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Ramadan : Concilier jeûne et santé

8 juillet 2014

«Il est important que la personne qui jeûne prenne un repas très équilibré et consistant le matin afin de pouvoir assumer les efforts qu’elle doit faire dans la journée», explique la nutritionniste, Shameen Fatehmamode.

Le mois du Ramadan est là et, durant cette période, les musulmans du monde entier pratiquent le jeûne. Mais quelles conséquences la privation de nourriture peut-elle avoir sur l’organisme ? Peut-on jeûner sans que cela n’affecte notre santé ? Le Dr Shameen Fatehmamode, nutritionniste, répond à nos questions.

De manière générale, dit-elle, «le jeûne a un effet positif sur l’organisme, il permet la désintoxication» : «Il permet également de réguler l’organisme. En effet, l’individu ne doit rien consommer pendant la période d’environ
12 heures qui sépare les deux repas.» Comme quoi, s’il est bien fait, le jeûne fait plus de bien que de tort. «Les problèmes de santé qui existent de nos jours sont dus à une mauvaise alimentation, poursuit le Dr Fatehmamode. Si nous consommons un repas équilibré, il n’y aura pas de complications au niveau de la santé. La nature restrictive et disciplinée du jeûne est très bénéfique pour l’organisme car elle entraîne les personnes à être plus régulières et organisées dans leurs habitudes alimentaires et, surtout, à ne pas grignoter tout au long de la journée.»

C’est également une période propice aux régimes et à l’adoption de nouvelles habitudes alimentaires plus saines. «Si une personne souhaite faire un régime, entre autres, c’est pendant ce mois qu’elle pourra le faire car nous sommes soumis à un régime spécifique.»  Mais comme c’est le cas pour tout changement dans notre rythme alimentaire, notre métabolisme est mis à l’épreuve. «Il est donc important de prendre les précautions nécessaires afin de vivre cette période de manière saine. Il est important que la personne qui jeûne prenne un repas très équilibré et consistant le matin afin de pouvoir assumer les efforts qu’elle doit faire dans la journée», explique le
Dr Fatehmamode.

Donc, qu’est-il conseillé de manger ? «Afin d’avoir une bonne énergie, il est important d’avoir une bonne quantité de sucres lents (tels que la farine de blé, des céréales, entre autres) dans le corps. Il est aussi nécessaire d’avoir une bonne quantité de protéines pour palier toutes les privations que nécessite le Ramadan.» Selon la nutritionniste, la fatigue que l’on ressent durant cette période est souvent associée à une mauvaise alimentation. Cela veut dire qu’il n’y a pas suffisamment de protéines dans le corps. Si l’on y ajoute le manque de sommeil, cela conduit à l’asthénie (affaiblissement de l’organisme, fatigue physique) chez les personnes qui jeûnent sur une longue période.

Par ailleurs, le jeûne du Ramadan ne doit pas être pris à la légère par les personnes souffrant de troubles alimentaires ou de maladies chroniques. «Les traitements médicamenteux doivent se faire avant le début du jeûne. Pour ceux souffrant de déficiences métaboliques telles que le diabète et le cholestérol ou encore l’hypertension, il est conseillé de prendre un repas bien équilibré et de s’y tenir pendant la durée des 30 jours», précise le Dr Fatehmamode.

Parmi les risques que courent les jeûneurs en général, on compte la déshydratation et les infections urinaires. La nutritionniste les encourage donc à boire beaucoup d’eau lors du premier repas pour éviter ces désagréments : «Il est important d’avoir une bonne hydratation avec au moins un litre de liquide par jour pour éviter la déshydratation et les infections urinaires.» Durant ce même repas, dit-elle, il faut favoriser «un apport équilibré en protéines. Il faut compter entre 150 g et 200 g d’aliments riches cuits le matin, des légumes pour faire le plein de vitamines et de sels minéraux, et des céréales à base du blé complet afin d’avoir de l’énergie». Ensuite peut commencer le jeûne.

Après avoir soumis son corps à un tel régime durant toute une journée, la rupture du jeûne doit se faire prudemment. Car le métabolisme doit se réhabituer à un nouveau rythme d’alimentation. «Il est conseillé de manger sainement, de diminuer les fritures, d’avoir des repas équilibrés avec trois-quarts de légumes, un quart de protéines, des tranches de pain complet et un yaourt ou du alouda à base de lait écrémé» pour réadapter son organisme à un rythme alimentaire normal.

Contrairement à certaines idées reçues, cette période de sacrifice temporaire pourrait donc être un tremplin pour adopter de nouvelles habitudes de consommation si les jeûneurs prennent le bon aliment, dans les bonnes mesures, au bon moment. À partir de là, jeûne ou pas, le corps y trouve son compte.  

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