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Kifer Pa Mwa : pour briser les barrières de la pauvreté

La présidente de l'ONG, Virginie Bissessur, lance un appel au soutien.

Cela fait plus de 20 ans que cette association œuvre au cœur des régions vulnérables des faubourgs de la capitale. Après une pause, Kifer Pa Mwa revient avec une série d’activités et espère que le public sera sensible à son appel. 

«Education is the most powerful weapon you can use to change the world.» Cette célèbre phrase de Nelson Mandela est le motto qui anime l’équipe de Kifer Pa Mwa, une association qui a commencé modestement ses activités il y a plus de 20 ans au cœur de Roche-Bois, notamment dans le quartier de Batterie-Cassée, faubourg de la capitale où se côtoient pauvreté, drogue, alcool et prostitution, entre autres. Face au constat des familles déchirées par ces fléaux et des enfants livrés à eux-mêmes sans aucune perspective d’avenir, un groupe d’habitants de la localité a décidé de se mobiliser pour apporter soutien et encadrement à ces petits afin qu’ils puissent grandir sainement et s’épanouir correctement.

 

L’association est gérée par Véronique Mars, l’une des fondatrices, et Virginie Bissessur, la présidente. Elles sont entourées d’un groupe de personnes passionnées et dévouées, qui croient que permettre aux enfants de s’instruire et de s’épanouir à travers différentes activités les gardera éloignés des dangers qui guettent. «Kifer Pa Mwa est une initiative de Véronique Mars et des habitants des quartiers de Batterie-Cassée, Karo Kalyptus et Cité Briqueterie devant le constat alarmant des ravages de la drogue et de ses conséquences sur les enfants. Elle a débuté en 2000, avec sept enfants qui souhaitaient apprendre à lire. Un petit groupe motivé s'est remonté les manches et a mis en place des ateliers de prévention sur les méfaits de la drogue, le VIH, la sexualité etc. En 2009, l’association a officiellement été enregistrée et avec le temps, les membres de l’association ont se sont rendu compte que l’éducation n’est pas le seul pilier de développement d’un enfant.»

 

Outre le rattrapage scolaire, des activités pour permettre aux enfants de s’épanouir sont également mises en place. «Ils ont compris qu’un enfant a besoin de pouvoir s’épanouir en dehors des activités académiques et de s’exprimer librement.  L’association offrait aussi des activités créatives telles que le dessin, la peinture, les jeux, le théâtre, la danse, le slam, mais aussi un suivi psychologique ou orthophonique en fonction des besoins de l’enfant.»

 

Développement intégral de l’enfant

 

Le but, souligne Virginie Bissessur, est de garder les enfants loin de la rue tout en les préparant à devenir des adultes responsables en quête d’un avenir meilleur. «L’objectif principal de Kifer Pa Mwa est de garder les enfants occupés et éloignés des méfaits de la rue en leur proposant des cours de rattrapage et de l’aide pour les devoirs. En dehors de l’aspect académique, l’association se penche aussi sur la prise en charge holistique de l’enfant, avec des accompagnements psychologiques ou orthophoniques. De même, de nombreuses activités visant à développer le savoir-vivre ensemble et l’autonomie des enfants sont mises en place, telles que le théâtre, la danse ou des séminaires résidentiels.»

 

L'association étant convaincue que l’éducation est la porte de sortie face à la précarité, tout est mis en place pour le développement intégral de l’enfant, souligne Virginie Bissessur. «Savoir lire est essentiel pour que ces enfants puissent être autonomes et intégrés dans la société. En réussissant leur vie et leur éducation, ils peuvent briser le cercle vicieux de la pauvreté et de son corolaire de méfaits, tels que la violence et les addictions. Parmi les enfants pris en charge par l’association, plusieurs sont des exemples de réussite. Certains sont même revenus à l’association pour aider à leur tour les plus jeunes.»

 

En effet, jusqu’ici, environ 500 enfants sont passés par l’association. «Une des plus grandes réalisations de Kifer Pa Mwa était quand on pouvait offrir un suivi psychologique ainsi qu’orthophonique aux enfants. À cette période, nous avons constaté de grands progrès chez les enfants, un apaisement dans la famille et de super résultats au PSAC. De même, quand nous pensons à nos anciens bénéficiaires qui ont réussi leurs études et sont aujourd’hui nurse, entrepreneur, employé en entreprise, nous sommes fiers de ce que nous avons accompli. Mais au-delà de ces réussites, notre plus grande satisfaction, c’est de voir les enfants qui attendent devant la porte, avec un sourire, que les activités commencent enfin.» Cependant, les activités de Kifer Pa Mwa ont pris un sérieux coup dur au cours de ces trois dernières années à cause du manque de financement.

 

En effet, après une longue pause, notamment à cause de la Covid-19 et de ses répercussions sur ses activités, l’ONG a finalement repris du service comme il se doit cette année et espère que le public mauricien ainsi que les entreprises locales seront sensibles à son engagement et sauront l'aider dans son combat car le soutien financier est essentiel dans le travail qu’elle essaie d’accomplir. Car, sur le terrain, lance Virginie Bissessur, la présidente de l’association, la demande ne cesse de grandir. «Nous nous sommes aperçus, au fil des années, que la demande augmentait dans le quartier. De nombreuses mamans y trouvent une alternative aux leçons particulières payantes. Elles nous font confiance et participent aux réunions et autres activités en nombre. Cependant, malgré le nombre d’enfants inscrits au fil des années, les dons se font de plus en plus rares. À la sortie de la Covid, les caisses étaient vides et l’association a énormément ralenti ses activités. Après de nombreux efforts, cette année, nous avons enfin un budget minimum pour relancer les cours de rattrapage.»

 

Aujourd’hui, les activités de Kifer Pa Mwa reprennent tout doucement avec le même objectif et la même vision. «Ce n’est que cette année qu’on bénéficie à nouveau du soutien de l’État à travers la NSIF. Nous levons actuellement des fonds dans le privé, car le soutien de l’État n’est pas suffisant pour pouvoir offrir à nouveau la quantité de services et d’activités que nous avons pu avoir dans le passé. Donc, toute aide est la bienvenue.» Ces fonds permettront d’organiser un séminaire résidentiel pour les bénéficiaires, mais surtout d’assurer un suivi paramédical avec une psychologue et une orthophoniste, deux éléments essentiels, estime Virginie Bissessur, pour le bon développement de l’enfant.