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4 octobre 2025 18:57
Le coût, la menace de pénalité, les modalités pratiques de cette mesure, imposée sans discussion ni consultation préalables, suscitent inquiétudes et critiques chez les propriétaires de chiens.
Une loi qui peine à convaincre
Une mesure qui manque de réalisme et de préparation. Au final, cela risque, estiment les défenseurs de la cause animale, de limiter son efficacité et de pénaliser davantage les propriétaires plutôt que d’améliorer la situation des chiens errants.
Aruna Pulton, de The Neuter Warriors, regrette «une décision prise dans l’urgence et une communication bancale», qui ont provoqué «un désordre évitable». Pour elle, «if you fail to plan, you plan to fail» et c’est exactement ce qui s’est passé. Elle pointe aussi des incohérences : «Comment va-t-on procéder pour les chiens errants ? Qui les attrapera ? Et comment appliquer la loi sur les chiens difficiles à approcher ? J’ai cinq chiens, trois ne sont pas encore enregistrés. Si je ne le fais pas, qui le saura ?» La militante estime que tout cela aurait dû être pensé «de manière plus holistique, en tenant compte du bien-être animal». Selon elle, une campagne de sensibilisation et une implication des organisations non gouvernementales (ONG) en amont auraient permis d’éviter «ce communiqué reçu comme un coup de massue, mettant la charrue avant les bœufs».
Chez Indie’s World, qui gère un refuge pour animaux, la nouvelle a été bien accueillie. «Nous soutenons pleinement l’obligation d’enregistrer et de micropucer les chiens. C’est une mesure essentielle pour responsabiliser les propriétaires et donner aux autorités les moyens d’agir contre la maltraitance et l’abandon», souligne Cindy Gavin, cofondatrice. À long terme, cela pourrait aussi «dissuader ceux qui laissent leurs chiens errer dans la rue». Cependant, elle appelle à rester lucide : «L’enregistrement seul ne fera pas diminuer le nombre de chiens errants. Seule une campagne de stérilisation massive, accessible et coordonnée, peut réellement changer la donne.» L’accès limité aux centres et le coût sont, selon elle, de véritables obstacles, surtout pour les familles modestes, les rescuers indépendants et les associations qui prennent en charge des dizaines, parfois, des centaines de chiens. «Ces acteurs jouent pourtant un rôle crucial dans la gestion de la crise animale à Maurice», rappelle-t-elle.
Sabrina Joyekurun, secrétaire du comité de PAWS, abonde dans le même sens. Selon elle, cette initiative s’inscrit dans une démarche déjà adoptée dans de nombreux pays pour créer une base de données nationale. Par contre, le manque de communication a provoqué une levée de bouclier. «Ça a été très mal fait. Ce n’est que maintenant qu’on vient nous dire qu’il y aura d’autres sites d’enregistrement et des warnings avant la pénalité. Tout cela aurait dû être dit avant. C’est un sujet sensible qui demandait une préparation en amont. Nous, on va encourager les gens à enregistrer leurs chiens, mais il faut comprendre la réalité mauricienne. Lors de notre dernière réunion avec le ministère et la MSAW, on avait souligné l’importance de ne pas faire payer l’enregistrement parce que cela allait encourager l’abandon.»
Bonne intention, mauvaise exécution
Comme un chien qui aboie plus fort qu’il ne mord, l’enregistrement obligatoire des chiens à Maurice fait beaucoup de bruit depuis une semaine. Résultat ? Colère, panique et confusion généralisée. Si l’intention est bonne, la mise en œuvre laisse à désirer et suscite une vive polémique à travers le pays. D’abord, il y a le timing. Cette loi, qui date de 2013, est subitement entrée en vigueur le 1er octobre et impose à tous les propriétaires de chiens la pose d’une micropuce et leur enregistrement auprès de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW).
Vient ensuite le manque évident de communication, de préparation et d’organisation qui alimente l’incompréhension et la frustration parmi les Mauriciens. Beaucoup décrient l’imposition brutale de cette mesure et dénoncent encore une fois le manque de concertation. Au-delà du timing, c’est le coût et la logistique qui posent problème : chaque chien doit se faire enregistrer et être muni de la micropuce pour Rs 350 dans les centres MSAW de Rose-Hill et de Plaine-Magnien, ce qui complique fortement la tâche pour de nombreux propriétaires.
La pression pourrait toutefois s’atténuer dans les prochains jours. Deux cliniques vétérinaires privées ont annoncé, après une réunion avec les autorités, qu’elles seront en mesure dès la semaine prochaine de procéder elles aussi au microchipping et à l’enregistrement des chiens. Une mesure qui, si elle se confirme officiellement, permettrait de désengorger les centres de la MSAW de Rose-Hill et de Plaine-Magnien. Reste que l’attente d’une confirmation officielle entretient le flou et l’inquiétude chez de nombreux propriétaires.
Aux yeux de ces derniers, la mesure semble avoir été appliquée sans véritable prise en compte des différents cas de figure : certains propriétaires n’ont pas de moyen de transport, d’autres possèdent plusieurs chiens ou encore des animaux âgés, de grande taille ou parfois agressifs, rendant tout ce processus particulièrement compliqué.
Enfin, la loi prévoit des sanctions sévères en cas de non-respect, avec une amende de Rs 100 000, perçue comme une épée de Damoclès. Si dans le fond, cette loi n’est pas une mauvaise chose, c’est dans la forme qu’elle peine à convaincre et à fédérer. Pour se défendre, les autorités, elles, insistent sur le fait que l’objectif derrière cette mesure est de responsabiliser les propriétaires, de mieux contrôler la population canine et de protéger le bien-être des animaux, tout en limitant les risques sanitaires liés aux chiens errants. Selon la MSAW, ce processus devrait permettre d’identifier plus facilement les animaux perdus ou abandonnés et améliorer la prise en charge des chiens sur l’île.
Un effet inverse ?
Depuis quelques jours, affirme Sabrina Joyekurun, PAWS a reçu plusieurs appels de personnes souhaitant leur remettre leur chien. «Ça nous fait peur. On a déjà une grosse population de chiens errants et la situation risque d’empirer.» Sur le terrain, souligne Maria Pudaruth, défenseuse de la cause animale, cette réalité se fait déjà ressentir. «L’enregistrement des chiens est une mesure nécessaire pour contrôler la population canine et lutter contre l’abandon. Sur le long terme, cela pourrait réellement favoriser la cause animale.» Mais depuis une semaine, c’est l’effet inverse. «Le nombre d’abandons a triplé. Beaucoup de personnes ne veulent pas se donner la peine, d’autres n’ont ni les moyens ni la volonté de procéder à l’enregistrement. De nombreuses personnes ayant recueilli des chiens par compassion regrettent désormais leur décision. Il est probable que le nombre de chiens errants augmente, car même ceux qui ont l’envie de bien faire réfléchissent désormais à deux fois avant de prendre un chien errant en charge.»
La militante se pose aussi des questions sur le problème des «community dogs» qui reste, dit-elle, entier. «Ce sont des chiens nourris par la population, mais qu’on ne peut pas attraper facilement. Que deviendront-ils ? La loi prévoit-elle leur suivi ou risque-t-on qu’ils soient euthanasiés ou abandonnés par les autorités ?» Autant de questions qui restent pour le moment sans réponse.
Audrey Hardy, fondatrice de l’ONG NouZanimo, en est aussi convaincue. Cette loi a démarré du mauvais pied. *«Une approche progressive, impliquant toutes les parties prenantes – ONG, rescuers, représentants du ministère, MSAW, vétérinaires – aurait permis une transition plus douce, et aurait évité la colère et la frustration au sein de la population. Par ailleurs, la MSAW, bien que pleine de bonne volonté, ne semble pas équipée ni suffisamment structurée pour répondre à une telle demande et gérer cette charge administrative.» *
La stérilisation : priorité partagée
Toutefois, certains estiment qu’il est encore temps de rectifier le tir. Plusieurs solutions pourraient permettre de faire de l’enregistrement un levier positif pour le bien-être animal. «Une alternative réaliste aurait peut-être été de commencer par l’enregistrement gratuit ou peu coûteux des nouveaux chiens, en collaboration étroite avec toutes les parties concernées. Cette approche aurait permis de sensibiliser la population, de promouvoir la responsabilité et de réduire progressivement le nombre de chiens errants», lance Audrey Hardy. Pour Aruna Pulton, le vrai focus aurait dû être la stérilisation massive des chiens et des chats pour contrôler leurs populations. «Une autre mesure serait la création de mini-refuges à travers l’île pour les cas spécifiques tels que chiots/chatons abandonnés avec ou sans leurs mamans, les chiens malades, vieux ou abandonnés.»
Cindy Gavin estime, elle, que cette initiative pourrait être une vraie opportunité pour mieux contrôler la population canine, mais aussi pour instaurer un vrai dialogue entre les différentes parties prenantes. «Pour qu’elle soit efficace et juste, nous appelons à une tarification adaptée ou la mise en place de subventions pour les foyers vulnérables, les rescuers indépendants et les associations, l’intégration systématique de la stérilisation dans le processus d’enregistrement, une campagne d’éducation et de sensibilisation auprès des propriétaires sur le bien-être animal et leurs responsabilités, et une première phase d’application axée sur l’information et la prévention, avant le recours à la sanction. L’enregistrement, s’il est bien pensé, peut être le point de départ d’une véritable culture de respect et de responsabilité envers les animaux à Maurice.»
Aujourd’hui, tous s’accordent sur un point : la priorité aurait dû être la stérilisation obligatoire des chiens et des chats. «Une campagne massive, accessible et coordonnée peut réellement freiner la prolifération des animaux errants et améliorer durablement leur condition», souligne Sabrina Joyekurun. Aruna Pulton ajoute que plusieurs ONG internationales étaient prêtes à mener une campagne pouvant atteindre 70 % de la population canine, mais que rien n’a été concrétisé, freiné par un Veterinary Council «amorphe et archaïque». Elle recommande également la création de mini-refuges pour chiots, chatons, chiens malades ou âgés, afin d’assurer une prise en charge adaptée. Ce qu’il ne faut pas oublier, conclut-elle, c’est que derrière chaque chien ou chat errant, ce sont toujours les humains qui sont responsables. Une approche globale, réaliste et bien coordonnée pourrait enfin inverser la tendance.
World Animal Rights Day : Une messe pour célébrer les animaux
Le 4 octobre marque la Journée mondiale des animaux, également connue sous le nom de World Animal Rights Day. Cette journée a été créée pour sensibiliser à la cause animale et promouvoir leur bien-être à travers le monde. À cette occasion, l’association Quatre Tilapat, a organisé, en collaboration avec la paroisse de Notre-Dame de Lourdes, sa messe annuelle de la Création. Un rassemblement qui marque aussi la fête de Saint-François d’Assise, patron des animaux et des cultivateurs de l’écologie.
Dr Jowad Timol de la clinique Vétérinaire Mauritius : «La pose est rapide et peu douloureuse, comparable à une simple injection»

Quels sont les avantages de la puce électronique pour les chiens et leur propriétaire ?
La puce électronique ou microchip est un dispositif de la taille d’un grain de riz d’environ 1 cm de long implanté sous la peau du chien. La puce contient un numéro unique à 15 chiffres.
Elle présente plusieurs avantages majeurs :
Identification permanente : Contrairement à un collier ou une médaille, la puce ne peut pas être enlevée, perdue, falsifiée ou retirée (sauf chirurgicalement). C’est la méthode d’identification la plus fiable et durable tout au long de la vie de l’animal.
Retour rapide en cas de perte : Si le chien est retrouvé, un vétérinaire ou un refuge peut scanner la puce pour identifier le propriétaire. Lutte contre les vols : En cas de vol, la puce permet de prouver la propriété légale de l’animal.
Voyages : Elle est obligatoire pour voyager à l’étranger dans de nombreux pays.
Accès à l’historique médical : La puce peut être liée à un dossier vétérinaire, facilitant les soins, comme cela est mis en œuvre chez Vétérinaire Mauritius à Albion et à Triolet, ainsi que pour les visites à domicile avec VetXpress.
La pose de la puce est-elle douloureuse ou risquée pour l’animal ?
La pose est rapide et peu douloureuse, comparable à une simple injection. Elle se fait généralement sans anesthésie. Le risque est très faible. La puce est implantée sous la peau, généralement entre les omoplates ou dans la région cervicale, à l’aide d’une seringue spéciale.
Les complications sont rares, mais peuvent inclure :
Légère inflammation ou gonflement au site d’implantation, généralement temporaire.
Petite boule sous la peau (réaction du corps étranger), qui disparaît généralement seule ou surveillée par un vétérinaire.
Déplacement léger de la puce, ce qui peut compliquer la lecture mais n’est pas dangereux.
Très rarement, réaction allergique, infection locale ou fibrose, sans gêner le fonctionnement.
Ces risques restent minimes si la pose est faite par un vétérinaire.
Comment la puce facilite-t-elle le retour d’un chien perdu ou volé ?
Si le chien est retrouvé par un particulier, un refuge ou un vétérinaire, un lecteur (scanner) lit la puce qui contient un numéro unique à 15 chiffres. Ce numéro est recherché dans une base de données où sont enregistrés les coordonnées du propriétaire (nom, adresse, téléphone) et les informations sur l’animal, permettant ainsi de contacter rapidement le propriétaire.
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