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22 avril 2014 11:27
Il y a les cigognes, les choux, les abeilles, ce fameux mystère de la vie et même de la petite graine qui se retrouve comme par enchantement dans le ventre de maman avant de se transformer en un magnifique bébé. Quand il s’agit de parler de sexualité avec un enfant, les parents savent faire preuve d’une imagination pour le moins débordante.
Vous l’aurez compris. Ce n’est pas toujours facile d’aborder le sujet avec ses enfants. Comment en parler ? Quel est le moment le plus approprié ? Comment choisir les bons mots ? Dans ce domaine, aucune règle n’a jamais vraiment été établie. La sexualité étant un sujet encore tabou, de nombreux parents hésitent à en parler ouvertement à leurs enfants, surtout à leurs ados. Certains esquivent la question, d’autres y vont à tâtons, en noyant le poisson et d’autres encore ne communiquent pas sur le sujet.
Pourtant, selon les professionnels, parler de sexualité est un des aspects importants de l’éducation que doit recevoir un enfant. Il n’y a pas d’âge idéal, disent-ils, pour lancer la discussion. Il faudrait que ça ne soit ni trop tôt, ni trop tard. Le mieux, soulignent les psychologues, c’est d’attendre que l’enfant lui-même se mette à poser des questions. Et comme ces derniers sont très curieux, ça ne devrait pas tarder.
Nicolas en sait quelque chose. Son fils Éthan, âgé de 4 ans, a créé la surprise en posant une question à laquelle le jeune papa ne s’attendait pas. «Il m’a demandé pourquoi le zizi de sa maman était plat. J’ai essayé de lui répondre de la meilleure façon possible en lui expliquant que ce n’était pas un zizi et qu’il y avait une différence entre l’homme et la femme», explique-t-il.
Poser des questions
Pour les spécialistes, l’enfant est prêt à recevoir des informations quand c’est lui qui pose les questions. Après cette première question, il n’y en a pas eu d’autres de la part d’Éthan, souligne Nicolas. Selon lui, son fils se serait contenté de sa réponse. En attendant d’autres questions, il ne compte pas revenir sur le sujet : «Pour le moment, je ne sais pas trop. Je pense que je vais attendre qu’il pose d’autres questions. S’il n’y en a aucune, dans quelques années, je lui dirai : ‘‘Bon fiston, il faut que je t’explique certaines choses’’.»
Avec Éthan, Nicolas préfère ne pas brusquer les choses et attendre les interrogations de son fils.
Quand un gamin s’apprête à quitter la petite enfance, il se met à découvrir son corps et à entrevoir les différences entre les deux sexes. Ainsi, le préparer à comprendre son corps est donc important. Shirley est très proche de sa fille et elle a décidé de ne pas attendre avant de commencer à en parler tout doucement avec elle. En ce moment, elle croule déjà sous les questions de Delphine, 7 ans, qui suit des cours d’éducation sexuelle à l’école : «En ce moment, ça n’arrête pas. Maman, c’est ça le zizi ? Ils font quoi avec ? Alors là, je lui réponds et, pendant que je lui donne son bain, je lui explique que le corps change, que les filles ont des seins, qu’il y a les poils aussi. Nous ne sommes pas encore arrivés au stade de parler des relations sexuelles.»
Mère et fille ont même assisté à une causerie qui avait été donnée sur le sujet. Delphine est rentrée à la maison avec un livret évoquant la sexualité chez les garçons et les filles. «Je l’ai laissée regarder le livret et je lui ai demandé de me poser des questions si toutefois elle en avait», souligne Shirley.
Très proche de sa fille Delphine Shirley a déjà commencé à apporter des réponses aux questions de sa petite.
Selon Anne Vaisman, auteure de Comment parler de sexualité aux enfants, les parents peuvent commencer cette éducation très tôt en adaptant le dialogue en fonction de l’âge de leur enfant. Ce qui favorisera une meilleure communication sur le sujet au moment de l’adolescence, une période pas toujours facile. «Les parents doivent vraiment faire comme ils le sentent. Certains sont plus à l’aise avec des mots comme ‘‘zizi’’ ou ‘‘zezette’’ qu’avec les vrais termes ‘‘médicaux’’. De toute façon, il faudra expliquer un jour ou l’autre ce qu’est un pénis ou un vagin à l’enfant. Le plus important, c’est vraiment de sentir le bon moment. Il n’est pas nécessaire de forcer les enfants à en parler, à chacun son rythme», a-t-elle précisé dans une récente interview.
La chose à ne pas faire, poursuit Anne Vaisman, c’est de prendre l’enfant entre quatre yeux un beau jour pour lui ‘‘raconter la vie’’ : «Il est inutile de le convoquer pour parler de sexualité. Ce sujet doit venir de façon très naturelle, sans forcer l’intimité du bambin ou être intrusif. De toute façon, la sexualité fait tellement partie du quotidien qu’il est vraiment difficile de ne pas en parler.»
À l’adolescence, au moment de l’éveil sexuel, les interrogations se portent plus sur la puberté, les amis et les premières expériences amoureuses. Selon Anne Vaisman, un jeune est mieux préparé à la vie sexuelle si ses parents lui en ont parlé lorsqu’il était petit.
Shamima a toujours tenu à donner à Noa, son adolescent de fils, toutes les informations nécessaires en ce qui concerne la sexualité. Bien qu’il ait bénéficié de cours d’éducation sexuelle à l’école, ce que salue Shamima, elle a quand même tenu à poursuivre la discussion à la maison. «J’ai commencé à lui expliquer les choses à partir de l’âge de 9 ans. Aujourd’hui, c’est un adolescent et je pense que c’est mon rôle de parent de le guider et le conseiller. Par exemple, je lui parle des dangers d’avoir des relations sexuelles sans protection. Je lui dis aussi qu’il ne faut pas qu’il écoute tout ce que racontent les gens. Comme tout garçon de son âge, il est assez réticent à en parler, mais je suis sûre que le message passe», dit-elle.
En plus de l’école, les parents peuvent aussi transmettre à l’adolescent des connaissances sur la procréation, la prévention des maladies sexuellement transmissibles et la contraception, sans inonder son intimité. Selon les spécialistes, il est préférable de lui donner une certaine forme de responsabilité plutôt que de l’empêcher d’avoir une vie sexuelle.
Le saviez-vous ?
Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Pediatrics, le Dr Schuster et ses collègues expliquent avoir étudié, pendant une année, 141 adolescents de 13 à 17 ans ainsi que leurs parents. L’étude a révélé que 40 % de ces jeunes ont écouté leurs parents expliquer pourquoi ils devaient s’abstenir d’avoir des relations sexuelles alors que ceux-ci s’y étaient déjà essayés. Résultat des courses ? «Lorsque des parents attendent le bon moment pour parler de sexualité avec leurs enfants, le bon moment est déjà loin derrière», soutient le Dr Schuster.
Outre l’école, les parents sont les premiers éducateurs en matière de sexualité. En parler ouvertement peut cependant être compliqué pour eux. Voici quelques astuces pour passer ce cap sans grosse difficulté…
Vous avez le droit d’être mal à l’aise
Qui a dit qu’il fallait obligatoirement être un expert en sexualité pour en parler ? Vous avez le droit de vous sentir mal à l’aise en abordant le sujet. Ne vous culpabilisez pas à cause de ça. Au contraire. Parlez-en ouvertement à votre enfant, tout en lui disant que vous ferez de votre mieux pour trouver les réponses à ses questions.
Choisissez le bon moment
Selon les spécialistes, il n’y a pas d’âge idéal pour aborder le sujet. Vous pouvez attendre que votre enfant vous pose des questions pour vous lancer, mais vous pouvez le faire quand vous sentez qu’il est prêt à vous écouter sur ce sujet ou quand l’occasion s’y prête.
Parlez de valeurs sans sermon
Le mot d’ordre : donner un message clair à votre enfant. Attention ! Il n’est pas question de vous lancer dans un bras de fer, mais plutôt de le guider et le conseiller. Ainsi, vous pouvez parler de vos valeurs sans pour autant les rejeter sur lui. Utilisez des mots comme amour, relation, intimité, communication tout en évoquant les dangers des relations sexuelles à risque.
Soyez à l’écoute
Ne vous imposez pas. L’écoute, comme dans toute communication, est très importante. Ainsi, prêtez une oreille attentive à son opinion sans le juger. Si vous n’êtes pas d’accord, faites-le lui comprendre. Quand ce sera à vous de vous lancer, commencez vos phrases en utilisant des formules comme «je pense que…», «je crois que…».
Cela permettra de garder la communication ouverte.
Encouragez les questions
Il est important de faire comprendre à votre enfant que ses questions sont les bienvenues. Vous pouvez prendre les situations de la vie de tous les jours comme point de départ pour aborder le sujet. Par exemple, profitez de la grossesse d’une proche pour demander à l’enfant s’il sait d’où viennent les bébés.
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