Under pressure ! Eh oui, le stress fait partie intégrante de la plupart des professions. S’il est normal de ressentir une certaine pression au travail, un stress excessif et persistant devient problématique et requiert notre attention. En effet, non seulement il peut mettre en péril votre santé, mais il impacte négativement vos performances. C’est pourquoi il est essentiel de bien comprendre le stress professionnel afin de mieux le gérer et de préserver à la fois votre bien-être et votre efficacité au travail.
Le Dr Sandya Proag Beedassy, consultante responsable au Brown Sequard Mental Health Care Centre, explique que le stress professionnel est une réaction physique, émotionnelle ou psychologique déclenchée par des conditions de travail qui dépassent les capacités d’adaptation d’un individu. Il survient lorsque les exigences professionnelles sont trop élevées ou que l’environnement de travail est perçu comme oppressant. Ce phénomène provoque un déséquilibre entre les attentes et les ressources disponibles pour les accomplir.
Selon elle, le stress professionnel peut se manifester de différentes manières chez les employés. Les symptômes physiques incluent une fatigue chronique, des troubles du sommeil, des maux de tête, des tensions musculaires, des douleurs au dos, des problèmes digestifs, ainsi que des palpitations cardiaques. Sur le plan émotionnel et mental, le stress peut se traduire par de l’irritabilité, de l’anxiété, de la dépression, un sentiment d’impuissance, une perte de motivation, de la frustration, un manque de concentration et une baisse de productivité. Enfin, les comportements associés au stress professionnel incluent une augmentation des absences, un isolement social, un désengagement vis-à-vis du travail, de la procrastination, ainsi qu’une consommation accrue d’alcool ou de tabac, sans oublier une alimentation déséquilibrée.
Vous vous posez sans doute la question : qu’est-ce qui peut bien provoquer le stress professionnel ? Eh bien, peut-être l’ignorez-vous, mais les principales sources de stress au travail, aussi appelées facteurs de stress, peuvent varier selon l’environnement professionnel. Toutefois, certaines sont très communes à travers de nombreux secteurs. En premier lieu, il y a la charge de travail excessive. «Un volume de travail trop important à accomplir dans un temps limité, avec des délais serrés, des heures supplémentaires répétées ou des attentes irréalistes», avance le Dr Sandya Proag Beedassy. Ce type de surcharge crée un sentiment d’écrasement et rend difficile l’équilibre entre travail et repos.
Ensuite, il y a la pression des délais. Travailler constamment sous pression pour respecter des échéances rigides peut générer une grande tension, même si la quantité de travail reste raisonnable. Un autre facteur important est le manque de contrôle ou d’autonomie. Lorsque les employés ne disposent pas d’un pouvoir de décision suffisant sur leur travail ou sur la manière dont il est réalisé, cela peut conduire à de la frustration et à un sentiment d’impuissance. Le rôle ambigu ou mal défini est également une source de stress. Des responsabilités peu claires, des attentes conflictuelles ou un manque de communication sur les tâches à accomplir peuvent rendre le travail stressant. Ne pas savoir exactement ce qu’on attend de soi peut aussi engendrer de l’anxiété.
Par ailleurs, «les conflits interpersonnels avec les collègues, les superviseurs ou la direction constituent une autre source fréquente de stress. Cela inclut le harcèlement, le manque de soutien ou encore des difficultés à communiquer avec son équipe», ajoute la professionnelle de la santé mentale. L’évolution ou l’instabilité dans l’emploi est aussi un facteur de stress. La peur de perdre son emploi, la précarité de la situation professionnelle ou encore des restructurations organisationnelles fréquentes créent une incertitude qui affecte la stabilité émotionnelle.
Gare au burn-out
L’équilibre entre travail et vie personnelle est également une préoccupation chez plusieurs personnes. L’incapacité à concilier les exigences professionnelles avec la vie personnelle (famille, loisirs, repos) accroît la pression psychologique et physique, conduisant à une accumulation de stress. Enfin, un environnement de travail malsain, par exemple, un lieu bruyant, désorganisé, mal éclairé ou ergonomiquement inadapté, peut nuire au bien-être des employés. À cela s’ajoute le manque de reconnaissance lorsque les efforts fournis ne sont pas valorisés ou reconnus, ce qui peut saper la motivation et alimenter le stress.
Bien que vous ne ressentiez aucun symptôme immédiat, les effets du stress professionnel peuvent se manifester sur le long terme. Le Dr Sandya Proag Beedassy met en lumière plusieurs conséquences graves qui peuvent émerger progressivement si le stress n’est pas géré de manière appropriée. L’une des conséquences les plus sérieuses est l’épuisement professionnel (burn-out). Celui-ci se caractérise par un épuisement émotionnel profond, une perte d’intérêt pour le travail, une réduction de la performance et un détachement par rapport aux collègues et aux tâches professionnelles.
De plus, le stress prolongé peut engendrer de l’anxiété et des attaques de panique. Les personnes affectées se retrouvent dans un état constant de tension et d’inquiétude. «Dans les cas extrêmes, elles peuvent souffrir de crises d’angoisse ou d’attaques de panique, des épisodes soudains de peur intense et de détresse», explique Dr Sandya Proag Beedassy.
Le retrait social est également un signe de stress chronique. Les individus affectés peuvent s’isoler, que ce soit au travail ou dans leur vie personnelle. Ce sentiment de déconnexion des autres renforce souvent la solitude et le mal-être. Dans les cas les plus graves, le stress non traité peut conduire à des troubles mentaux graves. Les personnes peuvent développer des troubles bipolaires ou même des tendances suicidaires, leur capacité à gérer leurs émotions étant fortement compromise. Enfin, le stress chronique a des répercussions directes sur la santé physique. Il peut augmenter les risques de maladies cardiovasculaires, de troubles digestifs et d’affections auto-immunes. Ces problèmes de santé physique peuvent, à leur tour, aggraver l’état psychologique, créant un cercle vicieux de détérioration mentale et physique.
Voici quelques signes avant-coureurs du stress excessif que vous devez prendre en considération. Les changements émotionnels liés au stress professionnel incluent une irritabilité accrue, où des frustrations surviennent plus fréquemment, même face à des problèmes mineurs. On observe également des sautes d’humeur brusques, passant rapidement de la colère à la tristesse, ainsi qu’un sentiment d’anxiété constant, accompagné d’une anticipation excessive de situations négatives au travail. Le stress chronique conduit souvent à une fatigue mentale et physique persistante, même après une nuit de sommeil. C’est pourquoi, la concentration devient difficile, avec des oublis fréquents et une impression d’esprit dispersé. Cette fatigue entraîne une réduction de la productivité, des erreurs répétées et une incapacité à accomplir des tâches simples.
Limites claires
De plus, les troubles du sommeil, tels que l’insomnie ou un sommeil non réparateur, aggravent la situation, tout comme les modifications comportementales, notamment la procrastination, l’augmentation des absences et l’isolement social. Physiquement, des tensions musculaires, des maux de tête fréquents et des troubles digestifs apparaissent, reflétant la surcharge de stress. Le sentiment de surcharge se manifeste par la sensation de manquer de temps et par la difficulté à se déconnecter du travail, même en dehors des heures de bureau. Enfin, une baisse de l’estime de soi et des comportements de fuite, comme la consommation excessive de substances ou une alimentation compulsive, peuvent émerger, aggravant le cycle du stress.
Toutefois, il existe plusieurs méthodes de prévention efficaces contre le stress professionnel. Le Dr Sandya Proag Beedassy, conseille de gérer efficacement son temps. Cela passe par la priorisation des tâches à l’aide d’outils de gestion du temps, permettant de classer les tâches selon leur importance. Aussi, fractionner les grandes tâches en étapes plus petites aide à ne pas se sentir submergé, tandis que respecter les pauses permet de maintenir son énergie tout au long de la journée. Si vous voulez être bien mentalement, il vous faut aussi établir des limites claires entre le travail et la vie personnelle. Cela inclut de définir des horaires précis et d’apprendre à dire non à des tâches supplémentaires qui dépassent les capacités.
Améliorer la communication sur le lieu de travail, que ce soit en clarifiant les attentes avec son supérieur ou en exprimant ses besoins, contribue à réduire les malentendus. Adapter son environnement de travail en s’assurant que l’espace est ergonomique et en utilisant des méthodes de travail flexibles peut également alléger le stress, tout comme favoriser un équilibre travail-vie personnelle en planifiant des moments de détente et de repos. Enfin, vous pouvez développer des compétences de gestion du stress, comme la pratique de techniques de relaxation telles que la respiration profonde, la méditation ou des activités physiques qui aident à mieux gérer les périodes de tension.
D’ailleurs, en parlant de méditation, voyons comment cela peut nous aider à gérer le stress professionnel. Le Dr Sandya Proag Beedassy recommande fortement la méditation comme méthode efficace pour gérer le stress. Cette pratique mentale permet de calmer l’esprit et de mieux répondre aux situations stressantes. Elle offre de nombreux avantages, notamment la réduction de l’anxiété et du stress, l’amélioration de la concentration et de la gestion des émotions. De plus, la méditation favorise une meilleure santé mentale et une gestion optimale du temps et des priorités. Enfin, elle contribue à un sommeil de qualité.
Après avoir fait le tour, on peut conclure qu’il est très important d’avoir une journée dédiée à la santé mentale. «Les troubles mentaux touchent une grande partie de la population. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur quatre souffrira d’un trouble mental à un moment donné de sa vie. Ces statistiques montrent qu’il s’agit d’une réalité commune, ce qui rend la sensibilisation nécessaire pour briser les tabous et offrir un soutien adéquat», explique le Dr Sandya Proag Beedassy.