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Un refuge appelé SOS Femmes

20 avril 2015

Ambal Jeanne et quelques membres de son équipe au centre résidentiel de Belle-Étoile.

Offrir abri, soutien et conseils aux femmes victimes de violence, c’était l’objectif de feu Radha Gungaloo et de son équipe, en lançant en 1988, l’association SOS Femmes. Vingt-sept ans plus tard, le combat continue pour cette ONG qui est devenue, au fil des années, une référence dans la lutte contre la violence envers les femmes.

 

Dans le centre résidentiel de Belle-Étoile, une soixantaine de femmes et d’enfants peuvent être accueillis. Soutenus par les accompagnateurs, les victimes de violences ont la possibilité d’y séjourner temporairement, le temps de se remettre sur pied et de se reconstruire. La devise de l’équipe, c’est de ne jamais laisser repartir une femme qui frappe à sa porte en se disant victime de violences. «Nous l’écoutons d’abord sans juger, sans condamner. Nous travaillons avec elle en essayant d’identifier le problème, en la conseillant, en lui expliquant ses droits, les dispositions de la loi afin de l’aider à prendre une décision», explique Ambal Jeanne, directrice de SOS Femmes. Elle tient à préciser que «c’est une association de femmes créée par les femmes pour les femmes».

 

Les conséquences de la violence sur une femme sont terribles. Celle-ci ressent une grande souffrance, physique et psychologique, une grande solitude et un profond désespoir. Elle se sent vidée de toute émotion, de toute envie. Elle est détruite et a souvent l’impression d’être comme une moins que rien, tant l’agresseur a exercé sur elle un contrôle, tant elle a été sous emprise de celui qui lui a enlevé son identité. Pour la dominer, il lui dit que, sans lui, elle ne serait pas là, qu’elle est devenue quelqu’un grâce à lui, qu’elle n’arrivera jamais à rien dans la vie. Il fait en sorte de l’isoler au maximum de sa famille, de ses amis, de la société. Tout cela pour mieux la contrôler et la dominer. Cependant, malgré les coups, les humiliations et les insultes, c’est très rare, affirme Ambal Jeanne, que la femme se sépare la première fois. «Au fond d’elle, elle ne veut pas casser le couple. Ce dont elle ne veut plus, c’est de la violence», précise-t-elle.

 

Pour Ambal Jeanne, il est impératif d’éduquer nos filles autrement afin de mieux les protéger et pour qu’elles ne se laissent pas dominer par un homme. La société, dit-elle, doit changer son regard : «Le mécanisme social, économique et culturel doit changer. Il faut que la femme comprenne qu’il n’est pas nécessaire de se marier pour réaliser ses rêves et s’épanouir. Le mariage est un choix, pas une nécessité.»

 

Fragilisées émotionnellement, les femmes battues se replient sur elles-mêmes et sont prêtes à accepter beaucoup de choses. Hors, les femmes, souligne la directrice de SOS Femmes, doivent apprendre à dire non.

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