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La commission anticorruption au cœur d’une tempête interne

2 novembre 2025

On se serait bien passé de cette scène-là! Voici donc la commission censée lutter contre la fraude et la corruption, qui crée la surprise en se retrouvant elle-même au cœur des critiques !

Alors que le public était aux premières loges pour assister aux allers-retours de plusieurs personnalités incriminées par cette plateforme, elle est, à son tour éclaboussée. Si jusqu’ici la Financial Crimes Commission (FCC) avait projeté une image plutôt crédible avec des interpellations ou arrestations parfois spectaculaires, elle se retrouve au cœur d’une affaire dont elle aurait pu faire l’économie.

De l’arrestation de l’ancien Premier ministre (Jugnauth) à celle de plusieurs hauts gradés de la police, en passant par l’ancien ministre des Finances (Padayachy) et l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice (Seegoolam), la FCC ressemblait à une plateforme indépendante, déterminée à mener des enquêtes dans un pays longtemps secoué par des soupcons de crimes financiers ! L’arrestation du leader du MSM accusé d’avoir conservé des valises d’argent liquide, avait été accueillie dans la rue par une explosion de joie et des pétarades. Car pour beaucoup, c’était le symbole d’un retour à la justice, d’une revanche du peuple face à un ancien chef perçu comme autoritaire, arrogant et dont le gouvernement fut gangréné par le népotisme, le copinage et le gaspillage de l’argent public.

La vague d’enquêtes s’était ensuite étendue à la police elle-même. Des cadres des Casernes Centrales, dont le chef inspecteur Jagai, furent interpellés et arrêtés sur toile de fond du scandale de «Reward Money» qui illustrait une nouvelle dérive en enfonçant la force policière dans la tourmente.

Les citoyens découvraient alors l’existence de fonds presque sans limite, officiellement destinés à récompenser les informateurs, mais dont l’usage aurait largement dévié de sa mission initiale. D’après les révélations, certains officiers auraient profité de ces caisses pour s’enrichir personnellement. Des retraits colossaux – atteignant parfois jusqu’à un million de roupies par jour, et cela à la veille des élections législatives – suscitent toujours de vives interrogations.

Toutes ces arrestations successives de ces personnalités, jusqu’ici intouchables, avaient renforcé le sentiment d’une FCC qui irait jusqu’au bout, indépendamment des statuts politiques, professionnels et sociaux.

Mais alors que le public s’impatientait de la suite au niveau des éventuels procès, verdicts et condamnations exemplaires, le scénario a brusquement pris une autre tournure.

Au lieu d’un dénouement, c’est une crise interne à la FCC qui a éclaté au grand jour. La démission d’un ancien commissaire (Fakim), suivie de son arrestation et des soupçons autour d’une rencontre secrète avec un protagoniste (Ravatomanga) lui-même visé par la FCC, a pris tout le monde de court. Du coup, on assiste à toutes sortes de manœuvres, les uns faisant avancer leurs agendas cachés, tandis que les autres en profitent pour régler leurs comptes avec la plateforme anti-corruption.

Remise en cause du mandat de Dawoodarry, directeur général par intérim de la FCC, par les avocats de Ravatomanga, réplique de la FCC qui affirme rester ferme dans sa mission tout en confirmant la nomination de Dawoodarry… Sans compter les commentaires de l’avocate Boolell (représentante légale de l’ancien commissaire Fakim) affirmant que son client n’a pas nié avoir rencontré l’homme d’affaires malgache dont il ignorait l’identité jusqu’au moment de la rencontre. Et l’avocate d’insister sur un point plutôt pertinent : que les lignes n’étaient pas claires entre la profession d’avocat de Fakim et son rôle de commissaire à la FCC : «Problem vinn depi FCC. Couma zot capav nomm bann dimoun ki pratik en privé….»

Et c’est ainsi que la FCC, censée incarner l’intégrité, montre une première fissure d’une institution nécessaire, provoquant un sentiment d’incompréhension aux yeux du public !

Les question qui interpellent : à qui profite la tempête interne qui secoue la FCC ? Qui a intérêt à ce que cette institution soit fragilisée, au moment même où elle commençait à inquiéter les puissants ? Une chose est sûre : la FCC n’avait vraiment pas besoin de ça. Et on se serait bien passé de cette scène-là !

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