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Rupture entre potes : Ces chagrins d’amitié qui font mal

10 juin 2014

Il y a les amis d’enfance et il y a les autres, rencontrés par hasard à une soirée. Il y a les collègues de boulot qui deviennent de bons copains, les compagnons de nuit et les amis d’une vie. Ceux qui seront là pour égayer votre journée ou pour vous tendre une oreille et une épaule sur laquelle pleurer. Ceux qui seront à vos côtés dans les meilleurs et les pires moments de votre vie et d’autres qui s’en iront en emportant tout sur leur passage.

L’amitié, dit-on, ressemble souvent à l’amour. Ce sentiment qui nous lie à une personne marque notre existence à jamais, parfois autant que l’amour. On s’aime, on s’énerve, on se rabiboche et, quelquefois, on se quitte. Car, si contrairement aux histoires de cœur, l’amitié résiste mieux aux épreuves de la vie et du temps qui passe, elle peut aussi s’effriter au fil des années. Dans ces cas-là, la rupture est souvent inévitable, laissant place à un chagrin d’amitié douloureux à surmonter.  

Pendant dix ans, Jaere a formé un duo exclusif avec celle qu’il considérait comme sa meilleure amie. Ils s’étaient rencontrés un jour sur le chat d’un site Web et ne s’étaient plus jamais quittés. «On partageait tout. Nous avions tendance à ne pas croire en une amitié fille-garçon et pourtant, la nôtre était sincère», dit-il. Mais il y a trois ans, pour une raison que le jeune homme ne comprend toujours pas, son amie a décidé de couper tout contact : «Elle avait son copain, mais il ne voyait pas notre amitié d’un bon œil. Je suppose qu’elle a préféré le choisir à moi.» Quand il en parle, confie-t-il, il est toujours un peu triste : «J’aimerais retrouver notre amitié et rattraper le temps perdu. Mais aujourd’hui, nous ne sommes plus que des étrangers.» Comme en amour, l’amitié connaît aussi des turbulences et celle de Jaere a fini par se briser, bien malgré lui.

Pour la psychothérapeute française Dominique Chapot, auteure du livre Si on changeait ?, «l’amitié est un amour raisonné et raisonnable, basé sur la fidélité, la confiance et l’intimité. Elle exclut toutes les formes de peur. Elle revêt donc un aspect plus sécurisant que le sentiment amoureux. On voit l’autre comme notre double, c’est pourquoi, lorsque l’on perd un ami, c’est comme si l’on perdait une partie de soi».

Jamais l’une sans l’autre

Ashana formait, jusqu’à il y a trois ans, un duo exclusif avec celle qu’elle considérait comme sa meilleure amie. Rencontrées sur les bancs de l’école, elles étaient comme des sœurs. À travers leur amitié, leurs deux familles s’étaient rapprochées. Jamais l’une sans l’autre, elles enchaînaient sorties sur sorties et les soirées entre filles. Pourtant, après près de dix ans, leur amitié s’est effondrée. De cette relation autrefois fusionnelle, il ne reste presque rien, sauf peut-être quelques signes de tête gênés lancés au loin quand leurs chemins se croisent au hasard.

Pour Ashana, plus rien ne sera comme avant. Au cours des premières années de leur amitié, son amie et elle ne se séparaient pas une minute, se taquinaient, se bagarraient à longueur de journée comme chien et chat : «On avait toutes les deux un caractère bien trempé, mais on s’amusait beaucoup ensemble, même si l’on se bagarrait tout le temps. J’ai des super souvenirs en sa compagnie. On a partagé des choses très fortes.» Mais après le collège, se souvient Ashana, les choses ont changé. Son amie surtout : «Elle a commencé à sortir avec des hommes mariés et a entretenu une relation avec un membre de ma famille. Je ne comprenais pas son attitude. À l’époque, j’idéalisais les choses. Pour moi, c’était mal. Du coup, c’était toujours des disputes.» Petit à petit, les deux amies commencent à s’éloigner. Les ressentiments et la déception d’Ashana gagnent du terrain alors que son amie persiste sur sa voie. La jeune femme n’accepte pas, ne comprend pas ce choix.

 

«L’amitié ne tolère pas la trahison et une réconciliation au creux de l’oreiller n’est pas possible», écrit la psychothérapeute française Dominique Chapot,  dans un de ses ouvrages.


Les deux amies finissent par s’éloigner jusqu’à couper les ponts en 2011. Ashana a mal et vit difficilement ce cap. Les incessantes interrogations de sa famille et de leurs amis communs n’arrangent pas les choses. Cependant, même meurtrie, elle préfère maintenir la distance qui les sépare : «Notre relation était devenue toxique. C’est beaucoup mieux ainsi.»

Quand la relation devient destructrice, en amour comme en amitié, il vaut mieux qu’on se sépare. C’est ce que pense Dominique Chapot qui écrit que «l’amitié est certainement un sentiment plus exigeant que l’amour. Elle ne tolère pas la trahison et une réconciliation au creux de l’oreiller n’est pas possible».

Surmonter une rupture avec un ami que l’on ne voulait pas perdre peut être très difficile. Depuis qu’elle n’a plus aucun contact avec celui qui a été, pendant de nombreuses années, son meilleur ami, Sonia connaît une profonde tristesse. «Ça me fait toujours mal quand j’y pense», dit-elle. Derrière leur cassure se cache une petite copine qui ne supportait pas leur amitié. «Apparemment, elle est très jalouse et je suppose qu’il a préféré faire une croix sur notre amitié pour elle», confie la jeune femme.

Comme en amour, les histoires d’amitié peuvent connaître une fin heureuse et idyllique. C’est tout ce que souhaitait Sonia pendant les cinq ans d’amitié qu’elle a connus. C’est au collège qu’elle avait rencontré celui qui allait devenir son meilleur ami. Le courant était immédiatement passé entre eux et les deux camarades de classe s’étaient tout de suite rapprochés. «Il n’a jamais été question d’amour entre nous. C’était une amitié pure et simple. On a vécu tellement de choses. On a fait les pires délires ensemble», souligne-t-elle, plongée dans ses souvenirs.

Chez Sonia, il fait presque partie de la famille et sa mère l’appelle même «mon garçon». Mais quelque temps plus tard, avec la nouvelle histoire d’amour de son ami, la distance s’installe dans leur relation : «Il ne m’a jamais dit qu’il sortait avec cette fille. Il était devenu distant. Je ne lui ai pas posé de questions non plus. Nos amis m’ont dit qu’elle était jalouse. Au fil du temps, on a arrêté de se parler et de se voir, sans aucune explication.» Comme l’explique Dominique Chapot dans son livre, il est préférable, dans ces cas-là, de garder les bons souvenirs : «On a tout donné à une personne et puis, nos chemins se séparent sans douleur. On préfère garder les bons souvenirs d’une relation et lentement s’éloigner.»

Il s’agit alors de faire le deuil de cette amitié et de continuer la route séparément.  

 



Le saviez-vous ?


L’amitié peut-elle être passionnelle ? Pour Danièle Brun, l’une des rares psychanalystes à s’être consacrées à ce sujet, c’est ce qu’on retrouve dans une rupture amicale. Selon la spécialiste et auteure du livre La passion dans l’amitié, on retrouve, lors d’une cassure, une «intensité émotionnelle» jusque-là enfouie. Chez les femmes, cette rupture est beaucoup plus douloureuse et bouleversante car, contrairement aux hommes, elles partagent une «intimité fusionnelle».

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