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Infidélité : Survivre après la trahison

17 juin 2014

«On a l’impression de ne plus connaître la personne avec qui on partage notre vie», a écrit le psychologue François St Père.

Se sentir défaillir. Avoir la nausée et cette terrible impression que le sol s’ouvre sous vos pieds. Vous tombez bas, très bas, avec le sentiment que vous ne pourrez plus jamais vous relever. Être meurtri, bouleversé, perdre ses repères et sa confiance en l’être qui, jusque-là, était parmi ceux qui comptaient le plus pour vous. Dans la vie d’un couple, l’adultère, tel un ouragan, emporte tout sur son passage. Ceux qui ont été trompés se sentent trahis, humiliés, abandonnés, profondément blessés dans leurs sentiments et dans leur amour-propre. 

 

L’infidélité, écrit François St Père, docteur en psychologie, spécialiste de la thérapie de couple et auteur de L’infidélité – Mythes, réalités et conseils pour y survivre, est la pire crise que puisse connaître un couple, après celle qui survient suite au décès d’un enfant : «Ça ébranle ou démolit les fondements mêmes d’une relation de couple : l’exclusivité, la confiance, la transparence, la sécurité. On a l’impression de ne plus connaître la personne avec qui on partage notre vie.» 

 

C’est justement ce qu’a ressenti Wendy, 27 ans, quand elle a appris il y a trois ans que son mari enchaînait les aventures. Les incessants messages et appels sur son téléphone portable ne laissaient plus de place au doute. Les tromperies, dit-elle, il y en a eu beaucoup, mais elle a toujours choisi de pardonner pour leurs deux enfants en bas âge : «Je me disais que je ne pouvais pas priver mes enfants de leur père. Je me suis accrochée en essayant de pardonner et en croyant que ça allait s’arranger avec le temps.» Wendy décide alors de recoller les morceaux, mais pour que cela marche, il faut être deux et son époux n’était vraisemblablement pas intéressé à donner un nouveau souffle à leur vie de couple. Bien au contraire, les choses n’ont fait qu’empirer. Il a eu beaucoup d’autres maîtresses dont la dernière en date est même tombée enceinte de lui. Pour la jeune femme, ce fut le coup de poignard de trop. 

 

Cette année, Sheila, 38 ans, aurait, elle, célébré ses 16 ans de mariage. Pendant les 12 premières années, elle a vécu une vie de couple heureuse. Épanouie et amoureuse, elle se consacrait avec joie à son fils, à sa maison et à son travail jusqu’à ce que tout bascule. «Du jour au lendemain, l’attitude de mon mari a commencé à changer. Il ne me parlait plus. Il dînait seul. On avait eu une discussion quelques jours plus tôt sur comment faire les choses différemment. Je me suis dit que c’était sûrement ça qui le fatiguait», se remémore-t-elle. Plus les jours passaient, moins la situation s’arrangeait. Peu à peu, la relation a commencé à se dégrader. Son époux s’éloignait et l’ignorait sans aucune explication. Elle a fini par s’adapter à la situation en attendant patiemment qu’il revienne à de meilleurs sentiments : «Je n’ai jamais pensé qu’il y en avait une autre. Avant, c’était quelqu’un de formidable qui s’occupait de moi, qui rentrait tôt, qui m’aidait à la maison. Qu’il puisse me tromper ne m’avait même pas traversé l’esprit.»

 

Quand son mari lui annonce, quelques semaines plus tard, qu’il souhaite faire un break car il a rencontré une autre femme, mais que ce n’est pas sérieux, elle n’en croit pas ses oreilles : «Il m’a raconté une histoire à dormir debout. J’avais le cœur brisé et je suis partie quelques jours. J’étais bouleversée, mais j’ai choisi de lui pardonner cette erreur au nom de notre fils, de notre famille et de notre histoire.» Quand elle décide de rentrer à la maison, son époux refuse. Elle objecte et revient à la maison quand même. Dès lors, dit-elle, son calvaire a commencé : «Il est sorti tout de suite et il est rentré le lendemain matin. Il avait des love bites dans le cou. Il ne se cachait plus. Plus les jours passaient, plus je voyais des choses. Du rouge à lèvres sur sa chemise, des choses sur son pantalon. Il s’enfermait dans une chambre à clé. Il cachait son portable. Il était comme un adolescent. J’étais comme un chien.»

 

Un peu distante

 

Accepter que la personne qu’on aime a une liaison est extrêmement difficile. Cela faisait trois ans que Jonathan, 32 ans, sortait avec celle qu’il considérait comme la femme de sa vie. Bien qu’ils avaient quelques petits soucis – rien de plus normal pour un couple –, il n’avait jamais imaginé qu’elle le tromperait : «Elle était un peu distante, je me disais que c’était un mauvais cap à passer. Puis, un jour, j’en ai eu marre et je lui ai demandé des explications. Et là, elle m’a dit qu’elle voyait quelqu’un d’autre, elle aimait un autre.» Cette nouvelle lui fait l’effet d’une bombe, mais Jonathan, fou amoureux, ne veut pas faire une croix sur cette relation : «Je suis un grand romantique, je l’avoue. Je ne comprenais pas qu’elle puisse aimer quelqu’un d’autre, que cette personne l’ait embrassée, lui ai fait l’amour. Je suis resté comme un con. Elle m’avait trahi. Elle avait jeté notre histoire, notre futur à la poubelle.» 

 

Il y a la peine, le désespoir même… Et puis, il y a la colère parce qu’on a été blessé au plus profond de son être, qu’on a été pris pour un(e) imbécile, qu’on perd un peu de sa dignité. Ce n’est pas Wendy qui dira le contraire. «Quand j’ai découvert la grossesse de l’autre, j’ai fait une dépression, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je n’en pouvais plus. Il m’a détruite. Et mes enfants dans tout ça ? Je dois me battre pour eux», confie Wendy, révoltée. Grâce au soutien et à l’amour de ses deux enfants et de sa famille, la jeune femme remonte peu à peu la pente, motivée par le désir de tourner la page.   

 

Ceux qui font face à l’infidélité ont beaucoup de mal à oublier, mais certains trouvent tout de même la force de pardonner et de rebondir. Quelquefois, ça marche. Le couple part alors sur de nouvelles bases et se découvre autrement. Dans d’autres cas, rien n’y fait. Devant l’infidélité apparente de son époux, Sheila, elle, a perdu pied. En trois mois, elle a perdu 12 kilos. Son mari ne se cachait plus. Il n’avait pas une, mais deux maîtresses. Pour Sheila, c’était trop à supporter : «J’étais meurtrie, dégoûtée. Comment avait-il pu me faire ça ? Pour moi, c’était mon monde qui s’écroulait. Il a commencé à me faire toutes sortes de reproches
en me disant que c’était de ma faute et que c’était moi qui avais détruit notre mariage.»

 

Sur les conseils de ses proches qui la voient sombrer, elle prend contact avec un avocat et choisit de faire une mise en demeure. Elle s’accroche pendant trois mois avant de finalement décider de divorcer : «Je me suis dit “stop”. Je dois me reprendre et me reconstruire. Je viens d’obtenir le divorce provisoire il y a quelques jours. Je me sens prête pour un nouveau départ. Mon plus grand regret, c’est que mon fils ait décidé de vivre avec son père.» Dans sa nouvelle vie, il n’y a pas de place pour les hommes car Sheila souhaite aujourd’hui se reconstruire seule par peur de souffrir à nouveau. De cette rude épreuve, personne ne sort indemne, mais l’on peut véritablement en sortir grandit et plus fort.  

 

S’il était au plus mal quand il a appris l’infidélité de sa petite amie, Jonathan a finalement retrouvé le sourire lorsqu’elle est revenue vers lui. «Peu importe la souffrance, la trahison et son départ, je ne respire bien que quand elle est là. J’ai décidé d’oublier tout ce qui s’est passé. Même si j’en souffre toujours. Parfois, ça me ronge de les imaginer ensemble.
Mais j’ai décidé de pardonner.»
Pardonner pour mieux avancer… et si c’était possible ? 

 


 

Des signes qui ne trompent pas

 

Du rouge à lèvres sur la chemise, un changement d’attitude soudain, un portable utilisé en cachette… Dans une relation, certains signes laissent présager le pire. Dans un récent dossier sur l’adultère, le psychologue Yvon Dallaire, auteur de l’ouvrage Les illusions de l’infidélité publié aux éditions Jouvence en 2014, livre quelques pistes….

 

Un emploi du temps qui change 

 

Votre partenaire rentre de plus en plus tard à la maison en inventant des excuses à dormir debout. Attention, c’est le moment de vous poser des questions. Selon Yvon Dallaire, «c’est l’un des signes les plus évidents. Lorsque l’autre part subitement plus tôt au travail, ou revient à des heures indues, il y a lieu de se poser des questions, ou plutôt de lui en poser»

 

Une soudaine coquetterie 

 

Elle se maquille alors qu’elle ne le faisait pas avant ? Il s’achète de nouveaux vêtements alors qu’il ne le faisait jamais auparavant ? Gardez l’œil ouvert. «Lorsque votre compagne ou votre compagnon se met à s’apprêter alors qu’il ou elle ne le faisait pas ou plus, on peut s’interroger», explique le spécialiste. 

 

Un changement dans le rythme des rapports sexuels 

 

«Le conjoint infidèle peut montrer une certaine indifférence sexuelle vis-à-vis de sa compagne ou de son compagnon. Mais il peut également avoir soudainement un appétit plus important en la matière.» Ainsi, selon Yvon Dallaire, une frénésie du partenaire infidèle pour le sexe peut s’expliquer par un état d’excitation liée à la liaison ou à un sentiment de culpabilité. 

 

Il/Elle planque son portable 

 

Il y a encore quelque temps, son téléphone traînait partout dans la maison et aujourd’hui, il/elle le cache, ne répond plus aux appels en votre présence, a changé le mot de passe. Si elle/il a toujours été comme ça, pas de problème, mais si cette attitude est récente, il faudrait peut-être commencer à se poser des questions. 

 

Des signes concrets 

 

Une trace de rouge à lèvres sur la chemise, une odeur de parfum que l’on ne connaît pas, des cheveux longs sur son pull ou dans sa brosse alors qu’on a les cheveux courts… Ce sont là quelques indices qui mettent la puce à l’oreille. «Des signes qui parlent d’eux-mêmes», souligne le psychologue. 

 

Les appels anonymes 

 

Le téléphone sonne sans arrêt. Vous répondez et pas de réponse. L’interlocuteur raccroche immédiatement. Il y a aussi ce moment où votre partenaire répond en vous disant que c’est sa mère, sa sœur, une amie ou un collègue qui a un problème avant de tourner le dos et d’aller discuter au loin… 

 

Un prénom qui revient souvent 

 

«Un nom de collègue qui revient très régulièrement, à tout bout de champ», alors qu’il/elle n’en parlait jamais… Selon Yvon Dallaire, c’est un comportement qui intrigue. Apparemment, il s’agirait d’un tic des nouveaux amoureux qui ont ce besoin presque vital de parler de celui ou celle qui fait battre leur coeur. 

 

Cette petite voix qui vous dit que…

 

«C’est peut-être le plus important. Je crois qu’il faut faire confiance à son instinct, à cette petite voix intérieure qui, parfois, nous murmure qu’il se passe quelque chose», explique le psychologue. Selon lui, «se voiler la face n’est jamais une solution, mieux vaut affronter la réalité plutôt que subir quelque chose qui nous fait souffrir insidieusement».

 


 

Le saviez-vous ? 

 

Malgré l’avènement de la technologie, les sites de rencontres qui poussent comme des champignons, c’est le lieu de travail qui reste le meilleur endroit pour tromper. Ce constat fait suite à une étude menée par le site Gleeden en France, en 2010. Ainsi, 29 % des personnes interrogées ont trouvé leur amant(e) au travail contre 21% sur les sites de rencontres.

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