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Par Michaëlla Seblin
7 septembre 2025 00:18
Est-ce que la décision prise par le commissaire de police de mettre fin au système de Reward Money suffira à enrayer l’érosion progressive d’une institution qui a perdu la confiance des citoyens ? Depuis plusieurs années, notre force policière traverse une crise de crédibilité marquée par une succession de scandales et de révélations effarantes. Ces dernières semaines, c’est à un spectacle affligeant de hauts gradés interpellés par la FCC que le public assiste. Une scène projetant une image dégradée d’une police dont le crédit s’effondre, creusant ainsi un fossé avec ceux qu’elle est censée protéger.
Certes, la grande majorité des policiers honore l’uniforme, accomplit le devoir attendu avec intégrité et courage, souvent dans des conditions précaires, doublées d’un manque criant d’équipements et d’effectifs. Mais une minorité, aux pratiques dignes d’une véritable mafia, s’emploie à salir l’ensemble de la corporation et à détruire sa crédibilité aux yeux du public.
On croyait pourtant avoir tout vu avec la mort de Kistnen, véritable électrochoc marquant un tournant dans la conscience collective. Cette affaire, où un assassinat fut d’abord rapidement présenté comme un suicide, révéla des manquements graves dans une enquête policière (volontairement ?) bâclée. Le rapport accablant de la magistrate Mungroo-Juggurnauth, dénonçant un «new level of incompetence», reste gravé dans les mémoires. Cette gestion désastreuse avait alors renforcé l’idée qu’une partie de la police n’hésite pas à manipuler les faits ou à travestir la vérité, donnant ainsi l’image d’une institution soumise à des influences douteuses, où la protection de certains puissants prime sur la quête de justice.
Doit-on revenir sur les polémiques entourant des saisies de drogue menées par la défunte Special Striking Team (SST), où les accusations de «planting» ont ébranlé la confiance de la population ? Quand une force censée protéger et faire respecter la loi se retrouve au coeur du soupçon dans ce genre d’affaire, c’est toute son impartialité qui est remise en cause.
Mais le scandale actuel autour du Reward Money illustre une nouvelle dérive et enfonce davantage l’institution policière dans la tourmente. Le public, stupéfait, découvre l’existence de fonds quasi illimités, censés récompenser des informateurs, mais utilisés de manière abusive. Selon les révélations, certains officiers n’auraient, semble-t-il, pas hésité à s’enrichir personnellement grâce à ces caisses occultes. Des retraits faramineux – parfois jusqu’à Rs 1 million par jour, et cela à quelques jours des élections législatives – soulèvent des interrogations légitimes. Comment un tel système a-t-il pu prospérer sans réel contrôle ? Quels mécanismes de vérification existaient pour encadrer de telles dépenses ?
Ces pratiques révoltent d’autant plus qu’elles concernent l’argent des contribuables. Tandis que le citoyen ordinaire peine toute une vie à rembourser de modestes prêts, certains auraient, en toute impunité, détourné des sommes astronomiques.
À l’heure où des cadres en uniformes défilent devant les enquêteurs de la FCC ou passent leurs nuits en cellule, le public se demande jusqu’où s’étend ce réseau de détournements. Les allégations de corruption atteignent même des proches de hauts gradés des Casernes centrales. S’agit-il seulement d’un scandale interne à la police, ou existe-t-il des ramifications politiques, des complicités qui ont entretenu ce système et en ont profité ? Comment de telles sommes ont-elles pu circuler sans que certains responsables politiques n’en soient informés ?
C’est dans ce climat malsain que le commissaire de police a pris la décision de mettre fin au système de Reward Money. Un geste fort, certes, mais qui ne peut suffire à lui seul. Car il ne s’agit non seulement d’arrêter ce mécanisme mais de le voir comme le premier pas d’une réorganisation nécessaire.
Reste donc à savoir si nos dirigeants de l’Alliance du Changement saisiront cette opportunité pour réclamer des comptes. Le citoyen, lui, s’attend à ce que les coupables – une fois identifiés – soient punis afin que l’institution policière ne poursuive pas sa descente dans l’abîme !
La police doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une force au service du peuple, et non une machine d’enrichissement personnel. Est-ce que la fin du Reward Money suffira à enrayer l’érosion de cette institution ?
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