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19 août 2015 19:34
Il y a d’abord l’annonce de la grossesse. Un moment de grand bonheur et d’espoir. Et puis viennent la visite chez le médecin, la première échographie et là, la nouvelle tombe. Il n’y a pas un bébé, mais deux bébés. Le choc est inévitable et les émotions prennent le dessus. Il y a joie et excitation, mais aussi appréhension et peur. Et là, les questions se bousculent : comment vais-je m’occuper de deux bébés en même temps ? Serais-je capable de m’en occuper seule ? Il y a le bonheur incommensurable de devenir mère et en même temps l’angoisse et les doutes devant la difficulté des tâches à venir. La grossesse gémellaire (NdlR : relative aux jumeaux) étant souvent une épreuve, les complications médicales, plus probables que pour une grossesse simple, rendent cette période délicate. Et au bout du compte, les bébés arrivent, chamboulant la vie bien rangée qui s’était installée jusque-là et amenant avec eux une vague d’amour et de tendresse.
Ce n’est pas Pauline Vellen qui dira le contraire. «Surprise ! Je vois deux cœurs qui battent.» Cette phrase, lancée en 2009 par son gynécologue, restera sans doute à jamais gravée dans sa mémoire. «Notre aînée, Esther, n’avait que 2 ans et, avec mon mari, nous n’avions pas prévu d’avoir d’autres enfants tout de suite. Alors imaginez ma surprise quand j’ai appris que j’attendais non pas un enfant, mais deux enfants», se remémore la jeune maman. Même scénario pour Manouchka Vacher. Depuis cinq mois, sa vie a complètement changé. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte l’année dernière, elle tombe des nues. Cette grossesse surprise devient encore plus étonnante lorsque son médecin lui annonce qu’elle attend non pas une fille, mais deux filles. «Je me suis mise à pleurer. J’étais choquée, mais heureuse», se souvient-elle. Ce n’est qu’une fois rentrée de son rendez-vous médical qu’elle réalise l’ampleur de ce qui l’attend. Soudain, une vague de panique la traverse et la crainte de ne pas pouvoir s’occuper comme il le faut de ses bébés la submerge. Ces sentiments contradictoires se retrouvent souvent chez les femmes qui attendent des jumeaux.
Claudine Manuel, maman de Denis-Claude et de William, se souvient aussi de toute cette partie de sa vie comme si c’était hier. Elle a encore en mémoire les paroles du médecin qui lui annonce, à son sixième mois de grossesse, qu’elle attend des jumeaux. Elle se rappelle encore du sentiment de surprise qu’elle a éprouvé sur le moment et de cette onde de bonheur qui l’a traversée. À son bonheur se greffent toutefois des interrogations sur le côté pratique de cette grossesse particulière. Déjà maman de deux filles, dont l’une à l’époque n’a que 20 mois, elle se demande si elle saura gérer cette nouvelle vie qui l’attend. «Avoir deux enfants me faisait énormément plaisir, mais je dois avouer que j’avais un peu de peur de ne pas être à la hauteur», confie-t-elle.
La grossesse gémellaire étant considérée comme une grossesse délicate, les complications se font plus fréquentes. C’est le cas pour la majorité des femmes qui ont eu des grossesses multiples. Les huit mois de grossesse précédant la venue d’Elian et d’Elliott, se souvient Pauline Vellen, n’ont pas été faciles : «Il fallait que je surveille ma tension de très près et puis il y avait mon ventre qui n’arrêtait pas de grossir plus vite et plus que la normale. J’avais l’impression d’être une attraction partout où je partais.» Manouchka Vacher a aussi passé un sale quart d’heure au cours des cinq premiers mois de grossesse. Nausées et vomissements faisaient partie de son quotidien. Porter deux bébés, dit-elle, est une épreuve physique importante : «La grossesse a été pénible et elle a été finalement déclenchée avant terme.»
Moment mémorable
Principalement par césarienne, l’accouchement est un moment mémorable pour toutes les mamans. Le moment était magique, se souvient cette dernière. Shamsad Peerbaccus, maman de Zaheer et de Zaheerah, a encore des étoiles dans les yeux à chaque fois qu’elle en parle : «C’était extraordinaire. J’avais tellement hâte de rentrer à la maison avec mes bébés.» Manouchka Vacher se souvient encore de la première fois que son époux et elle sont rentrés à la maison avec Mathilde et Céline. C’était le bonheur ! Ce sentiment a toutefois été un peu submergé par les cris, les pleurs et le manque de sommeil des premiers mois. «Je ne m’étais jamais occupée de bébés avant, tout était nouveau pour moi. Je ne savais pas reconnaître leurs pleurs. Je n’arrivais pas à savoir si elles pleuraient parce qu’elles avaient mal ou faim. Je ne dormais plus parce que je me réveillais plusieurs fois pendant la nuit pour les allaiter», raconte-t-elle.
Heureusement, la jeune mère a la chance d’avoir l’aide et le soutien de la famille qui a été là pour l’épauler, la soutenir et l’accompagner à chaque étape. La présence des proches lorsqu’on se retrouve avec deux bébés est précieuse. En 11 ans, souligne Shamsad Peerbaccus, elle a toujours pu compter sur sa famille. Avec son aide, les choses, dit-elle, ont été un peu plus faciles à gérer. Claudine Manuel aussi a pu, à l’époque, compter sur les siens, surtout quand il fallait calmer les pleurs des bébés, les changer, les nourrir et tout cela en même temps : «Lorsqu’on a des jumeaux, les difficultés sont doublées, mais grâce à l’aide et au support de la famille, on arrive à les surmonter.»
L’un des aspects importants des naissances multiples, c’est l’organisation, un élément indispensable sur lequel on ne peut faire l’impasse. Lorsqu’ils doivent se rendre chez le pédiatre, Manouchka et son époux doivent être debout à 6 heures du matin : «On doit les nourrir, leur donner le bain, préparer toutes leurs affaires pour sortir, se préparer nous et enfin sortir.» Au quotidien, les choses doivent être calculées et bien établies car l’aspect pratique des choses peut souvent devenir problématique surtout en ce qui concerne les finances. Pauline Vellen se souvient avoir été dans l’obligation de réaménager la maison et de revoir les priorités en termes d’achats et de dépenses. Il faut dire que les finances en prennent un sacré coût. «Il y a les couches, au moins une centaine par mois, et le lait qu’il faut donner toutes les heures et qui coûte très cher», souligne-t-elle.
Tout est à multiplier par deux. Shamsad Peerbaccus, elle, comme toutes les mamans qui ont des jumeaux, achète tout en double. Zaheer et Zaheerah portent toujours les mêmes couleurs. Proches et complices, ils ne se séparent jamais. Ce lien fusionnel qui a commencé dans le ventre de la mère grandit de jour en jour chez les jumeaux. Un lien que Shamsad et son époux Parvez entretiennent avec plaisir. Elle s’étonne souvent de ces drôles de coïncidences dont on parle souvent et qu’elle constate aussi chez ses jumeaux : «Une fois, Zaheer est tombé et s’est cassé le bras. Une semaine plus tard, Zaheerah s’est retrouvée avec un plâtre aussi. C’est bizarre et pourtant…»
En grandissant, chaque enfant développe sa propre personnalité. Ils sont différents et complémentaires à la fois. Les mettre au monde et les voir grandir aux côtés de leurs deux sœurs a été, dit-elle, une aventure passionnante. «Ça a été beaucoup de bonheur. Ils sont très affectueux et mes enfants font de moi une mère comblée», confie Claudine Manuel. Aujourd’hui, Denis-Claude et William sont âgés de 19 ans et se sont envolés vers d’autres horizons. Ils ont choisi une destination différente pour leurs études supérieures et sont donc séparés pour la première fois. Une étape difficile, mais salutaire pour leur bien-être. «Denis a choisi La Réunion et William la France. Une séparation est toujours dure, mais je suis contente qu’ils prennent leur envol», confie leur mère.
Manouchka, elle, est gaga devant ses petites. Chacun de leurs sourires lui fait fondre. Face à l’avenir, la jeune femme est sereine. Pour Mathilde et Céline, elle nourrit plusieurs rêves comme celui de les inscrire à des cours de ballet ou encore celui de faire du vélo ensemble. Une belle image de famille et deux fois plus d’amour.
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