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14 juillet 2014 14:49
Quelquefois, devant son miroir, la femme s’observe et ne se trouve pas très jolie. Un ventre qui tombe, des bourrelets qui ne veulent pas disparaître, un nez trop gros, des pieds trop grands… elle se trouve des petits défauts et regarde d’un air réprobateur ce corps qu’elle n’aime pas toujours. Elle se lance alors des réflexions comme «je suis trop grosse», «je n’ai pas de fesses», «mes pieds sont moches» ou encore «j’ai trop de poils». Celles-ci peuvent sembler anodines pour certaines, mais pour d’autres, cela cache un véritable complexe.
Parce que l’homme et la femme sont faits différemment, leurs rapports à leurs corps ne sont pas les mêmes. De plus, la femme, à cause des diktats de la mode et de la minceur, est beaucoup plus soumise aux pressions. Selon les professionnels en psychologie, ce sont les femmes, au coude à coude avec les adolescents, qui sont les plus touchées par cette manie de se concentrer sur un défaut, qu’il existe ou pas. C’est ce qu’on appelle un complexe.
Dans son livre, Je guéris mes complexes et mes déprimes, le psychiatre français Christophe André donne une définition de ce mal qui ronge de nombreuses personnes : «C’est la focalisation sur une imperfection réelle ou supposée, physique ou psychologique. L’individu a alors tendance à commettre de petites erreurs. Tout d’abord, il pense que ce défaut est très visible, qu’il cache l’ensemble de sa personnalité, alors que les autres le voient globalement.» C’est pratiquement le cas de Sonia, 18 ans, qui parle toujours de sa grande taille.
Contrairement aux autres filles qui l’entourent, l’étudiante, du haut de son 1m83, surplombe tout le monde d’une bonne tête, à son plus grand désarroi. «J’ai toujours été la plus grande. Plus grande que mon papa, que mes frères, que mes amis. Ce n’est pas que je n’aime pas mon corps, mais j’aurais préféré être plus petite. Pour une fille, ce n’est pas très jolie d’être aussi grande», dit-elle.
Mauvaises blagues
Si certains trouvent que ça lui fait «de super longues jambes» à en devenir mannequin, Sonia, elle, ne voit pas toujours le bon côté des choses. À l’école, par exemple, elle est systématiquement au dernier rang lors de l’assemblée du matin ou encore pour les photos de classe. Et puis, il y a ceux qui lancent souvent des blagues qui lui font un pincement au cœur : «On m’appelle ‘‘colonne’’ ou encore ‘‘longaille’’. Bon, c’est pour rire, mais ça ne fait pas toujours plaisir. Certains font sans arrêt référence à ma grande taille. Une fois, deux fois, trois fois, c’est bon. Mais tout le temps, c’est énervant.»
Grande fan de chaussures, elle ne porte évidemment jamais de talons. «Avec ça, on m’appellerait carrément la girafe», avance-t-elle en riant. Heureusement, Sonia prend les choses avec le sourire. Elle a ses amis qui l’aiment pour ce qu’elle est et avec qui elle passe du bon temps. Elle a aussi sa famille qui n’en a rien à faire de sa taille. Cependant, une peur qu’elle a gardée secrète, lui a pendant longtemps rongé l’esprit : «Je me disais que je n’aurais jamais de petit ami. Qui voudrait sortir avec une fille aussi grande ? Et même si c’était le cas, les gens se moqueraient tout le temps. Pendant longtemps, ça me trottait dans la tête. Et puis, il y a quelque temps, j’ai fait la rencontre d’un garçon. Il n’est pas plus grand que moi, mais la différence n’est pas flagrante.»
Si certains complexes sont plus ou moins surmontables et éphémères, d’autres peuvent en revanche être un véritable blocage qui gâche la vie et empêche d’avancer. Avec cela vient aussi un sentiment d’infériorité, de timidité et de gêne parce qu’on ne se sent pas bien dans sa peau. Pour certaines personnes, le complexe peut devenir un véritable handicap. Selon le psychiatre Christophe André, celui qui souffre d’un complexe devient alors «paranoïaque et explique tout ce qui lui arrive dans sa vie par ce défaut supposé. C’est une erreur de perspective et de regard sur soi». Bien sûr, dit-il, «il est tout à fait normal d’avoir le sentiment d’être imparfait puisque personne n’est parfait», mais pas au point de faire de ses imperfections un blocage.
Avec les images de modèles de perfection, de minceur et de régime qui se bousculent à la télé et sur Internet, la comparaison pour de nombreuses personnes est inévitable et c’est de là que naît le complexe. Caroline en a pendant longtemps souffert et «c’est toujours le cas», précise-t-elle. La jeune femme se classe, avec regret, dans la catégorie des rondes. Bien qu’aujourd’hui celles-ci aient toute leur place dans la société, puisque les codes de mode changent, Caroline, elle, trouve ses rondeurs très peu flatteuses. «Certains matins, si mon humeur n’est pas au beau fixe, c’est plutôt difficile à assumer. J’ai ce sentiment de honte. Il y a des jours où rien ne va. J’ai cette impression de ne pas être jolie, pas attirante, pas assez bien, tout simplement», confie-t-elle.
Difficile pour la jeune femme d’avoir confiance en elle. Des fois, dit-elle, c’est dur de croire qu’elle vaut tout autant que celles qui sont plus minces. Caroline vit avec son complexe depuis l’adolescence. À cette époque, elle vivait très mal le fait d’avoir des rondeurs. «J’ai toujours été ronde et je ne l’ai jamais très bien vécu. Au collège, les sobriquets s’enchaînaient. J’ai eu droit à ‘‘la baleine’’, ‘‘la grosse vache’’ et tant d’autres. Quand on est ado, ça vous marque», dit-elle. La jeune fille qu’elle est se met alors à enchaîner les régimes. Mais son poids joue au yo-yo ? : «Quand je maigrissais, tout allait bien, et quand je reprenais du poids, c’était le drame. Je me dévalorisais constamment et je me comparais sans cesse aux autres.»
Aimer son corps
Aujourd’hui, Caroline a grandi. Elle est une adulte et s’assume un peu mieux, bien que ses complexes ne l’aient pas quittée. Sa féminité, elle la cache derrière un look de garçon manqué. «Pas de jupe, pas de robe, pas de bikini. Bref, rien de plus ou moins dénudé. J’arrive à trouver des vêtements, mais c’est frustrant de tomber sur quelque chose qui nous plaît en magasin, en sachant très bien qu’il n’y en a pas à notre taille», fait-elle ressortir.
Les complexes ont la vie dure et Caroline n’arrive toujours pas à aimer son corps et à assumer sa féminité. «Il y a des jours où je me trouve plutôt pas mal et d’autres où je me trouve horrible. Ce n’est pas quelque chose qui m’empêche de vivre. Mais c’est comme ça et ça me fait de la peine. Je fais un travail sur moi-même, mais ça prend du temps», confie la jeune femme.
Grâce à l’amour et au soutien de leurs proches, et quelquefois avec l’aide d’un psychologue, ceux qui sont complexés apprendront toutefois à aimer leurs imperfections et à s’aimer pour ce qu’ils sont…
Le saviez-vous ?
Beaucoup plus que les hommes, les femmes sont très complexées par leurs corps pendant l’acte sexuel. C’est ce qu’a révélé une étude menée par l’université de Lisbonne. Celle-ci a été publiée dans le Journal of Sexual Medicine. La directrice de l’étude, Patricia Pascoal, psychologue, a interrogé 390 femmes et 279 hommes, âgés de 20 à 69 ans. Elle a conclu que la femme se préoccupe essentiellement de ses seins, de son ventre et de ses fesses lors des relations sexuelles.
Les complexes engendrent un sentiment de honte qui nous empêche de vivre et de nous épanouir. Pour se libérer, il faut affronter le problème et cela passe par trois étapes. C’est ce qu’explique Isabelle Filliozat, psychothérapeute et écrivaine, dans son livre Fais-toi confiance.
Parler : Repliées sur elles-mêmes, les personnes qui vivent avec un complexe font tout pour le cacher par peur des jugements, des reproches ou du rejet. Cependant, en parler est un des moyens de se libérer. Si parler à votre entourage ne suffit pas toujours, il faut se tourner vers un psychologue ou un psychothérapeute qui saura écouter sans juger et vous aider à guérir vos blessures.
Agir : Cessons d’entretenir nos complexes. Il est temps de passer à l’action. Quand on manque de confiance en soi, on a tendance à compenser par d’autres qualités. Vous vous sentez nulle ? Vous serez la plus gentille de toutes. Vous n’aimez pas vos pieds ? Vous adorerez vos cheveux. De plus, pour briser ses complexes, il est important de se lancer des défis. Vous vous sentez incapable de parler en public ? Lancez-vous une fois et c’en sera fini.
Aimer : L’amour est un des meilleurs médicaments contre les complexes. Pourtant, une personne qui souffre d’un complexe a tendance à fuir l’amour car, selon elle, l’autre risque de lui tourner le dos. En fait, c’est exactement le contraire ; si nous acceptons d’être aimé, l’amour peut réellement nous guérir de nos complexes.
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