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21 juin 2015 04:36
En cet après-midi frisquet à Floréal, un mélodieux brouhaha envahit la cité. On entend au loin des notes de piano, des airs de violon, de flûte à bec et des petites voix qui entonnent des «la la la la la» harmonieux. À Cité Mangalkhan, la musique flotte dans l’air et fait partie du décor du quartier. Comme tous les jours, à partir de 14 heures, les enfants du quartier investissent les Loges de Mangalkhan où ils passent quelques heures dans une école de musique pas comme les autres.
C’est dans ce bâtiment qui tombe en ruine que l’équipe de l’association Vent d’un Rêve a posé ses valises il y a quelques années afin d’offrir aux enfants de Cité Mangalkhan un endroit où ils peuvent apprendre, se divertir et s’épanouir au lieu de se retrouver livrés à eux-mêmes après l’école alors que leurs parents sont au travail. Là-bas, ils apprennent à jouer de plusieurs instruments de musique, à chanter et à vivre avec les autres comme une famille. Au final, pour eux, Vent d’un Rêve, c’est un peu comme une deuxième maison.
Tasse de thé à la main et pieds nus, Leslie Merven, la fondatrice de Vent d’un Rêve, se tient debout sur les escaliers, balayant du regard la cité et prête à accueillir ses petits. Ici, tout le monde la connaît. Son franc-parler, sa gentillesse et ses yeux bleu azur ne laissent personne indifférent. Pour cette Sud-Africaine mariée à un Mauricien, tout est parti des cours de musique qu’elle a donnés pendant 15 ans aux enfants de Mangalkhan à l’église Ste Hélène. C’est après avoir vu le film sur El-Sistema, un programme de musique destiné aux enfants vulnérables, que l’idée de créer un centre lui est venue à l’esprit.
«Pour se rapprocher de la cité et toucher encore plus d’enfants, nous avons créé l’association en 2011 grâce à l’aide et au soutien de Paul Olsen et de la Fondation Spectacles et Cultures. Nous avons trouvé ce petit espace où on arrive à accueillir les enfants pour leur donner des cours de violon, de trompette, de flûte à bec, mais aussi de chant, d’alphabétisation, entre autres. Nous demandons une somme symbolique de Rs 25 aux parents par an. En 2012, nous sommes devenus une association et il y a quelques mois, nous nous sommes détachés de la Fondation Spectacles et Cultures pour nous enregistrer officiellement en tant que CSR», explique-t-elle.
Les «mamans»
Bien qu’à première vue l’immeuble ne paie pas de mine, la chaleur et la convivialité du lieu et de ses occupants ne peuvent que réchauffer les cœurs une fois à l’intérieur. Les enfants qui viennent tout juste d’arriver se précipitent vers celles qu’on appelle affectueusement chez Vent d’un Rêve les «mamans» et tous se font des accolades.
Elles sont plusieurs, mamans ou grand-mères du quartier, à s’être jointes au projet pour s’occuper des enfants. Plusieurs d’entre elles ont eu l’opportunité de suivre des formations proposées par Caritas pour ensuite venir encadrer les enfants de l’association qui accueille aujourd’hui 140 enfants et jeunes ayant entre 3 et 18 ans. 58 d’entre eux jouent de la flûte, 50 autres du violon, une vingtaine jouent de la trompette et une quinzaine font de la chanson.
Jocelyne Ramaswamy est un peu la maman en chef de la bande. Elle dirige les opérations avec Leslie d’une main de maître. Aujourd’hui, c’est elle qui a préparé le goûter : du pain fourré et une bonne tasse de thé. Cette collation rend les enfants tout heureux et met tout de suite de bonne humeur. Pas question de commencer les cours sans une petite collation. Et s’il y a quelques retardataires, elle n’hésite pas à descendre dans les rues pour aller chercher les élèves. Une fois le ventre bien rempli, c’est avec plaisir que les enfants rejoignent leurs profs respectifs qui ont été, pour la plupart, des élèves de Leslie Merven.
Revenir enseigner à des petits de sa localité est important pour Rachel qui donne des cours de violon trois fois par semaine. Dans sa salle de classe, on retrouve Sephora et Loana, toutes les deux âgées de 6 ans, leur violon à bout de bras suivant à la lettre les indications de leur prof. Si l’une fait une fausse note, elle s’arrête et reprend. Jouer de cet instrument est devenu pour elles une véritable passion. «J’aime jouer du violon. Ce n’est pas difficile», lance l’une d’entre elles.
À côté, Leslie Merven s’est installée au piano qui trône au milieu de la pièce. Une vingtaine d’enfants l’entourent et chantent avec elle l’une des chansons qu’ils présenteront aujourd’hui lors d’un spectacle qui aura lieu aux Loges de Mangalkhan à l’occasion de la fête de la Musique. Depuis trois ans, ce spectacle, qui a d’ailleurs révélé Ryan Pynam, sacré gagnant de Ti Mambo, est devenu un rendez-vous incontournable pour les habitants de la localité.
Excitation
Du coup, ces dernières semaines ont été rythmées par les répétitions en vue du spectacle. Les enfants sont tous surexcités à l’idée de monter sur scène devant leurs amis et leurs familles. «Ce sera un grand moment. Ils ont tellement de talent. Nous avons prévu un joli programme avec plusieurs numéros», souligne Leslie.
L’espace restreint dont ils disposent laisse peu de possibilités à Leslie et son équipe. Du coup, les cours se font côte à côte pour le moment. En effet, ils ont récemment trouvé une maison au cœur de la cité qui sera bientôt leur nouveau local d’ici quelques semaines. Un projet qui leur tient particulièrement à cœur puisqu’il leur permettra d’être plus à l’aise, de proposer plus d’activités et d’accueillir plus d’enfants. «Ici, nous nous débrouillons comme nous pouvons, mais nous sommes extrêmement contentes d’avoir trouvé cette maison bien plus grande qu’ici. Nous devons surtout dire merci à ceux qui, depuis le début, ont cru en nous et nous soutiennent dans nos démarches», souligne la fondatrice de Vent d’un Rêve.
Le piano à côté du violon, le cours d’alphabétisation dans un coin de la salle, le chant à côté de ceux qui apprennent à jouer de la trompette et ainsi de suite. Du coup, le vacarme est inévitable, mais c’est une ambiance que tous aiment retrouver chaque après-midi. Malgré le brouhaha, impossible de ne pas distinguer les airs de la chanson de Richard Anthony, J’entends siffler le train. À l’étage, Sylvio Armandine et ses élèves répètent inlassablement cette chanson au violon, question d’être au point pour la représentation.
Après une longue carrière au Conservatoire François Mitterrand, il a voulu donner une nouvelle dimension à sa passion. C’est ainsi que, depuis quelques mois, il donne des cours aux enfants de Vent d’un Rêve. Le prof qu’il est a été vite surpris de découvrir de véritables talents chez ces petits qui débarquent à 3 ou 4 ans sans rien connaître d’un instrument de musique et qui, au fil des années, développent un véritable talent. Pour Leslie Merven et les mamans de l’association, Vent d’un Rêve est bien plus qu’une simple école de musique. C’est principalement une école de la vie où les enfants apprennent non seulement à jouer d’un instrument de musique, mais surtout à vivre ensemble, à se respecter, à partager et à aimer leurs camarades.
Vent d’un Rêve : toute la musique des enfants de MangalkhanVent d’un Rêve : toute la musique des enfants de Mangalkhan Ils chanteront ce dimanche avec tout leur cœur sur les marches des Loges de Mangalkhan. Cette fête de la Musique, ça fait des semaines que les enfants de Vent d’un Rêve la préparent. En attendant de lire l’article consacré à cette école de musique pas comme les autres dans votre édition de demain, voici quelques images des enfants en pleine répétition…
Posted by 5 Plus Dimanche on Saturday, June 20, 2015
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