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Journée mondiale de la lutte contre le sida : Le combat des accompagnateurs de séropositifs

4 décembre 2015

Ils sont sur le terrain depuis des années. Avec pour objectif de combattre le sida (syndrome d’immunodéficience acquise) – un mal qui détruit des vies, des couples, des familles – et redonner espoir, confiance et joie de vivre aux personnes qui en sont atteintes. Eux, ce sont les travailleurs sociaux qui œuvrent au sein de l’association AILES (Aides, Infos, Liberté, Espoir et Solidarité). À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le sida, qui sera observée le 1er décembre, l’ONG prévoit une levée de fonds et une campagne de sensibilisation du 4 au 6 décembre à travers l’île. Nous sommes allés à la rencontre de trois accompagnateurs qui se battent également pour arrêter la stigmatisation des séropositifs.

 

Covilen Couttiguane, 42 ans, a appris, à l’âge de 18 ans, qu’il est séropositif. Et cela fait quelques mois qu’il est père éducateur au sein de l’association AILES. «C’est un plaisir de travailler avec les séropositifs. Je les encourage à prendre leurs médicaments et j’essaie de les aider psychologiquement pour qu’ils avancent dans la vie», confie-t-il. Son expérience au sein de l’association AILES, il la qualifie d’enrichissante, d’autant plus que ce travail lui permet d’avoir plus confiance en lui : «Ma vie a changé et je vois vraiment du positif.»

 

Son travail au quotidien consiste également à accompagner les séropositifs lors des consultations à l’hôpital. Covilen en profite pour déplorer le manque d’appareils de «génotypage» (visant à déterminer le type de VIH dont un séropositif est atteint) à Maurice et le manque de médicaments antirétroviraux. «La plupart des séropositifs ne connaissent  pas leurs droits. Certaines personnes ont une approche inhumaine. Il faut savoir qu’une personne séropositive a des droits comme tout autre individu», souligne notre interlocuteur.

 

Les séropositifs souffrent, en effet, de la stigmatisation et subissent par moments certaines injustices lors de consultations dans les centres hospitaliers de l’île. C’est le constat de Cindy Trevedy, 35 ans. Elle travaille depuis quatre ans chez AILES. «Il n’y a pas une bonne coordination à l’hôpital. Les consultations se font uniquement deux fois par semaine et ce n’est pas suffisant pour le nombre de séropositifs. Ce qui m’embête aussi, c’est que parfois je vois traîner des seringues usagées dans les hôpitaux et il est temps que cela cesse», soutient Cindy qui fait ressortir que «les personnes de tous âges sont concernées par cette maladie».

 

«Militer pour les droits humains et pour que ces droits soient respectés», c’est un combat qui lui plaît. Car ce combat est avant tout un combat d’espoir. D’ailleurs, l’accompagnement, dit-elle, porte des fruits. Par exemple, avec un traitement approprié, «les mères séropositives accouchent d’enfants non infectés».

 

Brigitte Michel, elle, est une des fondatrices et coordinatrices de l’association AILES qui militent pour diminuer les nouvelles infections liées au VIH. Elle souligne l’importance de la prise en charge des séropositifs : «J’ai vu pas mal de personnes mourir dans des conditions pénibles et il fallait faire quelque chose pour cesser cela. Il y a des gens qui ne vont pas de l’avant pour se faire dépister par manque d’informations et de motivation. Mais comme c’est une maladie mortelle, il faut faire comprendre aux séropositifs que s’ils ne prennent pas de traitement, ils risquent de mourir.»

 

Son combat au sein de l’association n’est, dit-elle, pas une mince affaire. «Nous recevons des commentaires négatifs et nous ne bénéficions pas de fonds CSR. Certes, nous arrivons à mobiliser les fonds des instances internationales ; mais il faut prendre conscience que ces personnes ont besoin d’un soutien du pays pour les aider à avancer», souligne Brigitte Michel.

 

Le soutien familial est aussi une nécessité, poursuit-elle : «Il faut beaucoup d’empathie et de compréhension. Nous sommes en 2015, il est important de cesser la stigmatisation. Nous ne pourrons pas éliminer le VIH avec cette mentalité.» Elle en profite pour déplorer l’action du gouvernement d’arrêter le programme de substitution à la méthadone : «Depuis qu’il n’y a plus ce programme de substitution cela devient compliqué pour nous. Le traitement qui est actuellement administré, à base de codéine, ne fonctionne pas. La méthadone est un médicament essentiel pour les addictions. 70 % des personnes qui ont suivi le traitement s’en sont sorties.»

 

Comprendre et soutenir les séropositifs, c’est son combat à elle…

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