégoriquement d’accepter son addiction à l’alcool. Elle, commençait à ressentir du «dégoût» pour l’homme qui partageait sa vie. Au moindre petit conflit, la situation prenait des dimensions inquiétantes : «Il critiquait la nourriture, le ménage, la maison, rien n’était jamais assez bien pour lui. Dans ces moments-là, c’était insultes sur insultes. Des paroles qui vous blessent au plus profond de votre âme, des mots que vous n’auriez jamais imaginés sortir de sa bouche.» Malgré cela, Padmini tient bon pour ses enfants, pour son mariage qui, malgré ses efforts, bat de plus en plus de l’aile. «Cela devenait toxique pour nous tous, mais principalement pour mes enfants. Ils étaient ados et ils ne pouvaient plus vivre dans une telle situation», déclare Padmini.
Alors qu’elle n’avait justement jamais envisagé le divorce à cause de ses enfants, le soutien de ces derniers, qui l’encouragent à entamer les procédures, finit par la persuader. «Ce n’était pas facile d’arriver à une telle conclusion. Mon mariage, la famille que nous formions tous ensemble, c’était quand même toute ma vie. J’allais avoir cinquante ans. Je me demandais ce que j’allais faire, ce qui allait advenir de notre maison. Les questions se bousculaient dans ma tête, mais nous n’étions pas heureux et nous nous faisions beaucoup de mal», souligne Padmini.
Compromis
Si Padmini a pris des années avant de franchir le pas, d’autres ne se donnent pas autant de temps. C’est le cas de plusieurs jeunes couples qui préfèrent ne pas laisser la situation traîner en longueur. Vincent Garcia, psychanalyste et auteur de Satisfaits ou divorcés (Éditions Milan, 2007), a une explication à cela : «Dans bien des cas, les couples se séparent trop vite. De plus en plus, on consomme le couple et on le jette quand il ne nous satisfait plus. Avec l’individualisme et la quête d’épanouissement personnel, qui règnent actuellement, les frustrations sont plus douloureuses, moins acceptées. On a moins tendance à faire des compromis. Mais toute crise de couple n’implique pas une séparation impérative.» Pourtant, de nombreux jeunes couples ne se montrent pas aussi tenaces. David avoue que son mariage aurait peut-être duré si lui et celle de qui il est séparé aujourd’hui s’étaient montrés un peu plus forts. Après deux ans de mariage, le couple a décidé de mettre fin à son union. «Je pense qu’on y est allé un peu vite. On était ensemble pendant un an avant de s’installer ensemble. Quelques mois plus tard, on était mariés. Bien sûr, au début, comme on dit toujours, tout nouveau, tout beau. Dans la vie de tous les jours, on découvre l’autre sous un autre jour et c’est là que les problèmes émergent», déclare-t-il.
Entre les habitudes de l’un et les exigences de l’autre, les choses se gâtent entre les partenaires : «Il y a eu tellement de disputes. Elle me reprochait d’être trop proche de ma mère, de la négliger et moi je ne supportais pas qu’elle passe des commentaires sur elle. Du coup, c’était des reproches et des disputes sans fin.» Plus les choses allaient mal entre eux, plus David s’éloignait. Au travail, avoue-t-il, il se rapproche d’une de ses collègues avec qui il finit par avoir une aventure. Un coup fatal pour son couple qui ne résiste pas à cette trahison. Aujourd’hui, souligne-t-il, il se dit conscient que son acte n’est pas pardonnable : «J’étais frustré et, avec nos disputes, nous n’étions plus vraiment un couple. Je sais que ça n’excuse en rien le fait que je l’ai trompée, mais j’ai fait une bêtise. Elle ne l’a pas supportée. Elle a quitté la maison et a demandé le divorce. Je n’ai pas objecté. Nous n’aurions pas pu continuer de toute façon.»
Dans un couple, lorsque la routine s’installe, certains partenaires croient que tout est acquis. Du coup, ils ne se remettent pas en question, n’essaient pas d’entretenir cette relation. Quand les problèmes éclatent, d’autres ont tendance à se positionner en tant que victime. Finalement, on se retrouve dans un cercle infernal et la vie à deux devient impossible. Mais dans ces cas-là, est-ce vraiment la bonne décision ? Ne jette-t-on pas l’éponge un peu trop vite ? Comment le savoir ? Selon le psychanalyste Vincent Garcia, ce n’est pas évident : «Ce qui est sûr, c’est que l’on ne se met pas en couple par hasard. C’est pareil pour le divorce. Il est important, avant de prendre une décision définitive, de revenir aux sources. De se rappeler ce qui nous a plu chez l’autre, pourquoi nous sommes ensemble, où en est notre projet de couple, et si l’on a le désir, ou pas, de continuer ensemble», ou de laisser une importante partie de sa vie s’écrouler…
(*Prénoms fictifs)
Famille nombreuse, famille heureuse. C’est du moins ce qu’affirme une équipe de chercheurs et de sociologues de l’Ohio, aux États-Unis. Ces derniers ont récemment mené une étude publiée dans The American Sociological Association, sur les facteurs de risque du divorce, et ils ont constaté qu’être né et grandir dans une famille nombreuse protégerait en quelque sorte de la séparation. Explications de la sociologue Donna Bobbitt-Zeher : «Plus de frères et de soeurs se traduit par davantage d’expériences dans ses relations aux autres. Manifestement, cela semble aider les personnes issues de familles nombreuses, avec leur conjoint dans leur vie d’adultes.»
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