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19 mai 2014 05:06
Reprendre le chemin de l’université quand on a 50, 60 ou 70 ans peut sembler amusant et étonnant. Pourtant, depuis le récent lancement de l’Université du troisième âge (U3AM), ils sont nombreux à avoir fait le pari de se lancer de nouveau dans les études. Avides de connaissances, ces aînés en pleine forme, qui font tout pour rester actifs en voyageant, en faisant du sport et en s’engageant dans des activités caritatives, retournent aujourd’hui avec entrain sur les bancs de l’école. Un choix culotté motivé par l’envie de se faire plaisir et d’apprendre de nouvelles choses.
Voilà trois ans que Sylvio Oodoomansaib est retraité. Après une riche carrière au sein du programme des Nations unies pour l’environnement, à Paris, cet habitant de Curepipe est revenu au pays avec, en tête, l’idée d’avoir une retraite constructive. Ainsi, quand il a entendu parler de l’université du troisième âge qui proposait un cours de photographie, cela a été pour lui une belle opportunité à saisir. «C’était l’occasion rêvée de revenir à l’une de mes plus grandes passions. J’ai délaissé la photographie pendant une bonne trentaine d’années pour me professionnaliser et ce cours me permettait d’apprendre quelque chose qui me tenait à cœur», confie-t-il.
Les deux camarades de classe, Sylvio Oodoomansaib et Rajen Gangoosingh (ci-dessous), sont heureux d’avoir suivi ce cours.
Ça faisait des lustres que Sylvio n’avait plus remis les pieds dans une salle de classe. Et le premier jour de cours, comme pour tout le monde, a été plutôt timide : «Nous étions tous un peu sceptiques. Comme des enfants qui vont à l’école le premier jour, personne n’ose vraiment se parler. On ne savait pas trop comment cela allait se passer.»
Mais très vite, raconte-t-il, au fil des cours, ses camarades de classe et lui ne tardent pas à se lier d’amitié. Comme une éponge, Sylvio absorbe les leçons de son professeur qui, souligne-t-il, a su partager son savoir et leur enseigner la photographie de A à Z. Faire ses devoirs après autant d’années lui semblait tout de même un peu bizarre, mais c’était les règles du jeu auxquelles il avait décidé de se prêter. Un jeu auquel il a d’ailleurs pris goût car Sylvio ne compte pas s’arrêter là. Il s’est déjà inscrit à un nouveau cours sur l’histoire de l’île Maurice qu’il calera entre ses deux autres passe-temps : la physique et l’informatique. «Ce qui est important pendant la retraite, c’est de rester actif et de s’occuper l’esprit. C’est justement ce que l’U3AM nous permet de faire. Elle fait un travail formidable», souligne Sylvio.
Faire des devoirs
Redevenir étudiant à l’âge de 66 ans, c’est une idée qui plaît bien à Rajen Gangoosingh, un jeune retraité, pour le moins dégourdi. Voilà six ans déjà qu’il a pris sa retraite et depuis, confie-t-il, il n’a pas une minute à lui. Il faut dire que cet ancien inspecteur d’école, qui commence son footing quotidien avant le lever du jour, fait tout pour rester actif et garder son esprit éveillé. Retrouver une salle de classe, se faire des amis, se concentrer sur son cours, mettre en pratique la théorie, faire des devoirs, voilà un univers que Rajen a toujours aimé retrouver : «L’ambiance était au top pendant le cours. Bien sûr, le premier jour, nous étions tous un peu timides, mais une fois qu’on a appris à se connaître, nous sommes tous devenus des amis. Nous avons fait la fête comme des jeunes le jour de la remise des certificats. C’était plutôt drôle.» D’un air taquin, il concède d’ailleurs que cela n’a pas toujours été facile pour le professeur d’enseigner à «une bande de vieux».
Une fois son certificat en poche, Rajen s’est rappelé la première caméra qu’il a reçue. À l’époque, il avait 12 ans et s’était acheté, après de nombreuses économies, une petite caméra en noir et blanc à Rs 4,50. Bien des années plus tard, avec sa caméra professionnelle dans les mains, il est plutôt fier du chemin parcouru. La passion ne s’est pas éteinte avec le temps.
Être à jour avec les nouvelles technologies, c’est la philosophie de Claude Darga, 69 ans. Lorsqu’il a acheté un appareil photo DSLR Canon, ce retraité, qui a exercé dans l’industrie sucrière, comptait faire quelques photos ici et là. Mais force est de constater qu’il lui fallait approfondir ses connaissances afin d’exploiter au mieux les capacités de
son petit bijou. «J’étais pour ainsi dire presque nul en photographie. Je ne savais pas qu’il y avait autant de choses à apprendre», avoue Claude qui a, grâce à ces cours, eu une meilleure connaissance de la photographie.
Grâce à sa formation, Claude Darga peut désormais faire des photos professionnelles.
Ces 12 semaines d’apprentissage ont été, pour ce grand-père de sept petits-enfants, une très bonne expérience. Entre ses applications électroniques, son iPad et les autres technologies auxquelles il est accro, Claude Darga, qui a pris goût à se retrouver dans une salle de classe, compte continuer sur cette lancée : «Je recherche même d’autres cours. Pour rester actif, c’est une très bonne méthode.»
De ce premier groupe de l’Université du troisième âge, Ivy Choo Kim Pin, 74 ans, était la seule femme. Après des cours en informatique, de piano et de violon, cette grand-mère voulait absolument savoir prendre des photos professionnelles et c’est avec attention qu’elle a complété son cursus. Aujourd’hui, avec ses techniques, elle pourrait même devenir une photographe hors pair. «Aujourd’hui, je fais attention à la lumière, au background, au flash ou encore à l’angle de la photo pour avoir un meilleur cliché», explique cette ancienne infirmière d’hôpital.
Attentive, elle souligne avoir noté toutes les leçons de son professeur. Des leçons qu’elle garde précieusement dans un carnet qu’elle sortira de temps en temps pour se rafraîchir la mémoire. Pour elle, pas question de rester passive à la maison. Outre les cours, elle pratique de la danse et du yoga quand elle ne voyage pas pour rendre visite à ses enfants et petits-enfants qui vivent à l’étranger : «Auparavant, on n’avait pas la possibilité de faire tout ça. Aujourd’hui si, il faut donc en profiter.»
Se voir remettre son certificat après avoir suivi ce cours a été, pour elle, un grand accomplissement. «Aujourd’hui, tout le monde sait prendre des photos avec un simple appareil ou son téléphone. Mais ce cours m’a permis de mieux comprendre les techniques de la photographie», précise la mamie qui surfe même sur Internet et qui prouve bien que faire des études à la retraite est un challenge qui peut être relevé avec succès.
À 20 ans, comme à plus de 60 ans, il n’y a pas d’âge pour étudier. Et contrairement aux jeunes, les seniors ont un certain avantage. Selon les spécialistes, les personnes âgées, qui reprennent les études, le font sans aucune contrainte, mais plutôt par plaisir et passion. Cette activité leur permet d’approfondir leurs connaissances, mais aussi de stimuler leur intellect.
Parole de Pro
L’Université du troisième âge (U3AM) a récemment été lancée. Que propose cette école d’un nouveau genre ?
L’U3AM a lancé ses premiers cours au mois de janvier 2014. Ils étaient huit étudiants, âgés entre 62 et 80 ans, à recevoir leur certificat. Pour la première fois, nous proposons des cours en tous genres à des personnes âgées et à la retraite. Elles peuvent choisir de suivre un cours sur l’histoire de l’île Maurice, un sujet très passionnant, ou des cours de psychologie, de piano, de guitare, de laughter yoga et de photographie, entre autres. Nous comptons, à ce jour, 420 membres et l’engouement ne cesse de prendre de l’ampleur.
Quelle est l’idée derrière cette initiative ?
Le but est de donner la possibilité aux personnes du troisième âge de réapprendre certaines choses. Ces cours leur permettent de faire travailler leur mémoire, de rester actifs et éveillés. Ils ont aussi l’occasion de rencontrer des jeunes car nos professeurs, pour la plupart, sont des jeunes. Cela permet ainsi une meilleure interaction entre eux.
Est-ce, selon vous, une bonne idée de se lancer dans les études à 60 ans et plus ?
Définitivement. Il n’y a qu’à voir comme ils sont heureux de venir en cours. Ils prennent plaisir à rejoindre leurs camarades de classe, à se retrouver en groupe et même à faire leurs devoirs. Assister à ces cours leur permet de s’épanouir et de faire des choses qu’ils n’ont pas forcément eu le temps de faire tout au long de leur vie à cause des contraintes professionnelles. Alors, si vous aussi vous voulez vous inscrire, visitez le site suivant : www.U3amauritius.org.
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