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26 octobre 2014 02:21
S’adresser à un inconnu, prendre la parole en public ou encore draguer quelqu’un… Demandez à un timide de faire ces trois exercices et c’est la panique assurée. Rougissements, tremblements, voix bredouillante, il se met tout de suite dans un état de stress indéfinissable. S’il pouvait s’enfoncer la tête dans le sable pour se cacher et ne pas avoir à affronter le monde extérieur, il le ferait. Ce sentiment de gêne, c’est de la timidité. Pour certaines personnes, ce trait de caractère se révèle être un handicap qui peut leur gâcher la vie.
En public, ils marchent le dos courbé, lèvent à peine les yeux et leur voix est presque inaudible. En effet, quand ils ne sont plus dans leur petit cocon, les timides s’effacent, s’isolent, pour ne pas avoir à faire face au regard des autres. C’est ce qu’ils redoutent le plus. Pour eux, le rire des autres sonne comme de la moquerie, voire de la méchanceté. Ils ont constamment peur d’être jugés, critiqués et principalement de ne pas être acceptés et ne pas arriver à s’intégrer. Face à toutes ces craintes, ils n’ont aucune confiance en eux et préfèrent se mettre à l’écart.
Dimitri est le genre de timide à ne jamais rien dire de peur de dire une bêtise et que les autres se moquent de lui. Du coup, le jeune homme, âgé de 18 ans, préfère se taire quasiment tout le temps. Vous ne croiserez jamais son regard puisqu’il marche systématiquement la tête baissée et le dos courbé, sans compter que sa voix est presque inaudible quand il est entouré de gens.
Alors qu’il est en dernière année au collège et que la fin de l’année approche, Dimitri se dit «toujours pas très habitué à ses leçons». Il y a des choses comme ça qu’il n’imagine même pas faire. Cela varie entre prendre la parole devant la classe, danser dans une fête ou encore faire le premier pas avec une personne qu’il ne connaît pas. «Je ne fais jamais le premier pas. Vous ne me verrez jamais sourire ou parler à quelqu’un que je ne connais pas en premier. J’ai tout le temps peur de rien recevoir en retour et d’être humilié», déclare-t-il.
Tel un vrai timide, Dimitri s’enferme sur lui-même comme une coquille, dès qu’il est en présence d’étrangers. Arriver à vaincre ce sentiment de malaise lui semble pour le moment insurmontable. Le regard des autres et ce qu’ils vont dire de lui sont ses plus grandes hantises : «D’abord, j’ai peur de dire n’importe quoi. Je deviens carrément rouge comme une tomate. Même si c’est quelque chose de super bête. J’ai souvent l’impression que je parle mal le français et je sens que je ne suis pas du tout cultivé. Et puis, quand je dis un truc, j’ai l’impression que tout le monde me regarde bizarrement, que tous se rient ou se moquent de moi, et ça, ça me paralyse. Il faut que je sois habitué à une personne pour que je puisse être moi-même.» Sa timidité, Dimitri la vit souvent comme quelque chose d’embarrassant et de problématique.
Le premier pas
Si la timidité est plus fréquente durant l’adolescence et qu’elle a tendance à disparaître avec la maturité et l’expérience qui vient avec l’age, de nombreux adultes en souffrent aussi. Rubina, 35 ans et maman de deux enfants, est une grande timide. Consciente que sa timidité est un frein dans sa vie de tous les jours, elle ne cache pas qu’elle a du mal à s’ouvrir aux autres : «J’ai, en général, du mal à faire le premier pas. Sauf si je me rends compte que l’autre aussi est un timide. Cette part de timidité est née de problèmes – d’infidélité surtout – au sein de mon couple.» Cette épreuve dans sa vie conjugale ne l’a pas aidée et a nourri cette gêne qu’elle peut ressentir quand elle est entourée d’autres personnes et principalement de femmes qui s’assument et qui sont extraverties. Selon Rubina, son manque de confiance en elle vient du fait qu’elle n’aime pas son physique. Du coup, quand elle se retrouve entourée de belles femmes, elle s’efface parce qu’elle a, confie-t-elle, «cette impression de ne pas pouvoir arriver à la hauteur de l’autre». «J’ai certains complexes, par rapport à mon physique notamment, qui font que je me laisse facilement intimidée par les jolies filles. Je peux carrément baisser la tête ou éviter le regard de l’une d’elles, rien que parce que je me sens mal à l’aise. Je finis par me renfermer sur moi-même», souligne-t-elle.
Pourtant, au travail, elle a réussi à s’adapter rapidement, cela grâce à des collègues qui ont su la mettre immédiatement à l’aise. Dévouée, elle fait toujours de son mieux quand il s’agit de son boulot. Pourtant, Rubina n’est jamais satisfaite : «Je n’ai pas eu la chance de faire des études universitaires, par exemple. De ce fait, je n’ai jamais confiance en ce que je fais. Même si mon travail est bien fait aux yeux des autres, je ne suis quasiment jamais satisfaite.»
Cependant, le plus gros problème, dit-elle, c’est lorsqu’elle est invitée à une fête entre amis ou à un mariage. En général, ça ne se passe pas toujours très bien : «Il m’est déjà arrivé de ne pas aller à un mariage parce que je n’avais pas de tenue que j’estimais convenable. Je me disais que les gens n’arrêteraient pas de me regarder.» S’il est difficile pour cette maman d’engager une conversation avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas, telle une vraie timide, prendre la parole en public la met dans tous ses états : «Je tremble à chaque fois que je prends le micro. Lorsque j’étais au collège, je chantais dans une chorale et je restais la plupart du temps assise lorsqu’il m’arrivait de faire des solos. Trouver un sujet de conversation à aborder avec une personne que je ne connais pas, et qui m’intimide, est un véritable casse-tête.»
Cependant, la timidité n’est pas une fatalité et ça, Rubina l’a bien compris. Aujourd’hui, elle souhaite vaincre ses craintes et mieux s’ouvrir aux autres : «Je fais un véritable travail sur ma personne. J’essaie de vaincre ma timidité au quotidien. J’essaie de relever la tête, de marcher droit, de travailler ma voix – j’en ai une qui est très petite – ou encore de me montrer stricte quand je prends des
Première étape : reprenez confiance en vous. C’est essentiel pour vous aider à surmonter votre timidité. Redressez la tête, bombez le torse et avancez. Surtout, ne fuyez pas les regards. Affrontez-les. Ils ne vous mangeront pas.
Ne vous voilez pas la face et assumez ce que vous êtes. Vous êtes timide, acceptez-le.
Évitez de trouver un échappatoire ou une sortie de route lorsque vous êtes entouré. N’ayez pas honte puisque la timidité n’est pas une honte et elle est encore moins ridicule.
Créez le contact au lieu de toujours le fuir. Aborder une personne en premier est difficile, mais une fois la glace brisée, tout ira pour le mieux.
Parlez-en à vos proches et expliquez-leur quelles sont les situations qui vos embarrassent, les personnes qui vous impressionnent…
Lancez-vous, c’est la seule façon de vaincre votre timidité. N’hésitez pas à tenter de nouvelles expériences et à faire de nouvelles rencontres. Elles ne pourront que vous enrichir.
La timidité n’est pas une maladie. Il s’agit d’un trait de caractère qui peut très bien être surmonté. Cependant, cette gêne peut, si on ne s’en occupe pas, se transformer en un véritable handicap. La personne développe alors ce qu’on appelle une phobie sociale. Il s’agit d’une peur importante et durable par rapport à l’autre, l’angoisse d’être constamment jugé. Si cela ne s’arrange pas, il vaut mieux, dans ces cas-là, consulter un psychologue.
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