Publicité

Divorce : Séparés, mais amis…

16 septembre 2016

Tirer un trait sur des années de mariage, sur une vie de famille, sans se déchirer, sans bataille ni trop de douleur. Pour la majorité des couples, cette réalité semble abstraite, voire impossible. Se séparer de la personne que nous avons un jour choisie, aimée, désirée et avec qui nous avons tant partagé et fondé une famille, c’est un choix difficile et douloureux. Mais souvent nécessaire lorsque l’union devient toxique.

 

Pour beaucoup de couples, le divorce rend fou. C’est la guerre des nerfs, de celui qui sera le plus fort, la guerre tout court. Il n’y a pas de beau divorce comme il n’y a pas de bonne guerre, dit-on. Cependant, certains, bien qu’ils soient rares, essaient de se séparer en douceur, sans se balancer des horreurs à la figure, sans coups bas, sans violence, sans s’arracher les enfants qui se retrouvent souvent pris entre deux feux.

 

C’est justement pour éviter que son fils ne se retrouve tiraillé entre ses parents que Gladys, une jeune retraitée de 60 ans, a tout fait à l’époque pour que la séparation se passe en douceur. Après dix ans de mariage, raconte-t-elle, la séparation est apparue comme une évidence : «Pour nous, c’était clair que nous devions faire nos routes séparément car notre couple ne fonctionnait pas. À l’époque – c’était en 1987 –, le divorce était encore mal vu, mais nous ne voulions pas faire semblant.Ce qui m’importait, c’était le bien-être et l’épanouissement de mon enfant.»

 

D’un commun accord, Gladys continue à habiter, avec son fils, dans la maison construite sur le terrain familial de son ex-mari, où elle vit entourée de toute sa belle-famille. «Je dois dire que j’avais des beaux-parents et une belle-famille formidables. Ils ne m’ont jamais repoussée ou fait sentir que je ne faisais plus partie de la famille», dit-elle.

 

Bien évidemment, tout n’a pas été rose. Il lui a fallu se montrer forte et digne pour lutter contre le sentiment d’échec qui surgit immanquablement après un mariage qui a coulé, pour grandir son enfant seule et accepter les critiques de certaines personnes. Mais divorcer est une décision qu’elle n’a jamais remise en question.

 

Si elle a vécu avec son fils et l’a grandi en maman solo, son ex-mari est néanmoins resté présent dans la vie de leur enfant : «Quand il s’agissait de prendre des décisions importantes le concernant, nous le faisions à deux. Il venait souvent à la maison pour passer du temps avec son fils et ça ne me gênait pas. On a su trouver un équilibre et une entente.»Pour Gladys et son ex-mari, qui ont su tisser des liens qui n’ont plus rien à voir avec une relation amoureuse, c’est comme ça que la vie a défilé au fil de ces dernières années.

 

Bien que leur mariage n’ait pas fonctionné, ils ont découvert qu’ils s’entendaient bien et qu’ils pouvaient entretenir une relation amicale. Du coup, souligne Gladys, leur fils n’a jamais souffert de la séparation de ses parents. Si elle n’a pas souhaité refaire sa vie, elle a été, confie-t-elle, heureuse de voir l’homme qui partageait autrefois sa vie retrouver l’amour et construire une nouvelle famille : «On se fréquente lors de grandes occasions. D’ailleurs, je suis même allée au mariage de sa fille récemment.»À l’aube de leurs 30 ans de divorce, Gladys garde encore de bons souvenirs de la vie avec son ex, notamment la naissance de leur petit-fils, qui n’a jamais manqué de l’attention de son grand-père et de sa grand-mère.

 

Premier amour

 

«Je l’aime toujours. Pas d’un amour charnel, mais c’est une personne qui a fait partie de ma vie et qui compte beaucoup à mes yeux. Nous n’étions tout simplement pas destinés à nous marier»,confie Pascaline, 32 ans. Cet homme, confie-t-elle, a été son premier amour, le premier homme de sa vie et aujourd’hui encore, il garde une place particulière dans sa vie. La jeune femme n’avait que 19 ans lorsqu’elle a obtenu son divorce. Quelques années plus tôt, alors qu’elle était encore mineure, elle s’était amourachée de ce garçon un peu plus âgé qu’elle : «Je suis tombée enceinte et les parents nous ont obligés à nous marier. On était jeunes et naïfs. J’ai malheureusement perdu le bébé et les problèmes se sont accumulés.»

 

Bagarres, insultes, tromperies, violences... Le couple, qui se déchirait, a fini par se séparer. Ce n’est que quelques années plus tard, lorsque leurs chemins se sont à nouveau croisés, que Pascaline et son ex-conjoint ont fini par renouer le dialogue et mettre les choses à plat. Aujourd’hui, chacun a refait sa vie, confie la jeune femme. Plus de colère, plus de ressentiment entre eux, juste de l’affection. Son ex-mari s’est remarié et a fondé sa famille, mais ils restent toujours en contact : «De temps en temps, il vient à la maison. Ma sœur l’appelle toujours beau-frère et tout le monde l’accueille bien. On se parle, on s’écoute. On est là l’un pour l’autre, mais ça ne va pas plus loin.»Aujourd’hui, dit-elle, ils sont tout simplement passés à autre chose en restant proches.

 

Aller de l’avant et vivre heureux même après, c’est ce qu’essaie de faire Shanda, 45 ans, au quotidien. Pourtant, elle a bien cru ne pas y arriver. Accepter que son mariage soit un échec et tout recommencer à zéro, surtout lorsqu’il y a en jeu des enfants, est une décision difficile qui demande beaucoup de courage.

 

Elle n’avait que 28 ans lorsqu’elle a décidé de se séparer du père de ses enfants après six ans de mariage. Aujourd’hui, confie-t-elle, elle n’aurait peut-être pas fait le même choix : «J’étais jeune et j’ai agi sur un coup de tête. Si c’était à refaire, je crois que je resterais et que je me battrais pour que mon couple fonctionne.»La séparation a été douloureuse et il a fallu quelque temps aux deux ex-conjoints pour donner un nouveau sens à leur vie.

 

Malgré tout, il y avait leurs deux fils et ils devaient garder une certaine harmonie familiale pour leur bien-être. C’est principalement pour eux, souligne Shanda, que son ex-mari et elle ont tout fait pour garder une bonne entente. «Après le divorce, on avait du mal à se parler, mais on a recommencé à le faire pour les enfants. C’était déjà difficile que leurs parents ne soient plus ensemble, si en plus on ne se parlait plus, ça les aurait beaucoup affectés»,dit-elle. Selon Shanda, le fait que son ex-mari ne vive pas à Maurice a facilité les choses : «La distance nous a permis de prendre conscience de beaucoup de choses. On se parlait beaucoup au téléphone par rapport aux enfants.»

 

Au fil des années, les deux ex-partenaires ont su redéfinir leur relation et trouver un certain équilibre entre leur nouveau statut et leur rôle de parents. Aujourd’hui encore, bien que leurs enfants soient adultes, Shanda et son ex-mari se voient encore de temps en temps lorsqu’il est en visite à Maurice. Avec leurs deux garçons, c’est ensemble qu’ils se retrouvent pour partager un bon moment. «Je crois qu’on peut dire qu’aujourd’hui, on est comme des amis.»Pour Shanda, divorce ou pas, ils formeront toujours une famille.

Publicité