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15 mars 2014 14:00
Terrorisé à l’idée de prendre l’avion ? Effrayé face à la perspective de prendre la parole en public ? Paralysé à la simple vue d’une araignée ? Peur de la mort ? Mortifié à l’idée d’être rejeté ? Instantanément, votre pouls s’accélère, vous vous mettez à trembler, à suer et à ressentir des spasmes au niveau de l’estomac.
Nous avons tous connu ce sentiment au moins une fois dans notre vie. Cette émotion, c’est la peur. Ce sentiment fondamental, tout à fait normal et humain que l’on ressent face à une situation de danger ou de menace, jalonne notre vie au quotidien.
Il y a les craintes superficielles comme la peur des insectes, des animaux ou encore du vide et de l’avion, et celles qui sont beaucoup plus profondes et qui nous gâchent la vie comme la peur de l’abandon, de la douleur ou encore de l’échec. Certaines sont présentes, enfouies dans notre cerveau, depuis notre naissance. D’autres se développent au fil des années face aux expériences de la vie.
Explications de la psychologue Aisha Seedat : «La peur est un sentiment tout à fait naturel et normal. Les bébés, par exemple, ont peur de la séparation et du bruit jusqu’à l’âge d’un an. Jusqu’à 5 ans, ils craignent le noir, les étrangers et les animaux. En grandissant, un humain ressent alors des peurs sociales. Il se soucie du regard des autres, de sa performance, de son apparence. Il a peur de se dévoiler, d’être rejeté.» On en devient conscient lorsque cette peur se transforme en un état de stress et d’anxiété.
La peur est faite de trois composantes : physique, cognitive et comportementale. On a la chair de poule, le cœur qui bat à cent à l’heure, les mains moites et des crampes au niveau du ventre. Et puis, il y a cette peur paralysante qui nous empêche littéralement de décoller les pieds du sol et d’aller plus loin. Souvent, la personne se sent prise en otage par ce sentiment oppressant qui l’amène à nourrir des idées négatives et à vivre dans une situation de frayeur permanente.
Il y a aussi ces personnes qui vivent avec des craintes profondément ancrées en elles, sans aucune manifestation physique. La peur du changement, du danger, de l’échec, de l’engagement, par exemple, survient souvent après avoir vécu une expérience traumatisante. Mais il existe une autre explication. Ressentir ce malaise est aussi lié à la personnalité d’un individu et de l’estime de soi. «Une personne qui a peu confiance en elle à la base aura très probablement peur de l’échec face à un changement, à un nouveau projet ou à une nouvelle relation», précise la psychologue.
Phobie
Certaines peurs sont tellement fortes qu’elles se transforment en phobie. Pourtant, il y a une différence entre les deux. Contrairement à la frayeur, la phobie, explique Aisha Seedat, est un trouble excessif et irrationnel qui surgit face à quelque chose qui réveille chez la personne une hystérie presque incompréhensible. Comment expliquer, par exemple, une peur maladive face à un minuscule insecte alors que théoriquement parlant, la bestiole ne pourrait pas nous faire grand-chose ? Tout simplement, «la personne sait qu’il n’y a rien à craindre, mais elle ne sait pas contrôler cette peur et ça peut devenir un handicap important dans sa vie», souligne Aisha Seedat.
Nous ne sommes pas toujours conscients des peurs qui nous animent. Il y a certaines personnes qui affirment haut et fort que rien ne leur fait peur, mais selon la psychologue, ne ressentir aucune peur est quasi impossible : «Il y a toujours quelque chose de sous-jacent sous une telle affirmation car c’est humain d’éprouver de la peur. Ces personnes sont souvent à la recherche de sensations fortes et l’adrénaline vient justement de ce sentiment de peur et du fait de devoir l’affronter.»
Chez quelques personnes, la peur est un mal nécessaire qui donne des ailes pour combattre une situation difficile et se dépasser. Tout dépend, en fait, de la capacité à gérer et à tirer profit de ces situations. Les affronter et les vaincre redonne de la confiance, de la motivation et incite à se remettre en question, à peser le pour et le contre. Pour faire face à sa peur, il faut d’abord la comprendre et l’accepter avant de trouver des stratégies pour la dompter. «Il faut qu’on arrive à accepter que nous sommes faits ainsi et qu’il n’y a rien de honteux à cela», déclare Aisha Seedat. Ceux qui ressentent des peurs irrationnelles peuvent vivre des situations humiliantes car, en réalité, ces craintes n’ont pas vraiment de sens.
Pour les vaincre, les confronter peut nous aider à tirer un trait sur ce qui nous mine, à développer notre courage et notre maîtrise de soi. Sinon, en parler avec ses proches peut être bénéfique car cela amène d’autres perspectives dont le fait de comprendre que nous ne sommes pas les seuls à ressentir de telles choses.
Relativiser et positiver aident aussi à en finir avec ses peurs. Il nous suffit de voir le bon côté des choses. Par exemple, avoir peur peut agir comme un garde-fou. Ce sentiment nous empêche de nous jeter à corps perdu dans des activités dangereuses qui peuvent potentiellement nous faire du mal. Et quand les choses sont incontrôlables, qu’elles nous minent au quotidien et empêchent l’épanouissement, voir un psychologue ou un autre professionnel est probablement «la» solution pour tirer un trait sur ce qui nous gâche tant la vie.
Le saviez-vous ?
La peur du dentiste se transmettrait-elle des parents aux enfants ? Selon une étude réalisée par des chercheurs espagnols, cette crainte serait héréditaire. Selon les scientifiques, les enfants craignent davantage le dentiste lorsque leurs parents, et particulièrement leur père, en ont également peur. Ce dernier aurait un rôle clé dans la transmission de la peur du dentiste de la mère à l’enfant. «Les enfants semblent faire principalement attention aux réactions émotionnelles de leur père quand ils décident si la situation chez le dentiste est potentiellement stressante»,
a expliqué Lara Sacido, un des auteurs de cette étude.
Les confidences de…
Isabelle : «J’ai peur de souffrir»
Ma plus grande peur est de ne pas trouver l’amour et de rester seule toute ma vie. En même temps, cela est assez contradictoire car je ne facilite pas vraiment les choses. J’ai du mal à m’ouvrir aux autres, à leur faire confiance. C’est instinctif chez moi. Je me méfie. Je suppose que cela est dû à des coups que j’ai reçus dans le passé, plus précisément à une histoire. Une histoire classique comme on en entend partout et qui, pourtant, m’a cassée.
J’étais amoureuse d’un garçon avec qui je sortais depuis un bout de temps. Subitement, il m’a dit qu’il souhaitait tout arrêter parce que je méritais mieux. Évidemment, je n’ai rien compris jusqu’au jour où j’ai appris qu’il y avait une autre dans sa vie. Du coup, ça fait trois ans que je suis célibataire. Certes, j’ai fait d’autres rencontres, mais c’est uniquement physique. Je ne m’investis pas sur le plan sentimental et je place toujours une barrière entre la personne et moi. Je ne me sens pas prête à aimer quelqu’un, même si j’en ai envie. Le fait est que j’ai peur de souffrir. Je crois que je fais un blocage. Je ne veux pas revivre la même chose ou connaître le pire.
Avisha : «Je ne peux pas dormir s’il y a un lézard dans la chambre»
Vous n’allez peut-être pas le croire, mais j’ai une peur bleue des lézards. C’est physique, je ne peux pas les voir. Ils me donnent la chair de poule. Une fois, je faisais la sieste et un lézard m’est tombé dessus. J’ai senti un truc froid me marcher sur la jambe. C’était horrible. Depuis, je ne peux pas dormir s’il y a un lézard dans la chambre. Quand je ne trouve personne pour l’enlever, je reste les yeux grands ouverts, à fixer le plafond et les moindres mouvements de la bête.
Impossible de fermer l’œil. Je déteste la manière qu’ils ont de se tortiller la queue dans tous les sens comme s’ils s’apprêtaient à vous sauter dessus, à rester immobiles quand vous les regardez et à se faufiler dès que vous détournez les yeux. Quand j’en parle, mes proches ont tendance à me dire que j’en fais tout un plat ou que je suis bête parce qu’un minuscule lézard ne pourra rien me faire. Ce n’est pas faux, mais je ne peux pas expliquer pourquoi j’en ai si peur.
Kersley : «Je crains d’être médiocre»
Je crois que je crains d’être médiocre. C’est la chose que je redoute le plus dans la vie. Le fait de n’être pas bon à quelque chose, cela passe encore car il y a des perspectives d’amélioration. Mais être médiocre, c’est avoir du potentiel et le laisser dormir ou pire. Cela voudrait dire que l’on se complaît dans un état qui n’apporte rien à l’individu et à l’entreprise dans laquelle on bosse. Et je ne peux pas me résoudre à cela.
Je pense que le seul moyen de dépasser cette crainte, c’est de se poser les bonnes questions. Par exemple, est-ce que je suis en train de donner my best shot dans le projet qui m’incombe ? Je cherche le feed-back des autres car je travaille dans un département de service. Pour être bon, je fais toujours des recherches à travers des séminaires, le Web ou encore les bouquins afin d’avoir une bonne connaissance et trouver la meilleure façon de perform.
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