Publicité

Quand bébé et parents partagent le même lit - Cododo : solution ou danger ?

5 mai 2014

Fatiguée, Sheila désespère de trouver une solution afin d’avoir, à nouveau, des nuits paisibles et complètes.

Bébé pleure sans relâche la nuit ou se réveille sans arrêt… Voilà une situation peu agréable pour lui, comme pour ses parents. Pour nombre d’entre ces derniers, la solution est toute trouvée : faire dormir le petit avec eux dans le lit parental. C’est une méthode qui a fait ses preuves car bébé est généralement tout content et rassuré d’être confortablement installé entre papa et maman. Cododo, cosleeping ou encore bedsharing en anglais… voilà autant de termes pour décrire cette situation qui existe depuis la nuit des temps et qui est aujourd’hui au cœur de nombreuses interrogations. Alors que certains encensent cette pratique, d’autres la décrient. Les premières à glorifier cette méthode sont sans aucun doute les mamans car le cododo leur permet de veiller sur leur tout-petit et de l’allaiter plus facilement. 

 

Cependant, pour bon nombre d’entre elles, la décision de se lancer dans le cododo n’est ni réfléchie ni planifiée. Elle est prise sur le moment pour répondre à un besoin pressant de calmer bébé et d’avoir des nuits un peu plus sereines. Sheila Ravina en sait quelque chose. Sa petite dernière, Sarah, 2 ans, partage son lit depuis sa naissance. Au début, raconte-t-elle, c’était une solution de facilité car la petite, qui ne faisait pas bien ses nuits, se calmait comme par enchantement une fois dans le lit de ses parents. Après une grossesse difficile, la jeune maman avoue se montrer très protectrice envers sa fille qui souffre de problèmes respiratoires, et la faire dormir dans son lit lui permet de mieux veiller sur elle durant la nuit. 

 

Le cododo évite également à papa et maman de faire des allers-retours toute la nuit entre leur chambre et celle de leur enfant. De plus, il a un côté rassurant car il permet aux parents de mieux repérer les signes de faim, d’inconfort ou de maladie chez leur bébé. Tout comme Sheila, Agnelle Scipion-Ramdoo a aussi choisi cette pratique par obligation, dit-elle, malgré les découragements des mamans de son entourage. «J’ai dû reprendre le travail un mois et demi après l’accouchement. Je devais soit la mettre à côté de moi pour qu’elle fasse ses nuits, soit la laisser pleurer à n’en plus finir. De plus, comme ma fille ne dormait pas durant la journée, je faisais tout pour qu’elle se repose la nuit, notamment la mettre à côté de moi et l’allaiter», explique-t-elle. 

 

Manque d’intimité

 

Mère pour la première fois, la jeune femme était inquiète pour tout et rien concernant sa fille. «Je préférais qu’elle dorme à côté de moi car j’avais peur qu’elle se réveille la nuit et que je ne l’entende pas ou qu’elle s’étouffe.» Si le partage du lit lui semblait être une solution dans les premiers mois qui ont suivi la naissance de Léanne, Agnelle s’est vite sentie prise au piège du cododo : «Elle aura bientôt un an et demi et elle ne veut toujours pas dormir seule. Elle a grandi, elle prend de la place et bouge dans tous les sens la nuit surtout quand il fait chaud, donc quelquefois ce n’est pas évident. Sans compter que la vie de couple en prend un coup avec le manque d’intimité»

 

C’est le même scénario pour Sheila. Les mois passent et la petite Sarah, qui a pris ses marques dans le lit parental, refuse de rejoindre son frère Daniel et sa sœur Sophia dans la chambre des enfants : «J’ai essayé à plusieurs reprises, après l’avoir allaitée et qu’elle se soit endormie, de la remettre dans son lit mais après quelques minutes, j’ai droit à une crise de larmes interminable», dit-elle en admettant être incapable de résister aux larmes de sa fille. Une fois dans le lit de ses parents, Sarah se rendort paisiblement, contrairement à ses parents : «On doit faire attention à elle. On ne peut pas trop bouger pour ne pas la réveiller, par contre, elle, elle bouge beaucoup», déclare Sheila qui n’a pas eu une nuit complète et sereine depuis deux ans.  

 

Si les adeptes du cododo estiment que l’enfant abandonne le lit parental en général vers l’âge d’un an et que cette envie vient de l’enfant lui-même, Sarah, qui fêtera bientôt ses 3 ans ne semble pas, selon sa mère, avoir envie de dormir dans sa chambre. Une situation compliquée pour elle et son compagnon qui n’ont plus aucune intimité. «C’est assez difficile sur ce plan-là. On essaie de se retrouver de temps en temps pendant une heure ou deux en journée alors que les enfants sont à l’école et Sarah à la garderie, mais ces moments sont rares», souligne la jeune maman qui estime ne pas avoir su bien gérer le problème quand il s’est posé et s’inquiète des répercussions que cela pourra avoir à l’avenir.  

 

En effet, bien qu’elle soit une méthode prisée, le cododo n’est pas sans conséquence. D’ailleurs, les détracteurs n’ont de cesse d’en parler haut et fort. Selon eux, la sécurité de l’enfant serait particulièrement menacée, le risque principal étant l’étouffement par l’un des parents ou l’un des éléments du lit comme les oreillers ou le matelas. Mais les adeptes de cette pratique n’y voient que le bon côté de la chose. Aujourd’hui, en Europe, il existe même le berceau spécial cododo, qui se fixe sur le lit des parents. Pour eux, cette pratique favorise une meilleure harmonie entre les parents et l’enfant. 

 

Pour le moment, Agnelle Scipion-Ramdoo profite des joies du cosleeping : «Rien ne fait plus plaisir que de se réveiller avec bébé qui s’étire en souriant à côté de soi ou qui appelle maman dès son réveil. Un des petits moments de bonheur que nous partageons mon mari et moi, le matin, c’est en jouant avec Léanne…» En attendant de trouver une solution qui permettra à sa petite de faire ses nuits dans sa chambre. 

 

Depuis sa naissance, Léanne partage le lit  de ses parents Agnelle et Ivan. 

 


 

Le saviez-vous ? 

 

Selon une étude britannique, les bébés de moins de trois mois qui dorment dans le lit de leurs parents courent un risque multiplié par cinq de mourir du syndrome de la mort subite du nourrisson (MSN). Pour arriver à cette conclusion, le directeur de l’étude, le Pr Bob Carpenter, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a rassemblé les données fournies par cinq études publiées en Europe, en Australie et en Asie, portant sur 1 472 cas de MSN au total. Selon lui, 22 % de ces décès étaient survenus alors que les bébés dormaient avec leurs parents et l’étude a estimé que la grande majorité de ces décès (88 %) ne seraient «probablement» pas survenus si les enfants avaient été couchés dans leur berceau.

 


 

 

Cosleeping : Le mode d’emploi 

 

Partager le même lit que son enfant n’est pas chose anodine. Cette pratique doit comporter, en effet, une bonne organisation, de la rigueur et plusieurs règles de sécurité incontournables pour le bien de votre bébé et le vôtre. Voici quelques conseils pour des nuits paisibles…

 

- Veillez à ce que la température de la chambre soit douce. 

- Choisissez un lit assez large pour que vous soyez confortables. 

- Le lit doit être très bas pour réduire les risques de chute. Vous pouvez possiblement acheter une barrière antichute pour parer à toute éventualité. 

- Favorisez un matelas ferme. 

- Ne laissez pas bébé  dormir sur un couchage d’appoint, un canapé, un fauteuil. 

- Evitez les canapés lits.

- Installez bébé dans une gigoteuse au-dessus de votre couette, drap ou couverture, sans oreiller. 

- Veillez bien à le faire dormir sur le dos pour réduire les risques de mort subite du nourrisson. 

- Évitez qu’il soit trop couvert. Rien ne doit recouvrir sa tête. 

- Faites attention à ce qu’il ne puisse pas se retrouver coincé entre le bord du lit et le matelas. 

- Privilégiez une literie douce et légère.

- N’oubliez pas :  même en dormant, on reste vigilant. Il faut aussi rester éveillé pendant la tétée pour éviter l’étouffement. 

- Interdisez-vous le cododo en cas d’obésité, de tabagisme, de prise de somnifère, d’alcoolisme ou encore de consommation de drogue par l’un des deux parents.

Publicité