Intense levée de boucliers

Le mécontentement est partout. Depuis l’annonce du nouvel âge éligible pour la pension universelle – qui passe de 60 à 65 ans – par le Premier ministre et ministre des Finances Navin Ramgoolam, lors du Budget Speech le 5 juin dernier, c’est la grosse résistance qui s’organise de partout : syndicats, citoyens, analystes et politiciens, dont certains dans les rangs même du gouvernement ! Une semaine mouvementée pour une actualité chaude qui n'est pas près de se tarir avec l’annonce de manifestations pour le 21 juin et un Conseil des ministres spécial ce lundi 16 juin.

Le gouvernement entre Conseil des ministres spécial ce lundi, comité ministériel et… contestations dans ses rangs On attend. Le gouvernement a fort à faire pour gérer tout le mécontentement autour de cette mesure budgétaire qui fait passer l’âge éligible à la pension universelle de 60 ans à 65 ans, avec des voix contraires venant de syndicalistes, de citoyens, de membres de l’opposition, de plein de monde!

Les regards sont tournés vers le Conseil des ministres, avec une réunion spéciale prévue ce lundi 16 juin, présidée par le Premier ministre Navin Ramgoolam. Tous s'attendent à ce que des décisions y soient prises autour de cette mesure controversée. Et c’est mardi que les débats budgétaires commenceront à l’Assemblée nationale.

À l’heure où nous mettions il était aussi prévu que Paul Bérenger et Navin Ramgoolam se rencontrent ce samedi, car durant la semaine écoulée, soit les 10 et 12 juin, un comité ministériel présidé par le vice-Premier ministre s'était réuni (Ramgoolam n’était pas au pays) pour discuter des préoccupations autour de certaines mesures du Budget 2025-2026, dont le fameux nouvel âge d’éligibilité pour la pension universelle.

La contestation est aussi dans les rangs du gouvernement. On a bien vu durant la semaine les posts de deux parlementaires du gouvernement. Tout d’abord, le député rouge Ehsan Juman devait publier sur sa page Facebook le 12 juin dernier : «Mo fermement d’accord ki augmente li pa enn option.

Même si le Premier ministre ek le ministre des Finances pa pe guetté popularité politique mais plutôt l’avenir. Mo suggere mette en place enn comité indépendant pou réexaminer toutes les options avec transparence, compétence ek respect pou le peuple. Mo reste convaincu ki le Premier ministre, ene dimounn ki à l’écoute de so peuple – et mo espère ki li pou entendre sa l’appel-là.(sic)»

Khushal Lobine, député et membre des Nouveaux Démocrates, a lui aussi pri position et proposé un système de pension qu’il juge «plus juste, responsable et humain». Il propose un système à deux vitesses, disant que ce sont les femmes au foyer, les travailleurs manuels et ceux qui ont commencé à travailler depuis très jeune qui méritent une pension complète dès 60 ans. Par contre, ceux qui ont des revenus confortables pourraient différer leur retraite à 65 ans ou toucher une pension partielle à 60 ans. Par contre, silence radio cette semaine du côté du ministère de la Sécurité sociale ;le ministre Ashok Subron et son junior minister Kugan Parapen n’ont pas fait de commentaire et n’étaient pas joignables alors que le débat n’a cessé de s’amplifier cette semaine.

En tout cas, suspense jusqu’à demain.

Deux manifestations prévues après celle de Rodrigues d’hier

Le bras de fer ne s’est pas fait attendre, avec une mobilisation qui a pris de l’ampleur au courant de la semaine. Déjà, le grincement de dents avait débuté dès l’annonce de la mesure lors du Budget du 5 juin sur les réseaux sociaux. Et maintenant, place à l’action.

Le mercredi 11 juin, l’avocat Sanjeev Teeluckdharry, avec à ses côtés l’activiste social Nishal Joyram, a animé une conférence de presse où il a déclaré qu’il est en train d’examiner des possibilités de recours légal pour contrer cette mesure budgétaire, même s’il concède qu’une judicial review d’une telle mesure venant de l’État est complexe. Le vendredi 13 juin, c’étaient les syndicalistes qui se réunissaient, plusieurs organisations syndicales qui se sont réunies suite à l’appel de la Federation of Trade Unions (FTU). Tout ce beau monde est tombé d’accord sur une marche symbolique pour mettre la pression sur le gouvernement. Le tout se tiendra le 21 juin à la mi-journée au Champ-de-Mars, vers 12h30, pour converger jusqu’au jardin de la Compagnie.

Pour Atma Shanto de la FTU, «n’est que le début. Nous avons toujours défendu l’État-providence et nous ne pouvons pas rester silencieux. Nous visons à envoyer un message fort». Jane Ragoo de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) a, elle, déclaré que depuis l’annonce de la mesure de la pension universelle à 65 ans, «une onde de colère traverse le pays. Qu’en est-il des travailleurs et des personnes âgées ?» 

Ce 21 juin, il y aura aussi une marche à Rose-Hill pour dire non à la pension universelle à 65 ans, organisée par Bruneau Laurette et toute une équipe. Le tout commencera à 11 heures à Arab Town pour converger vers le Plaza. Et ce samedi 14 juin, les choses ont rapidement bougé du côté de l’île Rodrigues où il y a eu une grosse mobilisation à Port-Mathurin pour dire non à la mesure.

Revoilà Pravind Jugnauth

Il promet. Le Mouvement socialiste militant n’a pas manqué de commenter la fameuse mesure autour de la pension universelle, avec l’ancien Premier ministre qui est monté au créneau.

Et Pravind Jugnauth n’a pas mâché ses mots lors de sa conférence de presse de mercredi dernier : «C’est le pire Budget depuis l’Indépendance du pays. C’est un Budget basé sur des mensonges.» Il a déclaré que la mesure sur les pensions est «injuste» et «cruelle», et qu’il ne faut pas que les Mauriciens «vinn mandian, tal lame ek perdi so dinite». Selon lui, les caisses de l’État ne sont pas vides : «Si cela avait été le cas, les postes de junior ministers n’auraient pas été créés.»

Il a aussi lancé un appel au Premier ministre Navin Ramgoolam de faire revenir l’âge de la pension à 60 ans et de rétablir les allocations sociales, promettant aussi que s’il revenait au pouvoir, il rétablirait la pension à 60 ans.