Publicité
11 août 2015 04:14
L’allée Père Laval est presque déserte à cette heure de l’après-midi. Cependant, bien que les écoles soient toutes fermées en ce moment, des cris et des rires d’enfants se font entendre tout au long de la journée. En cette période de vacances, la maison grouille d’enfants qui courent dans tous les sens. Ils ont formé des petits groupes dans les différentes salles pour faire de la peinture, de la lecture et s’adonner à des jeux sous l’œil bienveillant de celles qu’ils appellent affectueusement «miss». Le vacarme est inévitable, mais depuis le temps, Shirley Bell, l’une des fondatrices, et son équipe ont appris à aimer ce brouhaha. C’est ainsi que se passent les journées à la Maison d’Accueil de Ste-Croix depuis trois ans. Créée par le Groupe Féminin Mère Teresa en 2012, cette maison pas comme les autres accueille quotidiennement une cinquantaine d’enfants de la région.
Ce projet, comme nous le confie Shirley Bell, est né d’un constat inquiétant. «On voyait un gros problème dans la région. De nombreuses mères étaient dans l’incapacité de travailler, soit parce qu’elles n’avaient pas les moyens de payer une garderie, soit parce qu’elles n’arrivaient pas à trouver un lieu où faire garder leurs enfants. Il y a aussi ce problème des enfants, livrés à eux-mêmes, qui traînent les rues pendant que leurs parents sont au travail», explique la directrice du centre qui, avec ses camarades, s’inquiète alors de la montée des fléaux tels que la drogue et du manque de sécurité ambiant.
C’est alors qu’entre en jeu le Groupe Féminin Mère Teresa, composé de femmes habitant la région de Ste-Croix et qui soutient depuis 16 ans les femmes entrepreneurs. Désireuses d’aider leur communauté, ses membres décident de lancer un foyer où les enfants seront accueillis gratuitement. La Maison d’Accueil est destinée à tous les enfants, souligne la directrice. À ceux qui viennent de milieux vulnérables, mais pas seulement : «Nous veillons à ce qu’il y ait un bon équilibre. Nous pensons que mettre en contact les enfants venant de milieux différents est une bonne chose pour qu’ils apprennent le respect de l’autre et la tolérance.»
L’association décide cependant d’imposer deux conditions aux parents pour que leurs petits soient acceptés. Ils doivent obligatoirement travailler et les enfants être scolarisés. Si ces deux critères ne sont pas respectés, il n’y a pas d’admission. Tous les jours, l’accueil des enfants se fait à partir de 7 heures. Les cinq femmes qui travaillent à la Maison d’Accueil se chargent alors d’aller les déposer, à 8h30, dans les différentes écoles de la région avant d’aller les récupérer à la sortie de l’école pour les reconduire au centre. De retour sur place, les enfants sont accueillis avec un goûter préparé par les encadrants et après un moment de répit, ils ont droit à un programme d’accompagnement scolaire et à plusieurs activités jusqu’à l’arrivée de leurs parents en fin d’après-midi.
En période de vacances, comme c’est le cas actuellement, le nombre d’enfants qui viennent au centre augmente considérablement. Contrairement aux jours où ils ont école, les journées au centre sont beaucoup plus légères et joyeuses. Ils ont droit à plusieurs ateliers de travail et activités comme le chant, la danse, la flûte, le judo, entre autres. Dans la petite cour qui entoure la maison, les enfants se défoulent lors des activités physiques.
Le trampoline reçu récemment fait le bonheur des petits. La Maison d’Accueil a même élargi ses activités pour accueillir également les adolescents de 12 à 18 ans qui bénéficient de plusieurs activités dont l’atelier de sculpture. C’est d’ailleurs grâce à cela qu’ils ont eu la chance de se rendre à Rodrigues l’année dernière pour un programme d’échange. La perspective de prendre l’avion pour la première fois a plus que ravi ces jeunes. «Ces ados sont encadrés par l’artiste Bleck Lindor et ils ont eu la chance de participer à une semaine d’échanges avec des jeunes Rodriguais. C’est un séjour qui les a beaucoup enrichis», souligne Shirley Bell.
Comme elle, cinq femmes de l’association s’occupent quotidiennement des enfants. Parmi, Patricia Louricourt, une habitante de Ste-Croix qui, comme les autres, a rejoint le Groupe Féminin Mère Teresa il y a plusieurs années. Celle qui est aujourd’hui trésorière de l’association se rend tous les matins à la Maison d’Accueil pour accueillir ses petits avant d’aller les déposer à l’école. Ce qu’elle fait, dit-elle, représente beaucoup plus qu’un simple travail. Venir en aide à ces enfants et à leurs parents est une cause qui lui tient à cœur. «Ici, nous fonctionnons comme une famille. Nous nous entendons tous très bien. Il faut dire qu’une ambiance très spéciale règne ici», lance-t-elle. Son implication dans ce projet, ajoute Patricia Louricourt, donne un sens à sa vie et lui a permis de comprendre à quel point les parents d’aujourd’hui ont du mal à trouver un endroit sain où ils peuvent placer leurs enfants en toute sécurité pendant qu’ils travaillent.
À la Maison d’Accueil, tout est mis en œuvre pour que les enfants soient bien pris en charge. Souvent, ils reçoivent de la visite comme, en ce jour, celle de Linda, une ancienne habitante de Ste-Croix qui vit en Suisse depuis de nombreuses années. À chacun de ses séjours à Maurice, elle se fait un devoir de rendre visite aux enfants de la Maison d’Accueil de Ste-Croix. «À chaque fois que je viens à Maurice, je dois venir ici. C’est un plaisir pour moi de leur apporter quelques douceurs et de partager un moment avec eux», dit-elle. En effet, aujourd’hui comme les fois précédentes, Linda n’est pas venue les mains vides. Une fois de plus, ses chocolats suisses, son sourire et sa bonne humeur ne manquent pas de mettre du baume aux cœurs des enfants du centre, trop heureux qu’on s’occupe d’eux et qu’on fasse tout pour qu’ils se sentent bien.
Publicité
Publicité
Publicité