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Ils portent plainte pour négligence médicale après le décès de leur bébé

Jessica et Jonathan : «Se enn sikatris ki nou pou garde a vi»

16 juin 2025

Le couple, anéanti, estime que cette tragédie aurait pu être évitée.

Ils attendaient avec joie l’arrivée de leur enfant mais leur bonheur a été tragiquement interrompu. Bien qu’elle ait mené sa grossesse à terme, Jessica Vigoureux, 42 ans, a accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital le jeudi 5 juin et elle remet en cause son médecin traitant, qui l’a renvoyée chez elle la veille alors que son col avait déjà commencé à se dilater. Soupçonnant une négligence médicale, le couple, qui a porté plainte, revient sur cette tragédie.

Ils avaient chacun leur propre bagage familial, mais cela ne les a pas empêchés d’avoir des rêves et des projets ensemble. Au moment où ils se sont rencontrés, Jessica Vigoureux était déjà l’heureuse maman de trois enfants, tandis que Jonathan Phelines en avait quatre, mais leur passé respectif n’a jamais entravé leur désir de construire une vie ensemble. En apprenant l’an dernier qu’elle attendait un enfant de son compagnon, cette habitante de Palmar de 42 ans était comblée, un bonheur partagé par tous les membres de cette famille recomposée. Cette petite fille, ils l’auraient d’ailleurs prénommée Joy. «Se limem ki ti pou vinn leker nou de fami», s’était imaginé Jonathan. Hélas, le jeudi 5 juin, «tou finn degringole». Après avoir mené sa grossesse à terme, Jessica a accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital SAJ, une tragédie qui serait survenue, selon elle, à cause d’une négligence médicale. Durant les heures ayant suivi le drame, elle a consigné une déposition contre le médecin l’ayant suivie et a réclamé une enquête approfondie. Une enquête est en cours.

Depuis qu’elle a été autorisée à rentrer chez elle, après plusieurs jours d’hospitalisation, Jessica a choisi de séjourner quelques jours chez sa mère à Olivia, pas seulement pour que celle-ci l’assiste dans ses tâches quotidiennes, mais aussi pour qu’elle lui apporte du soutien moral lorsque son compagnon est au travail. Encore fragile, tant sur le plan physique qu’émotionnel, la quadragénaire a encore du mal à s’exprimer sur le malheur qui vient de la frapper. La layette et le berceau éparpillés dans la salle à manger lorsque nous la rencontrons, ce mardi 10 juin, ne font qu’alourdir son cœur de chagrin. Son compagnon Jonathan est tout aussi peiné. «Mo pa kone si nou'nn tro reve, nou'nn tro atann, nou pe viv enn veritab kosmar. Nou ti fini pare pou sa zanfan-la. Tou so bann zafer lamem, tou so bann linz fini pran, ti rest zis pou nou amenn tou Palmar. Nou ti pe res repete ki tou inn fini pare, ki ti res zis pou ki baba-la vini.» Le couple était loin de se douter de ce qui l’attendait puisque jusqu’au dernier moment, Jessica a eu une grossesse paisible et sereine.

La quadragénaire a fait son suivi médical à l’hôpital SAJ, où elle était encadrée par un spécialiste. Celui-ci avait estimé qu’elle mettrait au monde son enfant vers le 6 juin. Quatre jours avant la date initiale de son accouchement, soit le lundi 2 juin, Jessica s’était rendue à ce qui devait être son dernier rendez-vous médical. «Mo dokter pa ti la, monn bizin pas avek enn lot sa zour-la. Je lui ai expliqué que j’avais des pertes blanches et qu’elles me gênaient beaucoup. Il m’a dit qu’il procéderait d’abord à une échographie et qu’il m’examinerait ensuite», explique la quadragénaire. Le premier examen aurait révélé que le bébé était toujours en pleine forme. Après que le médecin a eu recours à un toucher vaginal cependant, Jessica a commencé à saigner. «Il m’a expliqué que c’était normal, que mon col avait commencé à se dilater et m’a recommandé l’admission immédiate.» Après sa première nuit à l’hôpital, elle a pu rencontrer son spécialiste. «Je lui ai expliqué que j’avais de légers saignements. On m’a fait des injections et on a procédé à un lavement. J’ai commencé à avoir de légères contractions. Les infirmiers m’ont demandé de les prévenir aussitôt qu’elles s’intensifieraient», dit-elle.

Contractions intenses

Le mercredi 4 juin, Jessica a à nouveau vu son spécialiste. «Lorsque je l’ai expliqué à mon médecin, il m’a dit que je pouvais rentrer à la maison et de ne revenir que lorsque mes contractions seraient plus intenses. J’ai insisté pour rester ; je ne comprenais pas pourquoi il me renvoyait chez moi, d’autant que mon col avait déjà commencé à se dilater. Linn dir mwa li konn so travay, ki mo bizin revini kan mo gagn plis douler, ou bien atann lindi pou ki donn mwa medsinn pou mo akouse.» Elle lui a donc fait confiance et a quitté l’hôpital aux alentours de 10 heures pour regagner son domicile. Ce n’est que dans la soirée que ses contractions se sont intensifiées et vers 23 heures, Jessica a demandé à son compagnon d’alerter le SAMU pour qu’il la conduise à l’hôpital. «En chemin, le médecin qui se trouvait à bord m’a examinée une nouvelle fois. Linn dir mwa rest 5 cm, inn dir mwa pa pouse ziska mo ariv lopital ek linn dir sofer-la degaze», relate la quadragénaire. Préoccupé, son compagnon dit avoir également questionné le médecin se trouvant à bord du véhicule et qu’il lui aurait assuré que «ou pou vinn papa-la, ankor enn ti pasians. Zame mo'nn imazine mo pou perdi».

C’est lorsqu’elle est arrivée à l’hôpital SAJ qu’elle a perdu les eaux, et juste après, la triste et douloureuse nouvelle est tombée. «Avant de me conduire au bloc, on m’a examinée une nouvelle fois, mais les infirmiers se sont rendu compte que le cœur du bébé avait déjà cessé de battre. Il n’y avait plus rien à faire», lâche tristement Jessica. Elle a dû patienter jusqu’à 4 heures du matin pour accoucher par voie naturelle de son bébé mort-né. Convaincue d’avoir été victime d’une négligence médicale, elle en a fait part au personnel, qui a alerté la police. «Bann-la finn dir mwa pou bizin fer enn lotopsi me mo misie inn refize. Linn dir zot ki nou pa pou kapav martiriz sa zanfan-la ankor parski linn ase soufer.» C’est de son lit d’hôpital, le jeudi 5 juin, qu’elle a fait sa déposition aux enquêteurs du poste de police de Belle-Mare. «Si dokter-la ti les mwa res lopital, pa ti pou ariv tousala. Avan mo kit lopital, mo zanfan ti ankor pe bouze dan mo vant», déplore-t-elle. Anéanti, Jonathan continue de s’interroger : «Si so kol ti fini koumans ouver, kouma inn kapav desid pou avoy li lakaz? Si sa dokter-la ti konn so travay, enn zafer koumsa pa ti pou arive.»

Le cœur en lambeaux, Jonathan lâche, amer : «Tous les rêves que nous avions sont tombés à l’eau. Toulezour, mo ti pe kares vant mo madam, koz avek mo tifi. Nous étions si heureux à l’idée de l’accueillir. Ena dimounn kapav panse ki nou finn port plint pou gagn kas, me nou pa bizin tousala. Tout l’argent du monde ne mous ramènera pas notre fille. Se enn sikatris ki nou pou garde a vi. Nou leker inn briz an mil morso. Nou zis le enn lazistis pou ki lezot fami pa pas dan mem zafer.» Le couple prévoit d’envoyer une correspondance au ministère de la Santé et au Medical Council en ce sens. Sollicité, un préposé du ministère nous a indiqué : «Nous avons été informés de ce cas ; nous avons également initié une enquête à notre niveau.»

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